Sous Macky Sall, la transformation structurelle de l’économie n’a pas eu lieu

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Dans son dernier message de fin d’année à la nation sénégalaise prononcé, ce 31 décembre 2023, le président Macky Sall a fait ses adieux au peuple. Dans son discours, il s’est particulièrement appesanti sur son bilan durant ces 12 dernières années. Sur le plan économique, Macky Sall avait promis une transformation structurelle de l’économie sénégalaise à travers le Plan Sénégal émergent. Mais à l’heure du bilan, force est de reconnaître qu’il a échoué sur ce point. Macky Sall n’a pas réussi la transformation structurelle de l’économie sénégalaise.

Pour apprécier ses performances économiques, il suffit de laisser la parole à l’intéressé. En plus d’un taux de croissance régulièrement au-dessus de 6% avant la pandémie de COVID-19, (9,2% prévu en 2024 avec l’exploitation du pétrole et du gaz), il y a un budget de 7003 milliards en 2024 contre 2344 milliards en 2012. Pour le reste, c’est essentiellement des routes.
 
« En 2012, notre linéaire routier était de 1500 km contre 2900 en 2023. De 32 km d’autoroutes, nous en sommes à 189, et bientôt 500 Km, à la fin des chantiers Mbour-Fatick-Kaolack, et Dakar-Tivaouane-Saint-Louis », liste-t-il. A cela s’ajoute la deuxième phase du Ter, le Brt à inaugurer en janvier, les 370 nouveaux bus de Dakar Dem dikk.
 
Bref, le bilan du président Macky Sall, c’est davantage de l’infrastructure. Particulièrement les infrastructures de transport. Si cette partie était imputée de son bilan, il n’en resterait pas grand-chose. C’est pourquoi d’ailleurs, Macky Sall, faisant toujours son bilan, parle des stades, des hôpitaux, des universités, des centrales électriques. Toutes choses essentielles pour le développement d’un pays. Apprécié sous l’angle des infrastructures, le bilan est fort louable.
 
Infrastructures routières n’est pas transformation de l’économie   
 
Cependant, dans un pays comme le Sénégal, pour transformer l’économie, c’est d’abord le secteur primaire, notamment l’agriculture au sens large du terme qui fournit la matière, puis l’industrialisation qui assure la transformation du produit brut. Sur ces points, Macky Sall est resté évasif, voire silencieux. Parlant de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, il n’a pas donné un seul chiffre, se contentant de souligner que « le budget a plus que doublé entre 2012 et 2023 » pour l’agriculture. Par contre, aucun chiffre sur l’élevage et la pêche et un silence total sur l’industrialisation.
 
Et c’est là où les non-dits méritent d’être soulignés. Quel était le niveau d’importation des produits alimentaires du Sénégal en 2012 ? Quel est aujourd’hui le volume de riz, de farine, de sucre, de lait, d’oignon, de pomme de terre importé par le Sénégal en 2023 ? La comparaison serait édifiante.
 
Quelle est la variation des importations des intrants agricoles (machines, engrais, pesticide…) entre 2012 et maintenant ? Quelle est la  part de la  production transformée au pays ? Voilà les indicateurs qui permettent d’évaluer les transformations en matière agricole, il ne s’agit pas uniquement de production annuelle. Du côté de l’élevage, c’est la quantité de viande importée, les moutons de tabaski, le volume d’importation du lait…
 
Diamniadio, une plateforme à industrialiser
 
Mais tout cela est lié à un point essentiel : l’industrialisation. Si les machines de transformation ne suivent pas derrière, la récolte ne vaut pas grand-chose. Or, l’échec est total sur ce point. Nous sommes en pleine campagne de commercialisation de l’arachide, la situation de la Sonacos et des autres huileries est assez éloquente à ce sujet.
 
Que ce soit le mil, l’anacarde, le riz…, la transformation est davantage l’affaire des GIE et des petites unités. Et les capacités de stockage quasi inexistantes, ce qui explique des pénuries sévères sur des denrées dont la production annuelle est supérieure aux besoins de consommation du pays. Dans ces conditions, inutile de penser à des réserves de sécurité.
 
Dans d’autres domaines, hors agriculture, la situation est presque la même. Le textile n’a pas réussi sa relance, on attend encore les usines de transformation des peaux de bêtes. Certes, il y a des réussites et de l’espoir comme les Ics, les Nsts, l’unité de vinaigre de la Sonacos…
 
Dans le domaine de l’automobile, le résultat reste mitigé, malgré la multiplication des usines (CCBM, Senbus, Seniran). A peine 2000 véhicules sur des années pour une capacité qui peut atteindre 10 000 unités l’an.
 
A ce jour, le parc, la plateforme ou la zone industrielle (c’est selon) de Diamniadio, n’a pas fait du Sénégal un pays en voie d’industrialisation. En 2022, le parc comptait 26 entreprises, selon le ministre Moustapha Diop. Bref, il reste encore du chemin pour le futur président, si tant est qu’il voudra une transformation structurelle de l’économie.
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