Le marteau de Sonko et l’enclume de Domingo Par Babacar Justin Ndiaye

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La large victoire du PAIGC (Parti historique et opposition imposante en Guinée-Bissau) enfle inévitablement les soucis du Président Macky Sall déjà cloué dans la fournaise politique du tumultueux mois de juin.

En effet, le leader du PAIGC, Domingo Simoēs Pereira, reste toujours le nationaliste farouche et, surtout, le responsable bissau-guinéen le moins commode – c’est un euphémisme – dans les rapports entre son pays et le Sénégal. Bref, il est l’anti-Embalo.

Au demeurant, l’analyse du triomphe législatif du PAIGC fort de ses 54 sièges et le décryptage de la défaite du MADEM (coalition rassemblée autour du Président Embalo Sissoko et punie par les électeurs) mettent en exergue les difficultés structurelles de l’agriculture en Guinée-Bissau et, par ricochet, mouillent le très proche voisin sénégalais dont le rôle escompté et même recherché dans la commercialisation de la noix d’acajou, pouvait sauver la majorité présidentielle du naufrage électoral nettement illustré par les 29 sièges.

D’après nos informations, environ 50 000 tonnes de noix d’acajou n’ont été ni écoulées ni exportées. Ce qui a vite fait le lit du mécontentement des misérables paysans et instantanément amplifié le fiasco électoral des amis et alliés politiques du Président Embalo Sissoko et de son Premier ministre Nuno Gomes Nabian.

À propos de la mévente catastrophique de la récolte d’acajou, on apprend dans les milieux proches de la galaxie présidentielle à Bissau, que des discussions ont été presque bouclées entre le Ministre de l’Agriculture, Aly Ngouille Ndiaye, et son collègue bissau-guinéen Bothié Kandé. Par ailleurs deux amis qui furent Ministres de l’Intérieur respectivement au Sénégal et en Guinée-Bissau durant la même période.

Il semble que cette négociation en vue du sauvetage économique et politique poursuivie jusqu’au mois de janvier 2023 a échoué in extremis du fait des lourdeurs bureaucratiques de la Guinée-Bissau. Mais, aussi, d’une certaine fierté à fleur de peau au sein de la haute administration. Cette dernière ayant finalement opté pour l’acheminement par la voie maritime, en réponse à la proposition sénégalaise du transport par la route. Pourtant nos sources renseignent que le Sénégal était prêt à tout acheter, avec les taxes incluses dans la structure du prix.

L’échec patent du Président Embalo et la percée fulgurante de l’opposant Domingo ont donné, d’ores et déjà, le coup d’envoi aux tractations. Maitre réel du jeu et titulaire potentiel de l’Exécutif gouvernemental par l’arithmétique parlementaire, Domingo Simoēs contacte et séduit ouvertement tous azimuts dans l’optique de dominer davantage l’Assemblée nationale.

Selon nos sources, il (Domingo) pourrait proposer le chef du Parti des Travailleurs de Guinée-Bissau (PTG) et actuel Ministre l’Agriculture au Président Embalo, pour diriger le gouvernement de la république. Un mariage politique et institutionnel qui mettrait les 6 députés du PTG dans l’escarcelle du PAIGC. Même le PRS de feu Koumba Yalla est courtisé par Domingo Simoēs Pereira.

Ii va sans dire que cette hégémonie en gestation du PAIG sur la vie politique en Guinée-Bissau assombrit l’horizon au Sud du Sénégal. Le chef du PAIGC ayant toujours déclaré et répété que la délimitation grossière des frontières à la hauteur du Cap-Roxo, tout comme le partage des gisements de pétrole dans les eaux mêlées de Casamance et de Guinée-Bissau, ne croisait pas son assentiment.

D’où un bras de fer en perspective que la prospective politique et sécuritaire devra prendre en charge par anticipation. Car Domingo Simoēs Pereira possède des atouts, des cartes et des leviers. Longtemps Secrétaire général de la Communauté des Pays de langue Portugaise à Lisbonne (CPLP), il détient un carnet d’adresses couvrant un large spectre d’amitiés solides.

Un arc-en-ciel de relations étroites qui va du Brésil au Timor Oriental, en passant par l’Angola dont le Président Jaō Lourenço (pour une sérieuse affaire qui n’a pas sa place dans cet article) reste un fidèle ami de Domingo. Et c’est précisément dans la panoplie des leviers disponibles que figure le MFDC. Une carte non créée par Domingo mais souvent rangée et jamais déchirée par les dirigeants successifs de la Guinée-Bissau depuis le Président Nino Vieira et à l’exception du Président Embalo Sissoko..

La nouvelle donne en Guinée-Bissau apparaît donc au moment où l’opposant en chef Ousmane Sonko tient le haut du pavé et remplit voire bouche tout l’horizon politique du Sénégal. Une coïncidence qui convoque l’image du marteau lourd à l’intérieur du pays et celle de l’enclume chaude à la frontière Sud du Sénégal.

Entre marteau et enclume, se trouve le Président Macky Sall qui tient le gouvernail de SUNUGAL dans une mer démontée, à l’heure où la météo politique diffuse un avis de tempête en signalant tantôt une force spéciale, tantôt une force occulte, tantôt une force fantôme et bientôt deux forces négatives en collusion : le PAIGC et le MFDC.

Par Babacar Justin Ndiaye

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