[Journée mondiale du coeur] Pr Abdoul Kane : “Toutes les régions auront un cardiologue à partir du 1er janvier”

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Dans un entretien accordé à Seneweb, le Pr Abdoul Kane, chef du Service de cardiologie de l’hôpital Dalal Jamm, fait état des lieux de la cardiologie au Sénégal.

LES DÉFIS DE LA CARDIOLOGIE

“C’est vrai qu’il y a beaucoup de défis parce que les maladies cardiovasculaires représentent la première cause de décès au monde mais aussi dans notre pays. Les défis sont grands et la cardiologie est une discipline complexe puisqu’ elle associe beaucoup de choses et nécessite une technologie de pointe. Mais depuis une dizaine d’années, le Sénégal a un plateau technique qui permet de faire face à ces différents défis. Le Sénégal a pu promouvoir la formation de spécialistes ce que nous appelons des sous spécialistes puisqu’il y a des collègues qui vont dans des spécialités plus avancées dans la technologie. Nous commençons à avoir des infrastructures, des ressources humaines de qualité en chirurgie cardiaque et en cardiologie médicale. Nous avons une politique de décentralisation qui commence et il en faut encore plus mais les défis sont nombreux. Je pense que nous sommes sur la bonne voie avec l’aide des autorités, nous devrions pouvoir être une discipline phare sur le continent de manière générale pour permettre aux populations d’être prises en charge correctement.”

RATIO DE CARDIOLOGUES

“La plupart de nos régions disposent de cardiologues. Mais un ou deux cardiologues ne suffisent pas. Ce que nous essayons, c’est d’accroître les spécialistes par la formation, ce qui est en train d’être fait au niveau du DES de cardiologie. Il est aussi important de travailler à un meilleur équipement de ces cardiologues. Il y a un plaidoyer à mener auprès de l’Etat du Sénégal. Nous devons aussi penser aux malades qui ne seront pas pris en charge par les cardiologues. Aujourd’hui la Sosecar organise des caravanes dans toutes les régions du Sénégal pour renforcer les capacités des médecins généralistes pour qu’ils participent à cela. On renforce aussi nos infirmiers. Nous avons démarré cette année pour nos infirmières spécialisées afin d’avoir une cohorte d’infirmiers qui vont pouvoir dans nos hôpitaux participer à la prise en charge de plus en plus complexe mais également en périphérie et dans les régions.

Il n’y avait qu’une région qui n’avait pas de cardiologue. Mais la bonne nouvelle, toutes les régions seront couvertes à partir du 1er janvier. D’ailleurs l’un de nos objectifs, c’était de suppléer l’absence d’un médecin qui était parti en formation dans une des régions du Sénégal. Mais tous ces médecins seront remplacés et en principe on devrait considérer que toutes les régions du Sénégal disposent au moins d’un cardiologue. Le Sénégal compte 150 cardiologues. Je peux dire que c’est le plus grand ratio de la région ouest africaine et du centre. Mais cela est clair que ce n’est pas suffisant. Puisque nous avons formé plus de 300 cardiologues depuis notre existence. Dakar c’est aussi une école de formation pour toute l’Afrique et au-delà. Donc nous sommes environ 160. On va considérer que 20 à 30% exercent dans les régions. Il va falloir corriger tout cela et renforcer. Mais ce nombre qui n’est pas encore suffisant reste le meilleur ratio notamment dans notre sous-région.”

La cardiologie connectée

“On sait tous aujourd’hui que nous avons besoin des outils de la communication moderne pour mieux prendre en charge nos patients, a expliqué le docteur Abdoul Kane. Il est possible d’être dans une région qui ne dispose ni de cardiologue, ni de médecin mais et parfaitement faire un examen, faire un électrocardiogramme et l’envoyer aux spécialistes. Ceci peut permettre aujourd’hui un suivi à distance de patients. La pandémie de la Covid a permis de faire d’éducation thérapeutique et de rééducation fonctionnelle par zoom tout simplement. Il ne fallait pas créer de la promiscuité dans les hôpitaux surtout lorsque la pandémie a eu cet essor et grâce à cette cardiologie connectée des discussions à distance avec les patients comme dans une salle virtuelle où les gens sont dans leur salon, dans leur jardin tout en effectuant des séances thérapeutiques, des séances de réadaptation cardiaque disponibles dans les différents hôpitaux. La cardiologie connectée et ses différents outils peuvent permettre non seulement d’améliorer les méthodes d’enseignement, mais aussi les méthodes d’éducation thérapeutique de communication avec les patients. Et cela permet d’assurer la continuité des soins sans que les gens ne soient obligés de se déplacer. Cela va aussi permettre de former et de renforcer les capacités des acteurs de la santé. Parce qu’avec la technologie je peux faire de la cardiologie en restant à Dakar mais en traitant les patients de Tambacounda grâce à leurs infirmiers et médecins généralistes” .

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