[Focus] L’accès à l’eau, une pathologie sociale à Sédhiou

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A l’image de beaucoup de contrées du Sénégal, trouver de l’eau dans certains villages de la région de Sédhiou est souvent une entreprise périlleuse. C’est une véritable pathologie sociale que les populations vivent à chercher le liquide précieux. Si dans certaines communes rurales on se paie le luxe de disposer d’eau de forage, dans d’autres, on ne se contente difficilement que de l’eau de puits.

C’est le cas du village religieux de Dioghere situé dans la commune de Sansamba (département de Sédhiou). Dans cette partie du Diassing (partie ouest de Sédhiou), l’eau est une denrée rare. Les moteurs de l’unique forage du village de Kamoya qui alimentent Dioghere sont souvent au point mort, faute de carburant. Les recettes Issues des factures mensuelles seraient insuffisantes pour la prise en charge des besoins en comestible.
Aussi, ces populations restent-elles souvent plus d’un mois sans eau courante. Les nappes phréatiques des puits villageois sont approfondies si elles ne tarissent pas en cette période de forte canicule.
Ce manque d’eau en zone rurale tue toutes les activités économiques tels que le maraîchage, la vente d’eau dans les loumas et remet en cause la santé des populations.

Mamadou Seydi, l’un des notables du village explique que  »faute d’eau courante, nos femmes se rabattent sur les puits. Des puits sans hygiène puisqu’ils ne sont ni surveillés ni protégés. Les oiseaux et les insectes y meurent. Et souvent, si nous consommons cette eau, ce sont des diarrhées collectives ou des maux de ventre qui tourmentent les habitants ».

Les femmes, principales victimes de ce manque d’eau, se plaignent d’abord des longues distances à parcourir entre les domiciles et les points d’eau. Ensuite, les besoins en eau par jour dans de pareilles conditions, constituent pour les femmes de cette localité un véritable chemin de Croix. Enfin, elles n’ont aucune autre possibilité de faire face à la précarité sociale vu qu’elles ne peuvent développer des activités génératrices de revenus.

Cette triste réalité est perceptible dans la quasi-totalité des contrées rurales des trois départements de la région. Dans le Bounkiling, c’est la profondeur de la nappe phréatique qui effraie. Les paumes des femmes sont rugueuses à cause du temps qu’elles mettent à tirer de l’eau dans des puits de 45 mètres de profondeur. Dans le département de Goudomp, ce sont les bidons jaunes de 20 litres qui ornent les couloirs des maisons. Les femmes et les hommes les utilisent pour des réserves d’eau en cas de coupure. C’est dire que les autorités ont encore des priorités en matière d’accès à l’eau à Sédhiou.

Peut-être les conclusions et recommandations qui seront issues du forum mondial de l’eau iront dans le sens de résoudre fracture sociale.

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