Faible représentation des femmes dans le gouvernement : Entre indignation sélective, réveil tardif et silence opportuniste

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Dans le concert d’indignation ayant suivi la publication du gouvernement, des voix fortes comme celles du professeur Amsatou Sow Sidibé ou de l’ancienne PM Aminata Touré, n’ont pas été entendues. On s’interroge aussi sur l’attitude du collectif signataire de la Déclaration des 250, au sujet de la candidature d’Anta Babacar Ngom.

Dès la publication du gouvernement dirigé par le Premier ministre Ousmane Sonko, une clameur d’indignation s’en est suivie. Nombre de ténors des associations féminines et même de leaders hommes de la société civile, ont exprimé leur désapprobation vis-à-vis de l’attelage gouvernemental. Tous se sont rués sur la faible représentation féminine. Au total, il y a quatre femmes sur un gouvernement de 30 membres. Trop faible, pour nombre de femmes indignées. Dans une tribune signée par plus de 250 personnalités, un collectif des citoyennes pour le respect et la préservation des droits des femmes, a fustigé la faible représentation de ces dernières dans le nouveau gouvernement du président de la République, Bassirou Diomaye Faye.

“Outre la faible représentativité des femmes”, les membres du collectif se disent “circonspects sur le remplacement du Ministère de la Femme, de la Famille et de la Protection des enfants par le Ministère de la Famille et des Solidarités”. “L’emphase portée sur les femmes et les enfants soulignait précisément, l’urgence d’élaborer des politiques publiques destinées à mettre fin aux inégalités de genre (économiques, éducatives, sanitaires, politiques, foncières, etc.) et à améliorer les conditions de vie de celles qui demeurent encore les plus vulnérables à la pauvreté et à la violence, et sur qui, reposent toujours la charge du soin des plus petits et des plus âgés”, précisent les signataires.

« Seneweb » vous propose l’intégralité de la tribune. “C’est au nom de ce même combat, en tant qu’organisations, personnalités indépendantes et collectif de citoyennes soucieux du respect et de la préservation des droits des femmes, que nous alertons sur la nécessité d’une gouvernance démocratique inclusive, avec une représentativité substantielle des femmes aux sphères de décisions publiques. La liste des membres du premier gouvernement, parue ce 5 avril 2024, laisse très peu de place aux femmes.

Sur 25 ministres, 5 secrétaires d’État, et 4 membres du cabinet du chef d’État, soit 34 postes, seules quatre femmes sont présentes. Cette inqualifiable sous représentation induit une perte intolérable d’intelligences et de visions, que seuls le pluralisme et l’inclusion permettent de garantir. Il n’y a aucun secteur dans lequel on ne trouve des femmes qui allient compétence, expérience et dévouement de premier ordre”, peut-on lire dans la déclaration rendue publique le 7 avril dernier.

“(…) Nous demandons que cette erreur de départ soit rectifiée par la nomination de femmes dans les directions nationales et les instances administratives. De surcroît, nous demandons le renforcement des cellules Genre déjà présentes au niveau des différents ministères, pour une mise en œuvre transversale de la Stratégie Nationale d’Équité et d’Égalité de Genre (SNEEG), en collaboration avec la Direction de l’équité et l’égalité de genre (Deeg) et le Programme d’appui à la stratégie d’équité et d’égalité de genre (pasneeg)”, exige ce collectif.

Dans cette clameur d’indignation, le silence de deux poids lourds, reste assourdissant. L’ancienne Première ministre, Aminata Touré et la présidente de Car/Lenen, sont restées discrètes. Toutes les deux n’ont pas signé la déclaration du Collectif des 250 personnalités, qui s’est indigné de la faible représentation des femmes dans le gouvernement dirigé par le PM Ousmane Sonko. Pourtant, Mme Aminata Touré s’est distinguée dans un passé relativement récent, par son leadership féminin. Ministre de la Justice en 2012, au lendemain de l’accession de Macky Sall à la magistrature suprême, Aminata Touré s’est attirée la sympathie de nombre de ses compatriotes par sa fermeté dans la conduite du procès de Karim Wade.

Cet engagement lui a, sans doute, valu d’être propulsée à la Primature. Candidate à la mairie de Grand-Yoff, elle s’est inclinée, les armes à la main, face à un Khalifa Ababacar Sall, au sommet de sa popularité. Revenue aux affaires après une traversée du désert, Aminata Touré est nommée présidente du Conseil économique, social et environnemental. C’est elle qui a dirigé la liste de la majorité présidentielle Benno Bokk Yakaar aux Législatives de juillet 2022. Candidate à la dernière Présidentielle, Mimi Touré a été recalée à l’étape du parrainage. Nombreux sont ceux qui croient que les tenants du pouvoir, prédestinent Aminata Touré à une position institutionnelle d’envergure.

Le professeur Amsatou Sow Sidibé est la première agrégée de droit du Sénégal. Fondatrice de Car/Lenen, elle incarne une figure emblématique dans l’émancipation des femmes au Sénégal. L’implication subite de Marie Angélique Savané dans cette affaire de sous représentation des femmes dans le gouvernement, en a surpris plus d’un. Figure de proue de la bataille pour l’émancipation de la femme en Afrique, Marie Angélique était depuis bien des mois, plongée dans un silence quasi-total. Elle est revenue sur l’espace public lors de la dernière convocation, par Macky Sall, du dialogue politique controversé, qui permit de réhabiliter Karim Wade et Khalifa Sall.

D’après le journal « Point Actu », le silence de ces deux femmes pose problème. Il en est ainsi du silence du Collectif des 250 signataires de la Déclaration, lorsque la seule dame de la dernière Présidentielle, Anta Babacar Ngom, s’est jetée dans la course. Ces silences donnent à penser que les femmes ne s’agitent que pour capter des fonds, car nombre d’occasions pour exprimer leur position, se sont présentées sans qu’on les entende.

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