Chavirement d’une pirogue en partance pour l’Espagne : 52 morts, Tefess, un quartier de Mbour paie le plus lourd tribut

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A Tefess, quartier populeux des pêcheurs d’ordinaire bruyant, vit dans une ambiance de deuil. Il y a quelques jours, une pirogue qui avait pris départ à la plage de Mbour a chaviré sur le chemin de l’Espagne. Elle avait à son bord une soixantaine de candidats à l’émigration. Bilan : 52 morts.

Mor Kane, un septuagénaire, est abattu par la mort de son neveu et homonyme, Mor Diop. «Son père m’a confié l’organisation de ses funérailles que nous allons faire le samedi. Il n’avait que quinze ans. Il n’est pas venu me dire qu’il allait partir. Je le lui aurais déconseillé. Je suis contre l’émigration irrégulière et j’ai réussi à dissuader beaucoup à ne pas s’y engager», a-t-il dit.

«Le voyage, c’est quelque chose d’humain. J’ai des enfants à l’extérieur et je prie pour eux. Moi-même, je viens de Ngaye. Cependant, je pense que l’émigration fait plus de mal que de bien», ajoute-t-il.

«J’ai perdu un neveu qui a laissé une épouse et des enfants»

La pêche artisanale est en crise, les ressources halieutiques se font rares. Les pêcheurs sont réduits au chômage et ne voient que l’émigration comme solution. Ils sont tentés par des images que leur envoient leurs amis qui ont réussi à se trouver du travail. C’est la traite des organisateurs de voyages irréguliers, le ‘’teugg gaal’’(tontine de pirogue) qui est la racine du mal.

«J’ai perdu un de mes neveux, c’est le fils de mon frère. C’est le samedi qu’on va faire les funérailles. Il a laissé une épouse et des enfants. Il y a beaucoup de morts à Tefess et je viens d’apprendre que deux jeunes hospitalisés en Espagne ont finalement rendu l’âme. C’est vraiment dur. Moi, je pense que ce sont les organisateurs de ces voyages qui sont fautifs parce que les conditions météorologiques ne sont pas favorables. Le temps est mauvais. Tout ce qui intéresse ces gens, c’est l’argent», confie Babacar Diop.

Quant à la dame Diarra Faye, elle a pleuré son enfant jusqu’à ce qu’elle apprenne qu’il a survécu à cette tragédie et qu’il est en soins dans un hôpital en Espagne.

«Il n’a que 19 ans. C’est qui, peut-être, l’a sauvé c’est qu’il sait bien nager. Bara est un cousin à moi. Depuis que j’ai appris la nouvelle du chavirement de cette pirogue, je pense à lui. Chaque chavirement de pirogue et chaque mort annoncée me rappelle mon défunt mari qui m’a laissé deux enfants que j’éprouve de la peine à entretenir», a dit une jeune veuve, victime de ce phénomène de l’émigration irrégulière.
Bes Bi

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