Affaire Sonko : L’Etat toujours frileux

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Aujourd’hui est jour de vérité pour Ousmane Sonko. La Cour suprême va rendre son jugement pour confirmer ou infirmer le verdict du tribunal de grande instance de Ziguinchor qui a demandé sa réintégration sur les listes électorales. On saura donc si le leader du Pastef aura encore la chance d’aller à la présidentielle de 2024 ou est-ce qu’il sera définitivement écarté de la course au fauteuil présidentiel tant convoité (plus de 200 candidats déclarés).
 
Du côté de l’Etat du Sénégal, on ne semble pas afficher beaucoup de sérénité, malgré le changement de contexte. Le préfet de Dakar a, comme à l’accoutumée, interdit la circulation des motos de 6h du matin à minuit. Son patron, le gouverneur de la région, lui, a interdit, comme toujours, la vente au détail du carburant. La société publique Dakar Dem dikk a suspendu toutes ses rotations, que ce soit dans l’urbain ou dans l’interurbain.
 

Cet ensemble de décisions indiquent que l’Etat continue de craindre Ousmane Sonko. Ce dernier est pourtant en prison et pas au meilleur de sa forme. Mais apparemment, même affaibli sur le plan physique (grève de la faim) et transféré de Sébikotane au Cap Manuel, l’opposant est toujours perçu par le régime comme une menace.

Pourtant, le contexte a bien changé. Sonko a été envoyé en prison, sans aucune manifestation ou presque, ce qui reste d’ailleurs un mystère pour beaucoup de Sénégalais si l’on sait combien ses partisans étaient déterminés. Depuis lors, l’opposition est devenue amorphe. Yewwi a éclaté avec le départ de Taxawu Sénégal accusé de trahison pour avoir permis à Macky Sall d’éliminer Sonko.
 
Les autres leaders qui restent n’arrivent pas à drainer les foules. Même les concerts de casseroles auxquels les Sénégalais ont été conviés ont été beaucoup plus des concerts de résignation, sinon d’indifférence, bref, des concerts de silence.  Pastef a voulu changer de stratégie en appelant ses partisans à des manifestations dans les carrefours, chacun dans son quartier du 14 au 17, jour de verdict. Mais là aussi, ç’a été un flop.
 

En vérité, les Sénégalais semblent se résigner, la jeunesse en particulier. Ils vont sans doute attendre le scrutin pour trancher. Du moins ceux qui seront encore au Sénégal, car d’ici là, certains seront déjà en Europe ou en Amérique, d’autres engloutis par l’Océan atlantique, si ce n’est le désert ou autres endroits dangereux à traverser sur les routes de l’immigration clandestine.

Malgré ce contexte, l’Etat reste frileux, quitte à ralentir l’économie du pays si l’on sait la part que Dakar représente dans l’activité de production. Ici, ce sont plutôt les citoyens qui ont fait preuve de sérénité et de lucidité dans l’appréciation des choses. Dans des jours pareils, les Dakarois préféraient rester à la maison de peur de sortir. Aujourd’hui par contre, ils sont bien sortis et se sont rendus à leur lieu de travail. Ce ne sont pas tous évidemment, la circulation indique bien qu’il y en a qui manquent à l’appel.
 
Mais la majorité a sans doute pris le chemin habituel. L’Etat devrait peut-être prendre exemple sur eux, ne pas installer inutilement la psychose et encourager ainsi les travailleurs à se rendre tranquillement à leur lieu de travail. Après tout, c’est cela aussi le maintien de l’ordre et la preuve d’une situation maîtrisée. 
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