[Le carnet d’Adama] Muscle ton jeu, Karim !…La CAN, c’était mieux avant… (Par Adama Ndiaye)

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Karim Wade a-t-il vraiment l’étoffe d’un présidentiable ? Si on jette un petit regard sur cv, on peut dire oui – même si là aussi on peut émettre quelques bémols, il n’était pas surnommé le fiston à piston pour rien- : ministre d’État à la tête de plusieurs départements entre 2009 et 2012, leader d’un parti politique historique, qui est un des fer de lance de l’opposition parlementaire, fils d’un ex président, Abdoulaye Wade, pour qui les Sénégalais dans leur grande majorité éprouvent une certaine affection et même de la nostalgie.

Toutefois, en termes de tempérament, de force de caractère, de charisme, de leadership voire de courage, qualités essentielles pour conquérir le suffrage de ses compatriotes, M. Wade est loin du compte.

Tout d’abord son absence du territoire sénégalais, alors qu’il a été amnistié et que l’assemblée lui a offert un cadeau en le ramenant dans le jeu électoral, demeure un mystère. Certains mauvais esprits l’ont surnommé le “candidat en télétravail”. Ses partisans jurent que son retour est imminent, le siège du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) sur la VDN s’est refait une petite beauté, tous les sopistes attendent le retour de l’enfant prodigue, mais ce dernier persiste dans son exil doré au Qatar, se rappelant au souvenir de ses partisans lors des grandes occasions (Tabaski, Korité, nécrologie) ou pour commenter l’actualité de temps à autre.

Mais le véritable talon d’Achille de l’ancien ministre des Infrastructures reste son tempérament, son côté candide illustré par son tweet adressé au candidat Thierno Alassane Sall, qui a enclenché une procédure pour invalider sa candidature à la présidentielle sur fond de double nationalité franco-sénégalaise.

Le ton de ce message montre que M. Wade n’est pas préparé aux joutes électorales.  On imagine mal, par exemple, son père réagir ainsi dans la même situation.À Karim Wade, on a envie de donner le même conseil que Aimé Jacquet, entraîneur de l’équipe de France, championne du monde en 1998, adressa à Robert Pires : “Muscle ton jeu Karim !”.  D’autant plus  que pour reprendre un formule de Yoro Dia, la scène politique sénégalaise n’est plus une “aristocratie d’orateurs mais une arène de gladiateurs”.

Le déclin de la CANSans jouer les réactionnaires ou les nostalgiques, reconnaissons que la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), c’était mieux avant.  À part le but spectaculaire du prodige sénégalais, Lamine Camara, les occasions de vibrer et de se régaler durant cette compétition en Côte d’Ivoire, se font rares.  Cette tendance s’accentue au fil des dernières éditions. Deux facteurs expliquent cette baisse de la qualité, à mon humble avis.

Tout d’abord le passage de 16 à 24 équipes.  La Confédération Africaine de Football (CAF) a tendance à imiter tout ce que fait l’Union des associations européennes de football (UEFA). Tout comme pour l’Euro, le souhait de démocratiser la compétition a appauvri le spectacle. Ce qui donne parfois des matchs d’un niveau technique affligeant.

L’autre souci majeur est le talent intrinsèque des joueurs africains, qui n’ont plus ce côté fantaisiste d’antan. À ce propos, l’évolution du Ghana et du Nigéria me semble révélatrice. Ces deux nations nous enchantaient dans les années 90 et jusqu’au début des années 2000 par leur capacité à produire des dribbleurs et des joueurs explosifs. Désormais, elles ne produisent le plus souvent que des joueurs athlétiques très loin du niveau des Okocha, Abedi Pelé, et autres.

À force de se calquer sur le modèle européen, le football africain s’est aseptisé, et le phénomène semble irréversible.

 
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