Réduction des prix : Pourquoi l’idée est actuellement inopérante ? (Par Abdou Lahad Diakhate)

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S’il est vrai que les promesses sont faites pour être respectées, celle-ci ne devrait surtout pas en faire partie, du moins pas dans les circonstances actuelles. En réalité si notre pays refusait de s’adapter prudemment au contexte actuel, nos indicateurs macroéconomiques risqueraient de dévier dangereusement de leurs trajectoires cibles. D’abord du fait d’un contexte interne marqué par un retard flagrant de la production annoncée de l’exploitation de nos ressources naturelles, coïncidant avec une délicate situation imposée par le refus des pays du G7 de financer les futurs projets amonts (neutralité carbone horizon 2050).

Autre tour de vis, toujours consacrant la dépendance de notre économie au marché mondial des énergies fossiles, les tensions déjà perceptibles sur l’approvisionnement des produits pétroliers et qui pourraient vraisemblablement s’accentuer les prochains jours. Pour cause des perturbations liées au contexte politique dans la zone moyenne orientale, situation qui augure d’un état de stress prolongé au niveau des principales voies de navigation maritime.

Les récents conflits géopolitiques entre l’Iran et Israël suscitent des inquiétudes quant à leur impact sur la stabilité régionale et l’économie mondiale. Au cœur de ces tensions se trouve le détroit d’Ormuz, un passage stratégique par lequel transite environ un tiers du pétrole transporté par voie maritime dans le monde et un quart du commerce mondial de gaz naturel liquéfié. En moins de trois mois, elles ont entraîné une diminution de 20% du trafic des navires marchands à travers le canal de suez. Un blocus du détroit d’Ormuz aurait un impact immédiat et significatif sur le prix du pétrole, pouvant entraîner une flambée des prix et perturber les marchés énergétiques mondiaux.

Il est à noter, par ailleurs, que depuis que le conflit entre Israël et le Hamas a éclaté en octobre 2023, les attaques des Houthis sur les navires empruntant le détroit de Bab el-Mandeb, entre le Golfe d’Aden et la mer Rouge, sont allées crescendo. Ceci explique les difficultés rencontrées par les navires pour desservir certaines zones comme le Sénégal, les obligeant pour la plupart à faire un détour considérable. Ce qui implique des délais énormes et des coûts importants. Le détroit de Bab el-Mandeb est un passage maritime clé, dont les enjeux stratégiques sont vitaux pour le transit du commerce maritime mondial et par voie de conséquence des enjeux de sécurité énergétique pour les pays Africains.

Au crible de tout ce qui précède, il devient vital pour le gouvernement du Sénégal de s’affranchir des attentes certes légitimes, mais inscrites dans un monde clos. Il est essentiel que l’État du Sénégal prenne pleinement conscience de la situation actuelle et des défis des mois à venir. Les équilibres macroéconomiques de notre pays, ayant été fortement éprouvés par une chaîne logistique devenue très coûteuse suite aux crises récentes, il est crucial pour le Sénégal de ne pas aggraver la situation.

Abdou Lahad Diakhate
Manager Oil and Gaz, Conseiller en Stratégie

SENEWEB

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