Une affaire à 250 millions FCfa, les détails de l’enquête qui éclaboussent Ismaïla Madior Fall

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On en sait un peu plus sur les faits reprochés à Ismaïla Madior Fall. Tout est parti d’une histoire de promesse de 250 millions de francs Cfa et de remise effective de 50 millions de francs Cfa, suite à la délocalisation des nouveaux locaux du Tribunal de grande instance de Pikine-Guédiawaye sur la VDN. Dès son installation, rapporte « L’Observateur », le procureur de la République Saliou Dicko a reçu la visite du collectif Baïdy Sèye, qui dénonçait l’empiètement du site du tribunal sur son lotissement voisin.

Pour faire toute la lumière, précise encore « L’Observateur », le procureur Saliou Dicko a saisi la Division des investigations criminelles (DIC), pour ouvrir une enquête. Il a ordonné aux enquêteurs dirigés par El Hadj Baïdy Sène, chef de la DIC, de déterminer l’usage de la superficie accordée au ministère de la Justice et d’identifier d’éventuelles transactions illicites. D’après « L’Observateur », l’enquête visait aussi à comprendre les motivations financières des conventions signées et non exécutées.

Dans le cadre de cette affaire, « L’Observateur » indique que Cheikh Guèye, ainsi que toute autre personne impliquée, était également visé par les investigations. L’enquête, pilotée rigoureusement par le commissaire Cheikh Sadibou Diallo, a mis en lumière, selon « L’Observateur », de graves faits présumés d’association de malfaiteurs, d’escroquerie foncière et de blanchiment de capitaux.

Selon des informations précises fournies par « L’Observateur », c’est par le décret n°2020-1281 du 8 juin 2020 que l’État avait affecté au ministère de la Justice, une assiette foncière de 2 hectares 85 ares 14 centiares pour ériger le Palais de justice de Pikine-Guédiawaye. Pour la réalisation du Centre de Surveillance Electronique sur 2 075 m², un protocole avait été signé entre Ismaïla Madior Fall et Cheikh Guèye. « L’Observateur » explique qu’en contrepartie, Cheikh Guèye devait recevoir une dation de 9 598 m².

Cependant, note « L’Observateur », le 16 mai 2023, le protocole soumis à la Commission de Contrôle des Opérations Domaniales (CCOD) a été retiré pour complément d’informations. Malgré cela, « L’Observateur » révèle que des baux ont été irrégulièrement attribués au promoteur et à d’autres sur le site.

Le 23 novembre 2023, d’après « L’Observateur », la CCOD a demandé la résiliation du bail octroyé à Cheikh Guèye, mais sans que celui-ci ne soit notifié formellement. Lors des constatations physiques menées avec l’équipe de la DIC, « L’Observateur » souligne que le promoteur n’avait pas réalisé les travaux convenus pour le Centre de Surveillance Electronique.

Entendu dans le cadre de l’enquête, Mohamed Anas El Bachir Wane, ancien Directeur de la Construction du ministère de la Justice, a affirmé, selon « L’Observateur », avoir initié le projet du Centre de Surveillance sur proposition faite au ministre. Il a reconnu que Cheikh Guèye, un de ses amis personnels, avait été recommandé par ses soins à Ismaïla Madior Fall.

D’après « L’Observateur », Mohamed Anas El Bachir Wane a avoué avoir facilité l’obtention du bail à Cheikh Guèye, en lui délivrant un ordre de service. Interrogé, Cheikh Guèye a confirmé, selon L’Observateur, qu’il avait signé un protocole avec Ismaïla Madior Fall, pour construire le Centre de Surveillance sur 2 075 m², contre l’obtention de 9 598 m².

Mais, toujours selon « L’Observateur », la situation s’est compliquée quand Cheikh Guèye a tenté d’hypothéquer son bail auprès de la banque LBA (ex-CNCA), pour un prêt de 2 milliards de francs Cfa, prêt qui a été refusé. L’Observateur rapporte également que Cheikh Guèye n’avait en réalité fourni aucun document probant, pour appuyer son dossier à la CCOD.

Cheikh Guèye a révélé aux enquêteurs, selon « L’Observateur », que pour obtenir la signature du protocole, Ismaïla Madior Fall lui aurait réclamé 250 millions de francs Cfa. Il affirme avoir remis un acompte de 50 millions de francs Cfa en espèces, dans le bureau de l’ancien ministre, en présence de Mohamed Anas El Bachir Wane.

Cependant, face à la lenteur dans l’octroi du bail, « L’Observateur » rapporte que Cheikh Guèye a refusé de verser le solde de 200 millions de francs Cfa. Conséquence : Ismaïla Madior Fall lui aurait restitué l’acompte déjà versé. L’Observateur précise que les investigations ont également révélé que le bail de Cheikh Guèye n’a jamais été annulé par notification officielle, mais plutôt par décret du président Bassirou Diomaye Faye.

Enfin, « L’Observateur » signale que les enquêteurs ont découvert que plusieurs faux documents auraient été utilisés dans cette opération et que d’autres connexions pourraient être mises au jour dans les prochaines semaines.

Senenews

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