« TABASCRISE »

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Gaie, gaie, la vie à Galsen. Malgré la crise et cet argent que personne ne voit et que tout le monde cherche — en même temps d’ailleurs que la queue du diable, ! —, le sourire ne quitte pas ces bons vivants de compatriotes. On rit, s’amuse, danse avec de décapantes plaisanteries grivoises dont seules nos charmantes et élégantes femmes détiennent le secret. Ça vous rend dingue sans pour autant vous faire perdre votre capacité de discernement. Ce serait la sottise de trop à ne pas commettre. Vous avez compris ? Cette crise, tout le monde semble la ressentir. Et particulièrement dans le monde des médias où certains qui affichaient, il y a tout juste quelques mois encore, des signes extérieurs de richesse commencent à geindre et craignent de vivre une Tabaski morose. Ce du fait de ces méchants fonctionnaires du Fisc qui se font un malin plaisir de bloquer les comptes de leurs entreprises dont les dirigeants se défaussent sur l’environnement difficile consécutif à la rareté des ressources. Pourquoi souriez-vous ? Comme si l’environnement de la presse a jamais été radieux dans ce pays ! Un changement de régime créé toujours des chamboulements. Nonobstant donc cette crise, la vie est belle, les rues vivantes et les marchés débordants. La fête la plus importante de la Umah Islamique est celle qui crée le plus d’insomnie aux chefs de famille de ce beau pays où la Tabaski garde un cachet très particulier. Vous ne verrez nulle part ailleurs dans le monde une telle effervescence et folie dépensière qu’au Sénégal. Elle est unique dans un pays à part avec ses multiples contradictions et paradoxes. L’Aïd Aïd el-Kebir est d’abord cultuelle mais, au Sénégal, elle est vécue avec sa dose de paganisme. Un véritable fourre-tout dont on s’accommode. Elle est tellement unique que, de toute l’Afrique de l’Ouest, des médias français ont préféré braquer leurs caméras sur le marché du mouton au pays de tous les excès. Ce n’est qu’au Sénégal, pays parmi les plus pauvres du monde (et malgré notre pétrole !) que la bête pour le sacrifice peut être cédée à plus d’un million de francs. C’est également le pays où l’on dépense le plus en habillements et en denrées sans en avoir les moyens. On s’endette et se ruine pour les besoin d’un exhibitionnisme et en mettre plein la vue aux voisins. C’est à qui s’affichera avec le plus gros bélier. Ce fameux Puukare qui nous pourrit la vie. Et après, ce sera un long chemin de croix pour des familles qui peineront à tenir le reste du mois. Et tant pis. Ça sera la faute au pouvoir qui s’échine à réduire le coût de la vie pendant que le bon peuple est dans des dépenses futiles et somptuaires. Une de nos « sénégalaiseries » !
KACCOOR BI – LE TEMOIN

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