Surenchère, dérives verbales… : quand les hommes politiques mettent en péril l’unité nationale

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Pour des intérêts électoralistes, des acteurs politiques instrumentalisent la fibre ethnique, la religion ou la race. La sortie de Ousmane Sonko est la dernière d’une longue liste sur laquelle pouvoir et opposition jouent avec la cohésion nationale et la stabilité du pays.

D’après le quotidien Bés-Bi, comme rarement, les acteurs politiques, pouvoir et opposition, ont pour la plupart réprouvé la sortie de Ousmane Sonko.

Le leader de Pastef, qui présentait ses condoléances mardi à Bignona avec la délégation de Yewwi Askan Wi (Yaw), a sorti des propos qui ont provoqué un tollé dans le landerneau politique.

« On doit tous accepter que Macky Sall a un problème avec la Casamance et les Casamançais. Depuis que le Sénégal est Sénégal, ça n’a jamais existé. De Senghor à maintenant, aucun Président n’a traité la Casamance de la même manière que Macky Sall. Il y a une stigmatisation des Casamançais à fortiori tous ceux qui ont un nom à consonance diola. C’est trop », a déclaré le maire de Ziguinchor.

Le Sénégal a souvent été cité en exemple par rapport à d’autres pays de la sous-région. Dès son indépendance, le pays peuplé de musulmans à plus de 95%, a porté à sa tête un chrétien, une communauté qui représente moins de 5%.

Le Président Senghor était l’ami des chefs religieux et notamment de Serigne Fallou Mbacké ou encore Thierno Seydou Nourou Tall.

Cependant, à des fins électoralistes, à la veille d’élections, les politiciens activent ce levier très sensible sur l’appartenance à une ethnie ou à la religion.

Les dérives verbales sont aussi observées chez les membres de la majorité. Février 2019, en pleine campagne électorale pour la Présidentielle du 24 février, dans le même département de Bignona, le candidat Macky Sall a tenu un langage qui sonnait comme l’existence d’une Casamance en dehors d’un Sénégal.

« Si vous voulez que la Casamance intègre le Sénégal dans le cadre du développement, il faut voter la coalition Benno bokk yaakaar », disait-il pour séduire ses électeurs du Sud.

En écho, on se souvient des propos de Aliou Dembourou Sow qui, en octobre 2020, s’est prêté à un jeu qui pourrait remettre en cause la cohésion sociale, en invitant sa communauté à « prendre les machettes pour défendre la candidature de Macky Sall à un troisième mandat, en 2024 ».

À l’Apr, Moustapha Cissé Lô s’est aussi signalé en s’en prenant à la Casamance. À l’émission Rfm matin du 28 janvier 2019, l’ancien vice-président de l’Assemblée nationale, analysant la réussite d’une manifestation du leader de Pastef à Ziguinchor, déclarait : « Ceux qui sont venus au meeting de Ousmane Sonko sont tous des rebelles ».

Le Sénégal, pays pauvre très endetté, a une richesse que le monde nous envie : le dialogue islamo-chrétien et le cousinage à plaisanterie.

Des citoyens ont consenti d’énormes sacrifices pour construire cela de Senghor à Abdou Diouf en passant par Me Abdoulaye Wade.

Les acteurs politiques d’aujourd’hui ont le devoir de préserver ce legs pour ne pas jouer avec le feu.

À propos des Antilles françaises, Aimé Césaire disait que ce sont des « Français à part entière et non des Français entièrement à part ». Au Sénégal, ce discours est-il valable pour la Casamance ?

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