Situation des femmes au Sénégal : la prostitution, sinistre conséquence de l’exode rural- Par Fatima Babol Diouf
En ce mercredi 8 mars 2023, journée internationale des droits des femmes je tenais à m’exprimer sur un sujet qui m’inquiète au plus haut point. Nous savons que l’exode rural est l’une des principales conséquences de la pauvreté dans notre pays. Les femmes et les hommes quittent par milliers les campagnes pour venir s’entasser dans les centres urbains et les villes touristiques comme Dakar, Mbour et Saint-Louis.
Dans ce monde rural économiquement agonisant les conditions de vie sont terribles, les structures de santé sont défaillantes et mal équipées quand elles existent, les abris provisoires font office de salles de classe dans de nombreux villages et les élèves qui ont réussi à rallier le cycle secondaire sont obligés de marcher des kilomètres pour rejoindre les lieux d’études.
Face à tous ces problèmes, les citoyens Sénégalais du monde rural n’ont d’autres solutions que de rallier les villes : pour trouver du travail, pour s’éduquer, pour se soigner, pour survivre tout simplement. Les femmes, déjà vulnérables, sont les plus grandes victimes de cette situation.
Une prostitution déguisée
La prostitution peut être définie comme tout «Service sexuel fourni en échange d’un paiement, en espèce ou en nature». Cette définition n’est malheureusement pas assez comprise par beaucoup dans notre société. Des matrones mal intentionnées ont compris la manne que pouvait être ce flux incessant de jeunes femmes qui quittent les villages pour les villes à la quête d’un meilleur avenir.
Ces jeunes femmes, souvent âgées de 15 à 22 ans, n’ont pas de structure familiale pour les accueillir à Dakar ou dans les autres villes. Elles vivent à plusieurs dans de petites chambres situées dans de lugubres quartiers ou des bidonvilles dans les villes ou leurs banlieues périphériques.
Elles sont gérées par des maitresses de chambres ou de maisons qui sont-elles mêmes gérées par des matrones et proxénètes qui sous le sceau du travail soumettent ces jeunes filles à la prostitution déguisée. Les plus belles parmi ces femmes se retrouvent masseuses dans des salons peu fréquentables ou elles assouvissent les désirs sexuels d’hommes riches libidineux.
D’autres se retrouvent dans des maisons refuges dans lesquelles elles se font exploiter sexuellement au profit de femmes cupides qui les mettent à disposition de jeunes hommes souvent pauvres eux-mêmes, dans des conditions sanitaires inhumaines. Celles qui ont la chance de rentrer dans des structures familiales se retrouvent à la merci de pervers qui exercent sur elles attouchements et viols. La situation est donc désastreuse pour ces jeunes femmes !
Que pouvons-nous faire ?
Face à cette situation il est temps de réagir. Chacun d’entre nous peut être acteur du changement !
Nous devons nous astreindre à ne plus employer de jeunes filles mineures dans nos domiciles comme aide-ménagères pour des salaires misérables. La place de ces jeunes filles est à l’école pendant l’année scolaire et chez leurs parents pendant les vacances.
Chaque commune du Sénégal doit avoir des écoles primaires, collèges et lycées à portée pour éviter l’exode des jeunes enfants, notamment des jeunes filles vers les villes. L’enseignement à l’école primaire doit être obligatoire.
Il doit être totalement interdit d’exercer le métier de masseuse sans l’obtention préalable d’un diplôme. Les salons de massage qui pullulent doivent être contrôlés régulièrement.
Une vaste lutte doit être entreprise contre la prostitution téléphonique et la prostitution via les outils numériques. Ces nouveaux types de prostitutions échappent malheureusement à la vigilance de l’Etat et prennent des proportions insoupçonnées.
L’Etat, les associations et la société en général doivent enclencher une communication massive vers les parents de ces jeunes filles et femmes, vers ces victimes elles-mêmes et vers la population en général pour les sensibiliser sur la situation et les défis auxquels elles doivent faire face une fois arrivées dans les grandes villes.
Des cellules d’écoutes et de veilles doivent aussi être mise en place pour aider ces jeunes filles, les informer, les renseigner et les orienter vers les structures étatiques et associatives compétentes si nécessaire.
Bref les choses doivent changer !
Fatima Babol Diouf
Entrepreneuse
Membre du mouvement Agir Baboltima86@gmail.com