Retrait des enfants de la rue : Bassirou Diomaye Faye réussira-t-il là où ses prédécesseurs ont échoué ?

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Le retrait des talibés de la rue s’avère jusque-là une tâche très difficile pour le gouvernement sénégalais. La lutte contre la mendicité des enfants est loin de porter ses fruits au pays de la Teranga. Le régime actuel est attendu pour réussir le pari d’un Sénégal sans enfant de la rue.

A Dakar, comme dans beaucoup de régions du Sénégal, il est impossible de marcher dans les rues sans être interrompu par un groupe de talibés qui demandent de la pitance. Ces pauvres enfants, couverts de poussière et de crasse, pieds nus, une boîte de conserve de tomate vide ou un bol en plastique à la main font désormais partie du décor de la capitale sénégalaise et de plusieurs villes du pays.

Nombreux sont les parents sénégalais qui confient leurs enfants, parfois très jeunes, à des maîtres coraniques pour l’apprentissage du Coran. Ces petits sont souvent forcés de mendier dans la rue à leurs risques et périls.

Pourtant l’article 3 de la loi no 2005-06 interdit la mendicité des enfants au Sénégal. Malheureusement, malgré son entrée en vigueur, cette dite loi censée protéger les enfants de la mendicité n’a produit aucun effet. Le problème persiste toujours.

Retrait des enfants talibés de la rue au Sénégal : Échec d’une mesure

Dans une volonté de stopper la mendicité, une pratique qui gangrène la vie de nombreux enfants au Sénégal, l’ancien président de la République, Macky Sall, avait ordonné le 30 juin 2016, le retrait des enfants dans les rues de Dakar et partout ailleurs dans le pays. Avec beaucoup de fermeté, l’ancien chef de l’État avait instruit à l’époque les services compétents à retirer les enfants de la rue et de les placer dans des centres d’accueil avant de les retourner à leurs parents.

Dans la même logique, Macky avait menacé les marabouts qui forcent les talibés à mendier d’une amende ou d’une peine de prison. Une décision qui a suscité à l’époque la colère noire des maîtres coraniques du Sénégal qui voyaient en cette mesure une volonté manifeste de l’Etat du Sénégal d’éliminer les écoles coraniques au Sénégal.

Macky Sall a-t-il cédé face à cette pression des marabouts à laquelle il faisait face ?

La réponse semble être oui car cette mesure annoncée par l’ex président de la république n’a jusqu’ici produit des résultats satisfaisants. Le phénomène des enfants de la rue semble même s’être amplifié ces dernières années au Sénégal. Les talibés continuent toujours de squatter quotidiennement les coins et recoins de la capitale sénégalaise. Le constat est visible, le régime de Macky Sall a fait preuve d’incompétence dans les mesures de lutte contre la mendicité des enfants au Sénégal.

Dans un rapport publié en décembre 2022, L’ONG Amnesty International a dénoncé le fait que des milliers d’enfants talibés sont toujours obligés de mendier dans les rues sénégalaises parfois dans des conditions insalubres et inhumaines. Cette mendicité rapporterait plus de 5 milliards FCFA par an aux marabouts à Dakar, selon un expert des Nations Unies au Sénégal cité par Human Right Watch.

Pour l’heure, la statistique officielle concernant le nombre d’enfants talibés dans les rues sénégalaises nous semble encore inconnu, mais selon Amnesty international qui cite une cartographie de l’ONG Global Solidarity Initiative (GSI) publiée en 2018, il y a plus de 2 000 daaras coraniques à Dakar avec un effectif de près de 200.000 talibés, dont 25% pratiquent la mendicité forcée.

Dans ses observations finales publiées en février 2024 à Genève, les experts indépendants onusiens à travers le Comité des droits de l’enfant des Nations Unies (CRC) ont pointé du doigt les autorités sénégalaises sur la mendicité forcée et les mauvais traitements dont sont victimes les talibés au Sénégal.

Rappelons que la problématique de la mendicité des enfants demeure une préoccupation majeure des autorités sénégalaises, des acteurs de la défense des droits humains et des organisations pour la protection des enfants qui sont toujours en droite ligne de la quête de solutions afin de mettre un terme à ce mal.

Dans un contexte marqué par un changement de régime ou le Sénégal prépare la cérémonie de lancement de la 18ème édition de la semaine de la petite enfance et de la cCse des tout-petits qui aura lieu ce lundi 09 décembre à Saint Louis, Seneweb pose la question suivante sur la table de la direction de l’agence nationale de la petite enfance et de la case des tous petits : Le tandem Diomaye-Sonko réussira-t-il le pari d’extraire les talibés de la rue là où le régime précédent a complètement échoué ?

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