‘’On est dans l’ère de la production du pétrole et du gaz, ce qui a fortement impacté le budget de cette année avec plus de 51 milliards de recettes attendues’’. Ces mots sont du ministre des Finances et du Budget. Mais au vu du dernier communiqué conjoint des ministres sénégalais et mauritanien, Mamadou Moustapha Ba s’est visiblement montré trop tôt euphorique.
Hier, les deux parties ont annoncé le report de la production de gaz du projet Gta passant de début 2024 au troisième trimestre, soit un retard de 6 mois au minimum.
Une mauvaise nouvelle qui risque de compromettre les plans du régime en place. En effet, pour 2024, le Sénégal a tablé sur un budget de plus de 7 000 milliards chanté sur tous les toits par les tenants du pouvoir. Avec cette nouvelle donne, Macky Sall et son équipe devront se résoudre à revoir leurs ambitions.
Ainsi, il faudra réduire la part des recettes pétrolières et gazières sur les prévisions budgétaires, ce qui amènerait l’enveloppe annuelle à moins de 7 000 milliards, une barre assez symbolique pour le pouvoir.
Mais la réduction pourrait ne pas se limiter à cela. En effet, le pouvoir a aussi inclus dans ses calculs les effets induits de l’exploitation des gisements. ‘’Les banques vont devoir intégrer dans leurs activités le financement du pétrole et du gaz qui auront des retombées financières significatives sur l’économie du pays’’, ajoutait Moustapha Ba. C’est pour cette raison d’ailleurs que le taux de croissance attendu est de 9% en 2024 contre près de 5% en 2023 et surtout une croissance de 6% hors hydrocarbures.
Aujourd’hui, non seulement l’exploitation connaît un retard, mais rien ne garantit que la nouvelle date sera respectée. En effet, prévue d’abord en 2023, elle a été reportée au premier trimestre 2024 avant que l’échéance ne soit à nouveau repoussée. D’où l’agacement des deux Etats qui promettent de surveiller les coûts de production appelés cost-oil. Le ministre sénégalais du pétrole Antoine Diome précise même qu’il y a ce qu’on appelle le cost-stop, un plafond au-delà duquel les coûts ne sont plus comptabilisés. Seulement, ce cost-stop ne change rien sur les conséquences des retards accumulés.
A ce jour, rien ne garantit qu’il y aura un franc de recette pétrolière dans le budget 2024. Car en plus du gaz, le pétrole aussi baigne dans l’incertitude. Le premier baril de Sangomar attendu en 2022 a été décalé pour début 2023, puis fin 2023. En décembre, pas une seule goutte de pétrole ! La production a été décalée par Woodside au premier semestre 2024. Un nouveau report est encore possible, surtout avec les difficultés de financement que connaissent les énergies non renouvelables.
Une loi de finance rectificative se profile déjà, sauf à vouloir manipuler les chiffres.