Plus de 700 millions de budget, parquet et commission d’instruction inactifs… Les mécomptes de la Crei
Plus de 7 ans après le jugement de l’affaire Karim Wade, la Crei sans activité aujourd’hui, bénéficie d’un budget de plus de 700 millions. Henri Grégoire Diop, parti à la retraite, la juridiction spéciale est sans président, avec des dossiers en sommeil, alors que la vingtaine de juges qui la compose, continue à recevoir ses indemnités mensuelles.
Dans son arrêt n°02/2015 du 23 mars 2015, la Crei a ordonné la confiscation de plusieurs biens, meubles, immeubles, divis ou indivis. Les appartements «Eden roc», sis au centre-ville de Dakar, ont été confisqués dans ce cadre. Depuis, la Crei fonctionne et figure toujours dans l’ordonnancement judiciaire du Sénégal. Un tour sur les lieux au Point E nous a permis de constater que le parquet et la commission d’instruction ne sont plus actifs même si des magistrats sont désignés pour y siéger. Henri Grégoire Diop, parti à la retraite, la présidence par intérim est gérée par Cheikh Tidiane Bèye, président de la commission d’instruction. Le procureur Abdoulaye Diagne, accompagné d’un substitut, gère le parquet alors que le dossier de Abdoulaye Baldé y dort toujours. D’après nos informations, le leader de l’Ucs n’a pas de non-lieu malgré les rumeurs. Jusqu’ici, la juridiction spéciale a jugé Karim Wade, Tahibou Ndiaye, Aïda Ndiongue et actuellement le dossier Abdoulaye Baldé. Pour rappel, la Crei bénéficie de 200 millions de francs Cfa en crédits en fonctionnement et 507 millions 448 francs comme dépenses de personnel dans les 71 milliards 839 millions 549 mille 729 francs Cfa faisant office de budget au ministère de la Justice. Et la vingtaine de juges qui composent la Crei reçoit toujours ses indemnités mensuelles de la part du ministère de la Justice qui gère le budget de la juridiction spéciale.
Les appartements Eden Roc vendus
En juillet 2020, l’État lançait la vente des 7 appartements de l’immeuble «Eden roc» attribué à Bibo Bourgi, complice de Karim Wade dans le procès à la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Vendus à 650 millions pour chaque appartement, l’immeuble situé sur la corniche Ouest a rapporté plus de 4 milliards à l’État du Sénégal. Si des cadres de la Direction générale des impôts et domaine ignorent même l’existence de la transaction, Bés bi a appris de sources du ministère des Finances que l’Agent judiciaire de l’État a finalisé l’opération sans que l’on ne sache si c’était sous Antoine Diome ou Moussa Bocar Thiam. Ce dernier saisi n’a pas donné suite à nos interpellations de même que Mame Boye Diao, directeur des domaines et qui avait lancé la vente. Pourquoi l’État n’a pas communiqué sur la finalisation de l’opération ? À quoi l’argent a-t-il servi ? À-t-il été versé dans les comptes du Trésor ? C’est une marée d’interrogations. L’avocat de Bibo Bourgi, lui confirme. «Je suis au courant depuis longtemps que les appartements ont été vendus. Je disais que l’État vendait à ses risques et périls parce que mon client n’a encore rien lâché. Quand, demain on va demander de rembourser la contre-valeur, l’État peut faire face. Bibo n’a pas laissé tomber parce qu’il est en France pour se soigner. Il est plus préoccupé par son état de santé», a dit Me Baboucar Cissé, avocat de Bibo Bourgi
Bes Bi