Plans de carrières, rapports douteux entre acteurs de la justice, corruption, … : La plaidoirie de Me Mamadou Seck devant Diomaye Faye
Bâtonnier de l’ordre des avocats du Sénégal, Me Mamado Seck est d’avis que la justice est à la fois une vertu et une administration et qu’elle ne peut être crédible sans une politique cohérente de bonnes pratiques fondées sur ses principes et ses règles. Prononçant son discours, ce jeudi lors de l’audience solennelle de rentrée des Cours et Tribunaux sur « Droit de grève et préservation de l’ordre public », il a déclaré devant le Président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, «la crédibiliser c’est, d’abord une volonté politique qui consacrera une conscience effective des gouvernants à refuser toute immixtion dans le rendu de la justice et à créer les conditions adéquates à l’égalité de tous les sénégalais devant la loi ».
« Il ne faut pas s’y méprendre, la justice est dans l’État mais subit l’État quand ce dernier n’a pas comme crédo de tout faire pour participer à asseoir et préserver son indépendance et créer les conditions matérielles de son exercice », lui a-t-il lancé. Ce, puisque, par leurs interventions, les participants aux Assises de la justice, ont tous déploré que dans diverses situations, ce secteur a été ébranlé par l’État et le pouvoir politique. « Monsieur le Président, en vous élisant, les sénégalais attendent de vous que le pouvoir politique soit le vecteur et le garant d’une justice indépendante, rendue exclusivement au nom du peuple et dans le respect des lois qu’ils ont choisis », a-t-il ajouté.
Me Seck de poursuivre que « crédibiliser la justice, c’est, ensuite, replacer ses acteurs (avocats, magistrats…) dans leurs véritables rôles avec comme base la conscience effective de la vertu de justice, de l’éthique professionnelle et du haut niveau d’excellence morale ».
«Il est nécessaire, aujourd’hui, de mettre en place au sein des juridictions un espace cathartique pour anticiper et prendre en charge les problèmes »
Ce faisant, il argumente : « Ces principes devraient guider tous critères d’appréciation, d’évaluation ou de sanction de l’œuvre individuelle de justice à l’aune de la mission collective de justice. Il ressort des serments prêtés par ces acteurs de puissantes sujétions d’indépendance, de dignité, de loyauté et d’intégrité qui renvoient à une dimension personnelle pour exercer leurs missions. Cette dimension personnelle doit impérativement l’obliger à ne jamais sacrifier ce qui fonde et justifie son action, la vertu de justice ».
Il continue : « Je répète encore une fois ici qu’il doit être rappelé aux acteurs de la justice que les plans de carrières, les relations politiques, les relations sociales, les rapports douteux entre eux, l’incompétence ou l’absence de conscience professionnelle, la corruption, ne doivent pas résister, un instant, au respect des exigences du serment prêté, pour une bonne qualité de la justice, la protection des intérêts de la société et celle de la démocratie ».
Pour le bâtonnier de l’ordre des avocats, «il est nécessaire, aujourd’hui, de mettre en place au sein des juridictions un espace cathartique pour anticiper et prendre en charge les problèmes et, pour certains, mettre un terme à leur récurrence».
« Les acteurs doivent impérativement avoir un cadre pour compléter leurs missions habituelles dans tous les domaines, sans écarter les sujets les plus sensibles, par une interaction constructive, permettant ainsi de mettre en œuvre les mesures à prendre à la suite de ces Assises sur la justice », a-t-il conclu.