Ousmane Sonko à l’Assemblée nationale ou le capitaine d’équipe sur la touche

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Voudrait-on écarter tout de suite l’artisan de la victoire électorale qu’on ne s’y prendrait autrement que d’envoyer Ousmane Sonko à l’Assemblée nationale. Sitôt le succès éclatant de Pastef aux Législatives anticipées du 17 novembre 2024 annoncé que des voix dont celle d’Alioune Tine s’élèvent pour dire que la meilleure option est que Ousmane Sonko quitte la primature pour l’Assemblée nationale. L’argument est qu’il faut éviter une dualité au sommet de l’Exécutif avec le président Bassirou Diomaye Faye.

Si Diomaye est incontestablement le coach pour avoir été choisi par les électeurs, il n’en demeure pas moins que Ousmane Sonko reste le capitaine d’équipe. Après tout, n’oublions pas que Sonko est le géniteur et le porteur du Projet. C’est lui qui est allé à la rencontre des Sénégalais à qui il a promis un changement systémique. Maintenant que Pastef a les pleins pouvoirs, on demande à Sonko d’aller sur le banc et d’observer le match se dérouler.

Précisons que l’Assemblée nationale a pour mission de contrôler l’action du gouvernement et de voter les lois. Autrement dit, elle observe et apprécie à travers l’adoption ou le rejet des propositions de loi. Dans ses prérogatives, on ne trouve nulle part un pouvoir d’exécution. Or, en sa qualité de leader moral du projet, Ousmane Sonko a besoin d’agir, d’impulser, de corriger quand c’est nécessaire. Il doit être au cœur de la gestion des affaires publiques dans les années à venir. Ces attributs ne sont nullement dévolus au président de l’Assemblée nationale, mais plutôt au Premier ministre, chef du gouvernement.

De toute façon, Ousmane Sonko est la figure de proue de Pastef, il a de l’aura et de l’influence chez les responsables du parti. Par conséquent, que ce soit de façon directe ou indirecte, il aura toujours de l’autorité chez la plupart des membres du gouvernement, même à l’Assemblée nationale, même ailleurs sur un autre fauteuil.

Autant donc, à côté de cette légitimité politique, lui conférer aussi la légitimité publique (au sens de l’Etat) pour agir de façon efficace en étant conforme aux lois de la République. Si Marième Faye Sall et Farba Ngom ont pu nommer des ministres (Mbagnick Ngom et Yaya Abdoul Kane) du temps de Macky Sall, on peut deviner aisément ce dont Sonko est capable au vu de sa posture dans le parti et auprès du président Diomaye.

Par ailleurs, la personnalité de Sonko n’est conforme au tempérament d’un bon président de l’Assemblée nationale. Ce dernier, comme le rappelle Birahim Seck, doit être un homme consensuel. Il doit aussi être calme et capable de recevoir des coups que savent bien donner les députés. Or, Sonko est un personnage clivant. Même en temps normal, quand tout est calme, c’est lui qui crée la polémique comme il l’a fait en début de mandat en s’attaquant à l’opposition qu’il a qualifiée de poltron. Ensuite, Sonko est impulsif et vindicatif, il rend coup sur coup. Avec certains députés décidés à lui mener la vie dure, le travail parlementaire risque d’être bloqué. Si l’on y ajoute le fait que le leader de Pastef a des élans autoritaires, on comprend vite qu’aller à l’Assemblée n’est ni la bonne encore moins la meilleure solution.

En résumé, Sonko a proposé un projet auquel les Sénégalais ont adhéré en lui accordant les pleins pouvoirs. A lui, avec le président Diomaye, de tenir les manettes et de conduire le Sénégal au changement systémique et à la souveraineté promis. Il n’aura plus d’excuses et il sera ainsi pleinement comptable du bilan de ce quinquennat.

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