Migration irrégulière : 5 192 interpellations, 407 déférés pour trafic de migrants, selon Dr Modou Diagne
Face à l’ampleur du phénomène migratoire, le gouvernement sénégalais intensifie sa lutte contre la migration irrégulière, s’appuyant sur des données fiables et une coordination accrue des acteurs. Le Contrôleur général de police Dr Modou Diagne, secrétaire permanent du Comité interministériel de lutte contre la migration irrégulière (CILMI), a salué la création d’un Centre national de collecte et d’analyse des données migratoires. Cet outil vise à fournir des statistiques précises sur les migrations régulières et irrégulières.
« Ce centre permettra une meilleure compréhension du phénomène et orientera nos politiques publiques avec des données fiables », a-t-il déclaré.
Le Sénégal bénéficie du soutien de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), qui forme les membres des comités régionaux et départementaux ainsi que les agents des institutions impliquées dans la gouvernance migratoire. Aïssata Kane, cheffe de mission de l’OIM au Sénégal, également en charge de la Guinée-Bissau, de la Sierra Leone, du Cap-Vert et de la Gambie, insiste sur l’importance des données : « La collecte de données est un pilier essentiel pour des politiques migratoires efficaces. Seules des données fiables permettent de concevoir des stratégies cohérentes, durables et adaptées. »
Des chiffres révélateurs
En 2024, selon des données provisoires, 5 192 personnes ont été interpellées pour tentative de migration irrégulière, et 407 individus ont été déférés pour leur appartenance à des réseaux de trafic de migrants. Ces chiffres, bien que significatifs, ne capturent qu’une partie du phénomène, les autorités peinant à estimer le nombre exact de migrants ayant atteint les îles Canaries. Toutefois, une diminution des arrivées de Sénégalais aux Canaries est observée en 2024 par rapport à 2023.
Malgré cette tendance, l’année a été marquée par des naufrages tragiques au large des côtes sénégalaises, causant de lourdes pertes humaines. Pour endiguer ce fléau, l’État a adopté une stratégie nationale de lutte contre la migration irrégulière, visant à réduire drastiquement les départs d’ici 2035. Ce plan s’articule autour de plans triennaux axés sur la prévention, la répression et le développement local.
« C’est une lutte de longue haleine que nous menons avec méthode et persévérance », a affirmé Dr Diagne.
Les îles du Saloum, devenues un point de départ majeur en 2024, sont sous haute surveillance, avec plus de 700 interceptions dans cette zone. Les efforts de prévention et de répression s’appuient sur un numéro vert gratuit (800 00 10 15), mis en place par le ministère de l’Intérieur, permettant aux citoyens de signaler des tentatives ou réseaux suspects.
Dr Modou Diagne insiste sur la nécessité d’une mobilisation collective impliquant autorités locales, forces de sécurité, société civile, familles et partenaires internationaux. « Dénoncer un départ clandestin, c’est sauver des vies », a-t-il rappelé.