Lors d’un panel du Syndicat autonome des agents des impôts et domaines (SAID), organisé ce jeudi 1er mai, dans le cadre de la célébration de la fête du Travail, le maire de Kolda a raconté ses trois ans en tant que directeur des Domaines. «Un cauchemar», soupire-t-il. Du fait, expose-t-il, des injonctions, parfois contradictoires, du «décisionnaire», c’est-à-dire «le ministre ou le Président». Il plaide pour une réforme qui protège le «praticien». Signalons que sa sortie intervient quelques jours après sa convocation à la DIC dans le cadre de l’enquête sur l’assiette foncière affectée au ministère de la Justice pour l’érection du palais de Justice de Pikine/Guédiawaye.
«Un cauchemar»
«Avant de quitter la DGID [Direction générale des impôts et domaines], j’étais à 23 ans de carrière durant lesquels j’ai occupé plusieurs services. Grâce à Allah, j’avais une très bonne et riche carrière. Mais, les trois années que j’ai passées aux Domaines constituent un cauchemar pour moi. Ils sont très peu les agents des Domaines qui finissent leur carrière sans être convoqués à la Gendarmerie. Il faut poser ce problème avec la Dgid et l’administration pour qu’au moins, les agents actifs soient protégés.
Le «décisionnaire» à la merci du «praticien»
«Le problème dans la DGID, c’est le décisionnaire et non le praticien (…) Aujourd’hui, tout ce qui se passe dans la politíque foncière du pays est de la responsabilité du décisionnaire. Nous avons les hommes qu’il faut, les diplômes qu’il faut, les ressources qu’il faut pour produire les textes qu’il faut, mais ils ne veulent pas les appliquer. Ils veulent rester dans cette situation du désordre et après s’adapter à ce qu’ils veulent. Et les mêmes causes vont produire les mêmes effets. Donc tant que le décisionnaire n’osera pas dire- je vais faire les réformes qu’il faut- on restera toujours dans cette situation.
«Le ministre ou le Président te disent…»
«Au niveau de la DGID, nous avons les ressources humaines pour faire les réformes qu’il faut, mais nous ne sommes pas encore prêts à rompre avec ce qui se passe. Au niveau du syndicat, il faut réfléchir à cela et faire accepter aux décisionnaires qu’il faut résolument qu’on vous donne un chemin clair. Moi, je vous explique et c’est pour faire une digression par rapport à ce qui m’est arrivé dernièrement. Comment voulez-vous que mon ministre de tutelle me demande de mettre une assiette de 2 ha pour une telle institution et après, ils viennent me demander où sont passés les restes. C’est le ministre qui me demande d’exécuter et j’ai exécuté. C’est le ministre ou le Président qui te disent ‘fais çà’, j’exécute.
«Bassirou Diomaye Faye très en colère»
«Un jour, l’actuel président de la République, Bassirou Diomaye Faye, est venu dans mon bureau, très en colère, et m’a dit : ‘si vous résiliez les terrains du SAID de Guédiawaye, ce sera une grève illimitée. Je lui ai répondu : ´c’est un rapport de forces, le ministre m’a écrit une lettre pour me dire de résilier et je vais résilier’. Et c’est le même ministre qui m’avait demandé de résilier qui revient me dire pour des questions d’habitat social, de logement, il faut rétablir le SAID. Vous voyez comment c’est incohérent. Voilà ce que nous vivons aux Domaines. Il faut donc oser prendre le taureau par les cornes et poser les grands problèmes aux décisionnaires. A partir de là, s’ils veulent changer les choses, ils les changeront.»