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L’usage conscient du paradoxe dans la stratégie politique de Sonko (Par Abdou Lahad Diakhate?)

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Le débat politique qui s’annonce, de préférence sans gentleman agreement, pourrait apporter des bénéfices considérables à la démocratie sénégalaise. En plus de favoriser la transparence et la reddition des comptes, il constituerait un outil essentiel pour renforcer l’éducation politique des citoyens et institutionnaliser la pratique des débats contradictoires.

Cependant, il convient de noter qu’une confrontation stratégique implique nécessairement l’opposition de deux volontés. Contrairement à un duel où l’issue est immédiate, une telle confrontation demande une série d’initiatives successives, avec des actions et réactions qui s’influencent mutuellement au fil du temps. Cette dynamique peut sembler imprévisible, notamment lorsque le leader en position de force ne s’attend pas à voir son autorité remise en question.

Une telle situation pourrait, à moyen terme, engendrer une nouvelle polarisation de l’espace politique sénégalais. Cela rappelle les empoignades historiques entre leaders charismatiques, où le « piège de Thucydide » semble se manifester : une tension croissante entre une puissance dominante et une force montante cherchant à changer l’ordre établi.

Malgré les dispositions légales du code électoral, cette évolution stratégique pourrait entrer en collision avec le principe de pluralité du débat démocratique, surtout si l’un des camps cherche à s’auto-désigner une opposition légitime tout en marginalisant les autres forces politiques.

Néanmoins, il serait erroné de considérer le blocage légal comme un obstacle insurmontable à cette évolution stratégique, essentielle au processus électoral. Comme le disait le journaliste et philosophe Jean-François Revel, « si le citoyen n’est pas correctement informé, le vote ne veut rien dire. » Ce débat pourrait donc jouer un rôle crucial en offrant une tribune pour informer le public et éclairer ses choix.

Revenons aux enjeux du débat : dans toute stratégie, les options tactiques se présentent souvent sous deux formes – l’une semble évidente, tandis que l’autre apparaît plus risquée. Prenons l’exemple d’une force politique qui doit choisir entre deux routes pour atteindre son objectif. La première, large et bien entretenue, semble être le meilleur choix. La seconde, étroite et sinueuse, paraît moins attrayante. Pourtant, dans le domaine paradoxal de la stratégie, la route difficile peut se révéler plus avantageuse précisément parce qu’elle est moins défendue par l’adversaire. En revanche, la route évidente, étant la plus directe, pourrait être celle où les forces adverses concentrent leurs efforts.

Cette approche paradoxale dans la stratégie de Sonko semble délibérée. En optant pour des choix tactiques moins conventionnels, il pourrait surprendre ses adversaires et profiter de failles dans leur défense. Cependant, cette offensive comporte des risques, et les acteurs doivent rester vigilants, car les retournements de situation sont fréquents au-delà d’un certain point culminant. Le leader en position de force devra surveiller les signes d’une inversion, où les avantages accumulés pourraient soudainement se retourner contre lui.

En fin de compte, ce débat pourrait marquer un tournant dans la dynamique politique du Sénégal. Il pourrait non seulement contribuer à une meilleure éducation politique des citoyens, mais aussi renforcer les bases d’une démocratie plus robuste, où les confrontations d’idées deviennent la norme et non l’exception.

Abdou Lahad Diakhate?Consultant en Stratégie

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