« Libérez les détenus, protégez la démocratie » – « L’économie ne peut plus attendre » : Amadou Ba alerte au Dialogue national

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Présent au lancement du Dialogue national sur la refonte du système politique, l’ancien Premier ministre Amadou Ba a marqué les esprits par un discours à la fois ferme sur les libertés démocratiques et lucide sur la situation économique. Participant en tant que figure de l’opposition, il a réaffirmé son attachement aux principes républicains tout en appelant à un sursaut national face aux urgences politiques et économiques.

Un choix de participer par principe, non par illusion

« Nous ne participons pas par naïveté, mais par fidélité à nos principes », a-t-il précisé dès les premières lignes de son intervention. Conscient du climat tendu – marqué selon lui par des arrestations ciblées, des restrictions de liberté, et un délitement du débat public – Amadou Ba estime que le dialogue est plus que jamais nécessaire : « Refuser de dialoguer, c’est entrer dans l’impasse. Participer, c’est assumer sa part de responsabilité devant la nation. »

Libertés publiques : un pacte de pacification comme urgence démocratique

Insistant sur le premier axe du dialogue, Amadou Ba a lancé un appel clair en faveur d’un « pacte national de pacification politique ». Il y inclut trois exigences essentielles :
• Libération des détenus politiques,
• Indépendance réelle des médias,
• Justice impartiale, perçue comme telle par les citoyens.

« Comment parler de démocratie quand des opposants, journalistes ou chroniqueurs sont convoqués ou emprisonnés pour avoir simplement exercé leur droit ? », a-t-il lancé, dans un ton grave.

Réformes électorales et institutionnelles : sortir des équilibres partisans

Sur le système électoral, il plaide pour des réformes ambitieuses mais consensuelles :
• Statut clair et effectif pour l’opposition et son chef,
• Autonomie renforcée pour la Sénat,
• Débat inclusif sur l’inscription automatique des jeunes.

Quant à la refonte des institutions, il propose :
• Une dose de proportionnelle aux législatives,
• L’introduction d’un second tour pour le scrutin majoritaire,
• Et surtout une réforme de la Haute cour de justice, aujourd’hui jugée trop inféodée à la majorité parlementaire.

« Il faut redonner légitimité et impartialité à nos institutions, au service de tous les citoyens, pas d’un camp politique. »

« L’économie ne peut plus attendre » : alerte sur les urgences budgétaires

Sortant du cadre strictement politique, Amadou Ba a mis sur la table ce qu’il considère comme le véritable enjeu de ce dialogue : l’économie.
« Le Sénégal ne peut plus fonctionner par séquences. L’économie ne peut plus attendre. »
Il évoque une situation préoccupante :
• Dette croissante,
• Vulnérabilité budgétaire,
• Perte de droits sociaux fondamentaux.

Il appelle à une mobilisation urgente et collective autour de plusieurs chantiers prioritaires :
• Un pacte national pour l’emploi productif,
• Une réforme budgétaire structurelle,
• Une meilleure appropriation du référentiel stratégique de l’action publique.

Conditions pour la réussite : mobilisation, adhésion et sincérité

Pour rendre ces réformes possibles, trois conditions s’imposent, selon lui :
1. Une administration mobilisée et engagée,
2. Une large adhésion populaire,
3. Un climat apaisé et sincère, où l’on « parle à l’âme de la nation ».

Sortir du cycle éternel des scandales

Enfin, Amadou Ba a mis en garde contre la spirale des scandales post-alternance : « À chaque changement, on découvre, on dénonce, on sanctionne, puis on oublie. Et on recommence. »
Il prône des réformes structurelles pour protéger durablement le patrimoine de l’État, au-delà des régimes et des émotions passagères.

Un rêve de démocratie apaisée et utile

Dans une conclusion vibrante, il résume sa vision du Sénégal de demain :
« Un pays où l’opposition est écoutée, pas écartée. Où le débat est loyal, pas agressif. Où la critique est utile, pas criminalisée. »

Le message est clair : pour Amadou Ba, seule une démocratie pacifiée, une économie solide et une gouvernance éthique permettront de bâtir un Sénégal stable, prospère et digne.

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