Beaucoup de personnes ont mis le focus sur les propos de Pape Alé Niang, tout en ignorant les procédures qui l’ont conduit en prison, d’après le leader du mouvement Agir.
Selon Thierno Bocoum, ne pas être d’accord avec lui ne peut justifier son emprisonnement. Le désaccord dans la démarche et les propos d’une personne est concevable en démocratie. Cela ne constitue pas un délit d’être différent et d’avoir ses propres convictions sur des faits et actes posés, dit-il.
À l’en croire, « le communiqué du procureur de la République, en date du 20 décembre dernier, révèle une volonté réelle de mettre hors d’état de nuire une voix discordante et finalement dérangeante ». Il ajoute que « l’article 127 ter du Code de procédure pénale, largement évoqué dans ledit communiqué, ne fait aucune allusion à la prérogative du procureur de demander que la révocation du contrôle judiciaire soit effectuée, encore moins celle de justifier à travers un communiqué une telle mesure qui est du domaine exclusif du juge d’instruction. Aujourd’hui, rien n’explique que l’option du procureur de revenir sur sa décision emporte, de jure, celle du juge qui devrait pouvoir intervenir directement sans y être aidé, au sens de la lettre des dispositions de l’article 127 ter du Code de procédure pénale ».
Selon toujours l’ancien parlementaire, « si le procureur doit poursuivre, ensuite demander et obtenir la révocation d’un contrôle judiciaire, puis justifier à travers une communication cette révocation, il prend en définitive sa place et celle des juges d’instruction et se présente finalement comme ayant tous les droits sur des personnes qu’il décide de poursuivre sur la base du délit visé et selon des critères qui lui sont propres. Un précédent dangereux pour l’indépendance de la justice ».
Pour Thierno Bocoum, le journaliste Pape Alé Niang a le droit de décrier cette injustice, même si chacun peut avoir une opinion sur ses options. « En réalité, le mandat de dépôt doit être oublié, dans le cadre des délits d’opinion, quand la liberté est quasiment la règle dans le cadre des détournements de deniers publics. Humainement, Pape Alé ne mérite pas un tel traitement, au moment où des incriminés de faits graves vaquent tranquillement à leurs occupations. Il n’a ni volé, ni tué, ni violé. Il s’est juste exprimé. Comme toute personne, il peut commettre des erreurs et même des fautes professionnelles. Cependant, l’emprisonner et le laisser souffrir au fond de sa cellule n’est pas humainement acceptable, pour quelqu’un qui s’est toujours battu pour son pays », a conclu Thierno Bocoum.