Au Sénégal la question de l’homosexualité et du lesbianisme (Lgbt) défraie la chronique depuis quelque temps. Surtout depuis la visite de Jean-Luc Mélenchon. Un bref retour en arrière s’impose.
Homosexuels d’hier et homosexuels d’aujourd’hui au Sénégal
Durant la période coloniale et dans les 30 premières années de l’indépendance, à Dakar, les homosexuels ont pignon sur rue. Ils ne rasent pas les rues. Ils ne se cachent pas. Ils s’affichent publiquement, s’assument pleinement. Ils viennent danser dans les séances de tam tam organisées par des femmes et en organisent aussi, de même que des séances de tann beer et de simb (faux lion). Des homosexuels brillent comme footballeurs dans des clubs du championnat de football de Dakar. A l’angle des rues 6 et 15 dans la Médina, un homosexuel gère un restaurant jamais boycotté. Ces homos ne sont pas alphabétisés et occupent des emplois modestes. Etant célibataires, ils se retrouvent dans leurs milieux appelés mbootaay et ne répugnent pas à la bagarre avec violence si quelqu’un leur manque de respect.
L’homosexualité est alors non seulement tolérée mais acceptée. Mon quartier de la Gueule Tapée compte pas moins de 5 homos bien connus dont je me rappelle les noms sans les dévoiler, car ils ne sont plus de ce monde. Surtout qu’en prenant de l’âge, ils se sont repentis et normalisés.
Un coopérant français conseiller attitré à la Présidence de la République sous Senghor était connu pour son homosexualité dont il n’a jamais fait mystère.
Les homosexuels sénégalais d’aujourd’hui, sortis de l’école française, sont pour la plupart de hauts cadres de l’administration et du business, mariés et chefs de familles. Hors de tout soupçon, ces saay saay qui se cachent sont les produits aliénés du Lgbt occidental. Ils sont ragaillardis par le fait que des personnalités politiques françaises comme un ancien maire de Paris et l’actuel Premier ministre ont publiquement reconnu leur homosexualité.
L’Occident fait la promotion de l’homosexualité
Je dirai que l’homosexualité dans une période passée relevait de l’informel. Maintenant elle est devenue officialisée dans une stratégie planétaire avec la mondialisation.
Ce qu’on appelle mondialisation n’est pas un processus historique inévitable. C’est un projet conçu au 19ème siècle en Angleterre et aux Etats-Unis. La colonisation en est partie intégrante. Depuis les années 1980, la mondialisation s’est enhardie grâce à deux phénomènes : l’avènement des nouvelles technologies de l’information et de la communication, et une laïcisation- athéisme avec une déchristianisation poussée dans les pays occidentaux. L’Afrique et l’Amérique latine sont maintenant les bastions du Christianisme dans le monde.
Le volet le plus important de la mondialisation n’est pas l’économie, mais la culture. L’Occident cherche à embrigader l’ensemble du monde dans sa culture. Une seule culture doit prévaloir, celle de l’Occident.
L’ethnocentrisme culturel est l’attitude qui consiste à valoriser sa propre culture sur celle des autres, pour lui conférer une valeur universelle, pour en faire le centre de référence. L’ethnocentrisme culturel est la négation du relativisme culturel qui reconnaît l’existence d’aires culturelles différentes sur un même pied d’égalité.
C’est en réaction contre l’ethnocentrisme que le philosophe français Roger Garaudy dira :
L’Occident a confisqué l’universel. A partir de là il s’est cru autorisé à situer et à juger tous « les autres » en fonction de sa propre histoire, de ses fins et de ses valeurs (‘’Promesses de l’Islam’’, 1981, p. 157).
L’Occident a cherché à tirer parti de la vulnérabilité économique et financière de l’Afrique pour lui imposer ses valeurs culturelles au rang desquelles le Lgbt. Conscient que l’Islam peut constituer un rempart dans la partie Ouest de l’Afrique au-dessus du Sahara, il faut commencer par ce qui est supposé être le maillon le plus faible, l’Afrique Est-Sud chrétien. Mais quelle surprise et quelle déception !
En Namibie indépendante en 1990, le Premier ministre Sam Nujoma autour de son slogan ‘’Une Namibie hétérosexuelle’’ déclare la guerre au Lgbt. Lors d’une interview avec une journaliste de la radio anglaise BBC il présente l’homosexualité comme une perversité des Blancs qui cherchent à l’imposer en Afrique et se propose de la déraciner. Il décide de refuser à des Lgbt d’entrer dans le pays, d’expulser ou d’emprisonner ses compatriotes qui cherchent à s’y adonner. La réaction ne se fait pas attendre de l’extérieur : La Namibie est un Etat totalitaire. Deux autres chefs d’Etat de la sous-région Robert Mugabe au Zimbabwe et Noweri Museveni en Ouganda suivent la même démarche.
En 2010 l’Ouganda est éligible auprès de la Banque mondiale à un prêt de 90 millions de dollars pour renforcer son système de santé. En 2014, Museveni promulgue la loi de criminalisation de Lgbt. La BM suspend le prêt sous prétexte que cette loi est anti-développement parce qu’elle prive le pays de travailleurs Lgbt qui constituent une force de travail utile, et que les multinationales vont répugner à venir investir dans le pays. La BM est soutenue par le Danemark, la Norvège, la Hollande et les Etats-Unis. Le Secrétaire d’Etat américain John Kerry déclare que la loi anti-Lgbt est à l’image des lois antisémites des nazis et des lois de l’apartheid en Afrique du Sud.
Il est facile de faire table rase de ces arguments : (1) Durant des années, le développement des pays africains a été perturbé par le Sida transmis par les rapports homosexuels ; le Sida est apparu pour la première fois dans les milieux homosexuels de New York et de Los Angeles (2) les multinationales investissent là où elles comptent faire des profits. (3) La Banque mondiale a enfreint ses propres statuts qui ne lui permettent pas de s’immiscer dans la politique intérieure des pays, confinée qu’elle est au seul domaine économique et financier.
C’est là que l’on voit la véritable motivation ethnocentriste des Occidentaux en Afrique. Le Lgbt leur tient vraiment à cœur. C’est par leurs pressions financières que le nombre de pays à loi anti- Lgbt dans le monde est passé de 92 en 2006 à 71 en 2021. Mais dans l’ensemble de l’Afrique Nord et Sud, le nombre de pays anti-Lgbt est de l’ordre de 37.
Débat actuel sur l’homosexualité au Sénégal
Lors de la visite de Mélenchon ce 16 mai 2024, Ousmane Sonko dans son allocution, tout en restant courtois avec son invité, a insisté sur l’ancrage du Sénégal dans ses valeurs africaines et a critiqué le Lgbt. Mais au moment de conclure il a lâché cette phrase malheureuse : L’homosexualité est tolérée au Sénégal. Ce n’est plus le cas. C’est alors du pain bénit pour les naufragés du dimanche 24 mars : Sonko défend l’homosexualité. Ce qui n’est rien d’autre qu’un mensonge politicien revanchard. On ne doit pas faire de la politique avec des insultes. Le mensonge poussé trop loin comme ici devient une insulte.
Cette dernière phrase de Sonko ne relève que du lapsus, c’est-à-dire un relâchement de la pensée à un moment donné, au point d’exprimer autre chose que ce qu’on voulait dire. Sans doute du fait de la fatigue en fin de discours. Mélenchon lui, sait que Sonko n’a pas défendu l’homosexualité.
Sur le problème de l’homosexualité, Sonko a été clair :
Les velléités extérieures de nous imposer l’importation de modes de vie et de pensée contraires à nos valeurs risquent de constituer un nouveau casus belli.
Le casus belli est une locution latine qui signifie un acte susceptible de motiver une déclaration de guerre.
Les parties en opposition sont ici l’Occident et l’Afrique. Il ne peut être question de guerre, mais d’opposition culturelle, comme le précise Sonko. Il dit respecter le fait que la défense des minorités sexuelles soit érigée en débat prioritaire au sein des opinions occidentales. Mais dans des pays comme le Sénégal, cela soulève énormément de tensions et d’incompréhensions tant elle met face à face des cultures, des civilisations et des systèmes politiques à la vision diamétralement opposés ».
C’est cela défendre l’homosexualité ? Dans son allocution il a sans ménagement utilisé le terme wolof goor jiggen. N’oublions pas que Sonko avait envoyé un message de soutien au footballeur sénégalais Gana Guèye alors sociétaire du PSG, qui avait refusé de porter un maillot avec une effigie de propagande Lgbt.
Le casus belli est une locution latine qui signifie un acte susceptible de motiver une déclaration de guerre.
Les parties en opposition sont ici l’Occident et l’Afrique. Il ne peut être question de guerre, mais d’opposition culturelle, comme le précise Sonko. Il dit respecter le fait que la défense des minorités sexuelles soit érigée en débat prioritaire au sein des opinions occidentales. Mais dans des pays comme le Sénégal, cela soulève énormément de tensions et d’incompréhensions tant elle met face à face des cultures, des civilisations et des systèmes politiques à la vision diamétralement opposés ».
C’est cela défendre l’homosexualité ? Dans son allocution il a sans ménagement utilisé le terme wolof goor jiggen. N’oublions pas que Sonko avait envoyé un message de soutien au footballeur sénégalais Gana Guèye alors sociétaire du PSG, qui avait refusé de porter un maillot avec une effigie de propagande Lgbt.
L’homosexualité n’a aucun avenir en Afrique et particulièrement au Sénégal. Les Sénégalais de toutes ethnies et de toutes confessions la combattent. Le premier garde-fou contre le Lgbt est la réprobation populaire.
Le Coran condamne l’homosexualité à travers l’histoire racontée du prophète Loth (psl), contemporain et neveu du prophète Ibrahim (Abraham, psl) (Coran 7 : 80 – 81 ; 26 : 165-73 ; 27 : 55 ; 29 : 28-29). La Bible aussi
(Genèse 19 : 30-36) condamne l’homosexualité. On apprend que les lieux de naissance de l’homosexualité sont les deux cités Sodome et Gomorrhe du côté de la mer morte entre la Jordanie et Israël. Ces deux cités ont bel et bien existé, ayant été détruites par une giboulée de pierres comme sanction divine, nous dit le Coran. Leurs sites ont été découverts à une période récente par l’archéologue américain Ron Wyatt.
Ceci étant, il convient de s’atteler aux véritables problèmes de nature structurelle du pays, et en finir avec le débat sur l’homosexualité. Ce qui n’exclut pas la vigilance, mais il ne faut pas en faire un fonds de commerce.
Makhtar Diouf