Pour avoir dirigé le pays pendant 12 ans et conduit une coalition durant toute sa magistrature, Macky Sall croyait disposer encore d’une aura qui pourrait se traduire dans les urnes. A l’image d’un messie, il est donc venu répondre à l’appel de ses camarades libéraux pour contrer la vague Pastef. Mal lui en a pris, puisque l’ancien président a été battu à plate couture par son rival, Ousmane Sonko, par ailleurs Premier ministre. Selon les estimations, Pastef aurait environ 120 députés contre une quinzaine pour Takku Wallu. Autrement dit, Macky réussit à peine à avoir de quoi former un groupe parlementaire. La résistance n’aurait lieu qu’à Fatick et Matam, ses titres fonciers.
Pourtant, ces législatives sonnaient quelque part comme un second round de la présidentielle. Mais comme l’ont signalé certains journaux, ce matin, il y a eu un coup Ko. Macky Sall et sa coalition avec le Pds n’ont pas tenu face à l’ouragan Ousmane Sonko. Et le grand perdant reste sans conteste Macky Sall. Après avoir renoncé à un troisième mandat (malgré lui, disent certains), il avait le choix de s’éloigner de la vie politique et d’explorer une carrière internationale ou sous régionale ou alors revenir plus tard dans la vie politique au Sénégal.
Au lieu de cela, il a précipité son retour, vexé sans doute par les accusations de falsification des comptes publics, portées contre lui par Ousmane Sonko et les menaces de poursuites. C’est donc pour prendre sa revanche sur Sonko, empêcher le Pastef d’avoir une majorité qu’il a décidé de s’engager à nouveau.
Cependant l’ancien président avait oublié que les Sénégalais avaient sanctionné son bilan il y a juste 7 mois. Et que pour l’instant, il n’y a rien qui pourrait justifier un retournement de situation. La répression meurtrière des manifestations, la mal gouvernance, l’utilisation de la justice à des fins politiques, l’impunité à ses partisans,…sont autant de faits encore frais dans la mémoire des Sénégalais.
Il s’y ajoute que Macky Sall avait participé à disloquer son parti à la présidentielle en désignant un candidat (Amadou Ba) qu’il n’a pas soutenu par la suite. Son départ du pouvoir a précipité la désagrégation de l’Apr qui n’a jamais été structurée. Beaucoup de ses partisans sont allés former un autre parti avec Amadou Ba, à commencer par son frère Aliou Sall qui dit n’avoir plus sa place à l’Apr. De plus, Macky Sall avait mis fin à la coalition Benno bokk Yaakaar qui l’a soutenu pendant 12 ans. Il se déleste ainsi du soutien de ses alliés. D’ailleurs, c’était assez curieux de constater que les deux derniers partis présidentiels (Pds et Apr) réunis ont été incapables de couvrir les 46 départements du pays. La coalition n’est présente que dans 34 départements, laissant de côté les 12 autres.
En résumé, le patron de l’Apr n’avait plus un attelage lui permettant de gagner ces élections. Son allié, le Pds, semble avoir renoncé au combat politique avec la vieillesse de Me Wade et la démission d’un Karim, l’émir du Qatar qui veut piloter à distance la barque jaune-bleue. Les chances de Macky Sall étaient d’autant plus réduites qu’il n’est pas venu battre campagne et le doute persistait sur le fait qu’il allait venir voter ou pas. Cette i-campagne n’a jamais fonctionné et la coalition takku wallu a eu du mal à exister durant les 21 jours.
Au finish, c’est Macky Sall qui essuie un autre revers. Avec ce retour manqué, il sera bien obligé de se retirer et peut-être même d’accompagner à la retraite les Wade, Moustapha Niass, Bathily et autres Mamadou Ndoye et Decroix.