Les Législatives 2022 sont marquées par une abstention record de 53,4 %. Autrement dit, 3 757 356 électeurs n’ont pas voté sur un fichier électoral de 7 036 466 inscrits. Le nombre d’électeurs n’ayant pas voté, supérieur à celui des votants qui est de 3 279 110. C’est ce qui ressort d’une étude faite par le doctorant en information et communication, Ndiaga Guèye. 5 681 047 électeurs sénégalais n’ont pas voté aux élections législatives.
L’électorat inscrit sur les listes électorales est inférieur à l’électorat potentiel. En effet, le nombre de Sénégalais en âge de voter en 2021 est de 8 960 157 personnes, tandis que le nombre d’inscrits sur les listes électorales est de 7 036 466. Ainsi, il y a 1 923 691 Sénégalais qui ont le droit de vote, et non encore inscrits sur les listes électorales. Selon le chercheur en marketing politique, Ndiaga Guéye, au regard de ce qui précède, 5 681 047 Sénégalais n’ont pas participé aux Législatives 2022. Ce scrutin a ainsi enregistré une démobilisation électorale record avec un taux de non-participation de 63,40 %.
La non-participation à un scrutin correspond au total des abstentionnistes et des non-inscrits. L’abstention désigne les électeurs inscrits sur les listes électorales qui ne se sont pas rendus aux urnes. Tandis qu’un non-inscrit est un citoyen qui a le droit d’être inscrit sur les listes électorales, mais n’y figure pas. De son avis, l’issue des Législatives de 2022, négativement impactée par cette démobilisation électorale record, n’a pas été encore une fois, l’occasion de se poser des questions sur le processus électoral au Sénégal. L’étude montre que l’anomalie démocratique qu’est la non-participation au scrutin de 5 681 047 Sénégalais, n’a pas fait l’objet de débats, même si, dans une démocratique électorale, elle est un indicateur crucial de l’état de santé du processus électoral. Il indique que les débats de l’après-scrutin, comme à l’accoutumée, se sont surtout focalisés sur les résultats du scrutin, qui pour cette fois-ci, ont été notables pour l’opposition. Il a été ainsi constaté une prolifération de tentatives d’explications des résultats du scrutin, voire de justification de la non-participation, par des arguments simplistes, sans aucune base scientifique.
Aussi, il n’est pas étonnant que cette non-non-participation, d’une amplitude record, bien qu’elle devrait questionner sur la légitimité dans une démocratie électorale, n’occupe pas l’espace public national, au moment où le Sénégal est à quelques mois de l’élection présidentielle de 2024. Dans les démocraties établies, on s’interroge toujours sur ce phénomène de non-participation. De nombreuses études se font pour tenter de décrypter le processus électoral afin d’évaluer d’abord l’honnêteté du scrutin, et ensuite, de comprendre et expliquer le comportement de l’électeur. En Afrique, notamment au Sénégal, ce travail qui permet d’évaluer la démocratie électorale, est encore à développer. « Le principal obstacle à la recherche scientifique sur les questions électorales, au Sénégal, est la disponibilité de données fiables.
Toute tentative d’analyse de la participation électorale ou de l’abstention se heurte à de redoutables problèmes méthodologiques posés principalement par le recueil de données électorales officielles. En l’absence de ces données électorales fiables, il existe peu d’études universitaires qui puissent éclairer sur les stratégies de campagnes électorales des partis politiques et sur les déterminants des positionnements ou repositionnements politiques des électeurs » , dit-il. L’étude montre qu’il est important de remarquer et de faire remarquer, qu’une faible participation diminue l’incertitude électorale. En effet, elle permet de faire des projections sur les résultats d’un scrutin.
L’auteur recommande de mettre en place une mission pour discuter avec toutes les parties prenantes en réunion constitutive et commencer ses auditions dès ce mois de décembre 2022 en perspective de 2024. Le rapport final de la mission d’information devrait être publié dans un délai maximum de 6 mois, soit au plus tard en avril 2023, 10 mois avant la présidentielle de 2024. Ainsi, les députés disposent du temps nécessaire pour voter les modifications au Code électoral de Juillet 2021.