Le Projet GTE prévoit d’alimenter 11 millions de Sénégalais en eau potable d’ici 2050 (DG du Fonsis)
Le projet du Grand Grand Transfert d’eau (GTE) a été officiellement lancé ce jeudi a Dakar. Lors de la cérémonie, Babacar Gning, Directeur Général du Fonds Souverain d’Investissements Stratégiques (FONSIS), a rappelé que ce projet représente l’aboutissement de près de 40 ans d’efforts visant à résoudre durablement le problème de l’approvisionnement en eau au Sénégal. Ce transfert d’eau du lac de Guiers vers le triangle stratégique Dakar-Thiès-Mbour et Touba est conçu pour répondre aux besoins croissants en eau dans ces régions denses en activité économique et démographique, ainsi que dans la zone agricole des Niayes.
M. Gning a félicité le gouvernement pour son engagement envers ce projet stratégique, dont la mise en œuvre « est devenue un impératif national, tant du point de vue économique que financier ». Il a souligné le rôle du FONSIS, mandaté pour assurer la mobilisation de capitaux privés afin de réduire la pression budgétaire de l’État.
« Ce projet, qui sera la première autoroute fluviale du Sénégal, s’inscrit dans le Grand Programme des Autoroutes de l’eau et constitue une pierre angulaire de la Vision de Transformation Économique Sénégal 205. Le projet de transfert d’eau permettra, dès sa mise en service, de répondre aux besoins en eau potable de près de 5 millions de personnes, avec une projection de desserte pour 11 millions de Sénégalais d’ici 2050. En plus de favoriser la souveraineté alimentaire et la croissance économique, le projet devrait aussi contribuer à la création d’emplois et au développement territorial », a-t-il déclaré.
Ce dernier a également mis en avant le partenariat « stratégique » avec SinoHydro, une filiale de PowerChina, choisie pour ses références dans des projets similaires en Afrique et à l’international. « Sélectionnée à l’issue d’un processus compétitif, SinoHydro s’est distinguée par son engagement à soutenir les coûts des études de faisabilité, évaluant à environ 3 millions de dollars. Elle bénéficie également d’une solide expérience dans des projets similaires en Afrique et dans le monde, notamment en Algérie, en Angola et en Chine, où elle a achevé un pipeline de 800 km. Au Sénégal, le pipeline prévu couvrira 250 km, démontrant l’ambition de ce projet pour le pays », précisé le Dg du Fonsis.
En plus de ses compétences techniques, SinoHydro propose une offre financière compétitive pour la SPV (Special Purpose Vehicle) et s’engage à une exécution rapide pour répondre aux besoins urgents d’approvisionnement en eau. Babacar Gning a particulièrement souligné « la capacité de SinoHydro à mobiliser des ressources financières et techniques en collaboration avec l’État sénégalais, avec un engagement à employeur de la main-d’œuvre locale pendant la phase de construction si les études de faisabilité le confirment. »
« Le projet vise à assurer une distribution continue de l’eau dans les pôles densément peuplés de Dakar, Thiès, Mbour et Touba »
Il a exprimé sa confiance dans ce partenariat qui devrait permettre d’atteindre les objectifs socio-économiques du projet : accès à une eau potable à un prix abordable, appui au développement agricole, création d’emplois, et développement territorial. Ce partenariat stratégique incarne une collaboration durable pour le développement du Sénégal.
Prenant la parole, le représentant du ministre de l’Agriculture, de la sécurité alimentaire et de l’élevage a déclaré qu’il s’agit d’un programme « majeur et emblématique », aligné sur l’Agenda National de Transformation du Sénégal 2050 et la Stratégie de Souveraineté Alimentaire 2025-2029, visant à répondre durablement aux besoins en eau potable et en eau agricole du pays. « Ce grand projet de transfert d’eau représente une réponse concrète aux défis auxquels nous sommes actuellement confrontés », a-t-il salué.
Continuant sur sa lancée, il a expliqué qu’une bonne quantité des ressources en eau du Sénégal sont rejetés chaque année dans l’océan. « Les ressources en eau du Sénégal sont estimées à 35 milliards de mètres cubes, renouvelables annuellement, dont 31 milliards dans les nappes phréatiques et 4 milliards dans les eaux souterraines. Or, le secteur agricole, essentiel à la souveraineté alimentaire, utilise plus de 92% de cette ressource précieuse. Chaque année, 24 milliards de mètres cubes d’eau sont rejetés dans l’océan, une quantité qui pourrait être récupérée et redirigée pour soutenir notre agriculture et notre élevage dans les zones les plus arides. Ainsi, la maîtrise des eaux productives par les autoroutes fluviales, à l’image du grand projet de transfert d’eau du lac de Guiers, constitue un acte de souveraineté et une voie vers une croissance inclusive et durable », a détaillé le représentant du ministre.
Soutenir l’agriculture et l’élevage
Ainsi, le projet GTE a pour objectif de récupérer cette ressource pour soutenir l’agriculture et l’élevage, en particulier dans les zones arides. La maîtrise des eaux productives par ce réseau d’autoroutes fluviales, symbolisée par le projet de transfert d’eau du lac de Guiers, est considérée comme « un acte de souveraineté et une voie vers une croissance inclusive et durable ». Le projet vise à assurer une distribution continue de l’eau dans les pôles densément peuplés de Dakar, Thiès, Mbour et Touba, tout en soutenant le développement agricole et la création de « champions agricoles sénégalais ».
Le représentant a mis en avant l’ambition de renforcer l’accès à l’eau potable des ménages, des entreprises et des infrastructures publiques, tout en assurant l’approvisionnement en eau des zones agricoles. « Ce projet nous permettra, en plus des solutions qu’il constitue pour l’accès à l’eau potable, de nourrir les Sénégalais et de stimuler la création de richesses importantes dans le secteur agricole », a-t-il ajouté. Ce transfert d’eau est perçu comme une réponse aux impacts du changement climatique, permettant une agriculture plus « résiliente » et un soutien accru à l’élevage, essentiel à la survie des populations rurales.
Une agriculture plus productive
Soutenu par des infrastructures modernes et une coopération étroite avec les partenaires techniques et financiers, le projet de transfert d’eau répond à une double exigence de productivité et de durabilité. « Ce projet contribuera également à notre ambition de rendre l’agriculture sénégalaise plus productive et plus durable, en soutenant la mise en œuvre de pratiques agro-écologiques et en garantissant l’accès à l’eau pour les cultures à haute valeur ajoutée », a-t-il affirmé. De plus, il renforcera la résilience de l’agriculture sénégalaise en permettant une production tout au long de l’année, malgré les sécheresses récurrentes accentuées par le changement climatique.
Le représentant a également souligné que la réussite de ce projet repose sur un engagement collectif impliquant le secteur privé national, les partenaires techniques et financiers, ainsi que l’expertise des ingénieurs et techniciens locaux. « Nous voudrions inviter tous les acteurs de ce projet, agriculteurs, enseignants, ménages et collectivités locales, à s’engager ensemble dans une dynamique constructive en faveur de la mise en œuvre de cet important projet », a-t-il lancé en conclusion, en espérant que le GTE deviendra un pilier de la transformation structurelle de l’économie sénégalaise et de la souveraineté alimentaire.