;En juin 2022, douze personnes réputées pro-Pastef ont été arrêtées et placées sous mandat de dépôt pour de graves chefs d’accusation : complot contre l’autorité de l’État, actes de nature à occasionner des troubles politiques graves, association de malfaiteurs dans le but de s’attaquer à la force publique, détention et transport de produits et substances incendiaires en vue de compromettre la sécurité publique et détention illégale d’armes à feu. Les mis en cause étaient rattachés par l’accusation à un groupe taxé de dangereux : «Forces spéciales». Leur objectif était, disait-on, de déstabiliser le pays par des actes de guérilla urbaine visant des installations publiques stratégiques et même les intérêts français.
Mor Guèye était dans le lot. Cet ancien pompier, militant du parti de Ousmane Sonko depuis 2019, était présenté à l’époque de son arrestation en spécialiste des explosifs. Son surnom de «Commandant» n’était pas pour arranger son cas.
Il a été arrêté dans l’atelier de couture de son frère à Rufisque par des éléments armés jusqu’aux dents. Un peu plus de deux deux ans après ce terrible épisode de sa vie, qui lui a coûté son emploi et son épouse (qui l’a quitté), il jure que l’histoire des «Forces spéciales» a été montée de toutes pièces par l’ancien régime pour anéantir Pastef.
Mor Guèye révèle que «Forces spéciales» est le nom d’un groupe WhatsApp qu’il a créé. «Je pouvais l’appeler ‘Les Amazones’ ou ‘Les Danseuses’. Je n’avais aucune arrière-pensée en créant ce groupe; pour preuve, il n’était même pas actif», assure-t-il dans des propos relayés par Source A dans son édition de ce vendredi 10 janvier.
Pour les supposés liens entre les membres des «Forces spéciales», Mor Guèye botte en touche. «J’ai connu Pape Mamadou Seck [un des mis en cause, qui s’est évadé du Pavillon spécial avant d’être retrouvé près de Touba et reconduit en détention] en prison. C’est vous dire que c’est un dossier monté de toutes pièces, pointe-t-il. Tous les supposés membres de ce groupe ont été arrêtés à différents endroits «de Dakar» et certains à l’intérieur du pays. On ne se connaissait pas avant notre séjour à la Sûreté urbaine. Mon seul tort était d’appartenir au parti Pastef.»
Quid du surnom «Commandant», qui pourrait prêter à équivoque dans un dossier de cette gravité ? «C’est par pur hasard que mon surnom ait un lien avec cette histoire supposée, précise Mor Guèye. En réalité, je faisais partie de l’équipe de l’organisation du parti à Rufisque. Constatant que je venais toujours à l’heure et rentrais après tout le monde, Ousmane Diouf, professeur d’anglais de son état, m’a donné ce nom, en disant que j’opère comme un commandant.»
À signaler que Mor Guèye a refusé d’aller au fond du dossier «Forces spéciales», rappelant, selon Source A, que la loi d’amnistie l’interdit.