Exportation du pétrole nigérien: Le président béninois Patrice Talon explique pourquoi il interdit l’accès des navires au pipeline de Sèmè

0

Nouveau coup de froid dans les relations entre le Bénin et le Niger. Cotonou a interdit l’accès des bateaux à ses eaux territoriales pour charger le pétrole nigérien au niveau de la station terminale du pipeline à Sèmè.

Dans une récente interview, le président béninois Patrice Talon a expliqué cette décision. D’après l’ex-magnat du coton, le Niger ne peut pas interdire les échanges avec le Bénin en fermant ses frontières et espérer que des bateaux viennent accoster dans les eaux béninoises.

« Je considère qu’ils refusent ainsi que la plateforme de Sèmè serve le Niger »

« Ils refusent que les camions traversent le Bénin. Ils refusent que le port de Cotonou serve le Niger. Donc je considère qu’ils refusent aussi que la plateforme de Sèmè serve le Niger. Le Niger ne nous a pas saisis officiellement d’une raison particulière pour laquelle ils ont gardé leur frontière fermée. Ils ne nous ont pas saisis officiellement non plus de leur intention d’envoyer des bateaux chargés (leur pétrole). Ils ne l’ont pas dit. Ce sont les entreprises chinoises qui nous informent des intentions des autorités nigériennes. Même cette formule n’est pas convenable. Les Etats n’échangent pas entre eux via des prestataires privés » a rappelé Patrice Talon.

Il dit avoir clairement dit aux chinois, qu’il ne « peut pas avoir dans (les eaux du Bénin) des bateaux chinois pour charger des produits que les Nigériens eux-mêmes ont interdit de traverser le Bénin ». « Quand vous fermez les frontières, vous fermez les frontières pour les produits allant chez vous, pareil pour les produits venant de chez vous vers nous » a poursuivi Patrice Talon.

« C’est des contrats qui lient trois pays. Nous avons dit que ça ne peut pas être informel »

En réalité, le président béninois ne veut pas d’échanges informels entre les deux pays, surtout sur ce gros projet qu’ils ont en commun. « Ça c’est trop sérieux. C’est des contrats qui lient trois pays. Nous avons dit que ça ne peut pas être informel. Il faut que les relations économiques soient rétablies, pour que ce pétrole puisse traverser le Bénin et être chargé. C’est ce que nous avons dit. Nous n’avons pas reçu de réponse. Donc c’est à croire que les autorités nigériennes préfèrent que le pétrole nigérien traverse le Bénin de manière informelle, parce qu’ils estiment que le Bénin est un pays ennemi, peut-être. Les autorités béninoises sont des ennemis » a déclaré Patrice Talon.

Il trouve que si le Bénin et ses autorités sont considérés comme tels, alors le maïs béninois doit également être vu comme un maïs ennemi, parce que les autorités béninoises par solidarité ont accepté que cette céréale et bien d’autres fassent l’objet d’un trafic informel à Malanville (ville frontalière) bien que le Niger ait gardé sa frontière fermée.

« Le Niger est un pays ami »

« On ne peut pas nous voir comme des ennemis et vouloir de nos biens, de nos efforts, de notre collaboration, autrement que dans l’adversité. Ce n’est pas notre vision à nous. Le Niger est un pays ami. Nous avons dit que nos eaux, qui font partie du territoire du Bénin ne peuvent pas faire l’objet d’un trafic illicite, d’échanges informels. Si vous voulez charger votre pétrole dans nos eaux, alors vous devez considérer que le Bénin n’est pas un pays ennemi et que le territoire du Bénin ne peut pas faire l’objet de trafic illicite ou bien encore d’échanges informels » a clairement fait savoir Patrice Talon.

« Si demain les autorités nigériennes décident de collaborer avec le Bénin… »

Il assure que le Bénin est disposé à mettre à disposition son territoire, son administration et ses moyens pour les échanges avec le Niger. Seulement, ces échanges ne peuvent pas se faire de manière informelle. « Si demain les autorités nigériennes décident de collaborer avec le Bénin, de manière formelle, les bateaux vont charger » assure le locataire du Palais de la Marina.

laissez un commentaire