La Conférence des établissements privés d’enseignement supérieur du Sénégal (CEPES) a tenu, ce mercredi 9 avril, une assemblée générale exceptionnelle axée sur un enjeu central : l’assurance qualité dans l’enseignement supérieur privé. Ce rendez-vous a rassemblé divers acteurs du secteur, soucieux d’évaluer l’état des lieux et d’explorer les voies d’amélioration pour garantir aux étudiants une formation reconnue et valorisée.
Lors de cette rencontre, le professeur Cheikh Sene, directeur sortant de l’enseignement supérieur privé, a exposé un bilan détaillé de la situation des établissements. Il a rappelé que le ministère dispose d’un répertoire des établissements agréés, recensant ceux qui ont obtenu une autorisation d’ouverture.
Selon lui, trois catégories d’établissements se distinguent actuellement : « les établissements qui ont un agrément provisoire, ceux qui disposent d’un agrément définitif mais peinent à obtenir l’habilitation institutionnelle, et enfin, ceux qui ont franchi toutes les étapes et sont pleinement habilités ».
L’assurance qualité repose sur un processus graduel : « Quand un promoteur demande à ouvrir un établissement, on lui donne un agrément provisoire. Mais au terme de la première année, il a l’obligation de soumettre sa candidature à l’habilitation institutionnelle », a expliqué le professeur Cheikh Sene. Ce passage constitue la première étape avant l’accréditation des programmes, condition essentielle pour garantir une reconnaissance académique et professionnelle des diplômes.
Face aux critiques récurrentes sur une éventuelle baisse de niveau, le professeur Cheikh Sene défend la qualité des formations dispensées : « L’enseignement supérieur du Sénégal est de très bonne qualité. On en veut pour preuve les résultats de l’Anaq-Sup, avec 131 programmes de licence accrédités, 79 de master et plusieurs doctorats ». Il concède toutefois que certains établissements peinent à répondre aux exigences de l’assurance qualité, d’où l’importance des recommandations formulées pour les accompagner dans cette démarche.
La question de la transparence dans le choix des établissements a également été abordée. De plus en plus, les étudiants et leurs parents cherchent à s’informer avant de s’inscrire. « Aujourd’hui, ils prennent la peine d’appeler le ministère pour vérifier le statut des établissements », dit-t-il. Un répertoire officiel, mis à jour et accessible en ligne sur les sites de l’Anaq-Sup et du MESRI, répertorie les établissements reconnus, ainsi que les programmes accrédités.
Le docteur Jean-Marie Latyr Sene, président de la CEPES, a insisté sur l’importance de cette assemblée générale, qui vise à renouveler les instances de l’organisation et à débattre des enjeux majeurs du secteur. Il a rappelé que la qualité doit être au cœur des préoccupations des établissements privés : « Nous voulons sensibiliser nos membres pour qu’ils puissent entrer dans le processus d’assurance qualité, obtenir l’agrément, l’habilitation et faire accréditer leurs diplômes ».
Contrairement aux idées reçues, les établissements privés ne sont pas en marge des standards de qualité exigés par l’État. « Il n’y a pas de difficultés particulières sur l’assurance qualité. Le conférencier l’a souligné : il y a au moins 70 % de réussite aux habilitations et 68 % pour les accréditations », affirme le président de la CEPES.
Cependant, l’accès à l’habilitation institutionnelle reste un défi pour certains établissements, notamment ceux récemment créés. « L’assurance qualité est un processus qui prend du temps. Ce n’est pas immédiat », précise-t-il tout en indiquant la nécessité pour le ministère de jouer pleinement son rôle d’accompagnement.
La question de la reconnaissance des diplômes a suscité de nombreux débats. Certains étudiants se retrouvent confrontés à des difficultés lorsqu’ils découvrent que leur diplôme n’est pas accrédité. Sur ce point, le docteur Jean-Marie Latyr Sene appelle à nuancer les termes : « Ce n’est pas parce qu’un diplôme n’est pas accrédité qu’il n’est pas reconnu. L’habilitation permet de délivrer des diplômes valables, mais seule l’accréditation ouvre la porte à certains débouchés, notamment la fonction publique ».
Le débat sur l’employabilité des diplômés reste ouvert. Pour le président de la CEPES, « l’employabilité ne se résume pas à un papier, mais à des compétences. Ceux qui maîtrisent leur domaine trouvent du travail, quelle que soit la nature du diplôme ».
Afin d’éviter toute confusion, la CEPES s’engage à renforcer l’accompagnement de ses membres et à encourager tous les établissements à finaliser leur habilitation. « Sur la trentaine de membres que nous comptons, tous ont soit l’agrément définitif, soit l’habilitation. Nous allons aider ceux qui ne l’ont pas encore à l’obtenir », assure-t-il.
Si certains établissements sont encore en phase de transition, la majorité respecte les normes imposées. Toutefois, le président de la CEPES reconnaît l’existence de structures qui se sont développées sans suivre le cadre réglementaire, notamment à la suite de la crise sanitaire. « Beaucoup d’établissements ont ouvert avec la Covid, puis ont fermé, mais restent comptabilisés dans les chiffres », explique-t-il.
Le ministère reste l’instance compétente pour encadrer et assainir le secteur. « Nous ne pouvons qu’accompagner les établissements dans la mise en conformité, mais c’est au ministère de prendre les décisions nécessaires », rappelle-t-il.