Lors du lancement de la coalition Yewwi Askan Wi le 2 septembre 2021, initiée par le PUR de Serigne Moustapha Sy, le Pastef de Ousmane Sonko et la plateforme Taxawu Sénégal de Khalifa Ababacar Sall, le leader de Geum Sa Bop avait quitté la salle pour dénoncer « la manière cavalière avec laquelle le nom et les couleurs de la coalition ont été retenus sans l’implication des membres ». Dans le feu de l’action, Bougane Gueye Dany déclarait que ce qu’il a constaté au sein de ce qui allait devenir la grande coalition de l’Opposition n’est que de la sorcellerie (Yeuf Deum en Oualof). Deux ans après la naissance de cette coalition, l’histoire lui semble avoir donné raison.
Bougane Gueye Dany qui avait signé la charte de Yewwi Askan Wi « sous réserve » n’avait pu poursuivre le compagnonnage. Les leaders lui avaient dit qu’il n’y a pas de signature sous réserve. Pourtant, fustigeait-il, personne des membres qui étaient sur le présidium – lors de la cérémonie de lancement – était au courant du nom de la coalition ni voir le Logo ni même la nature des couleurs de la nouvelle entitée. « Parmi la vingtaine de personnes qui étaient présentes à cette rencontre, je crois que seuls deux leaders (Ndlr : Ousmane Sonko et Khalifa Ababacar Sall) ont pris cette décision« , avait-il pesté lors d’une conférence de presse.
Mais n’empêche, Yewwi Askan Wi a été lancée compte non tenu des préoccupations du leader de Guem Sa Bop qui ne manquaient pourtant pas de pertinence. Suffisant pour que ce dernier se démarque en alertant sur les attitudes de ceux qui dirigent la coalition.
Les faits sont têtus
Aujourd’hui, la situation au sein de cette coalition est telle qu’il est difficile de refuser à Bougane Gueye d’avoir eu raison. Les faits sont têtus. Et le maire de Thies ne dira pas le contraire. Dr Babacar Diop qui n’avait plus reçu de convocation après avoir dénoncé vivement le procédé utilisé par YAW dans le cadre des investitures en vue des législatives de 2022. Et ce même, jusqu’à ce qu’il conjugue la coalition au passé. Dans un entretien spécial à ITV, l’édile a soutenu avoir contacté Habib Sy pour en avoir le cœur net sur son sort, en vain.
Mais qui aurait cru que les leaders eux-mêmes, jadis pointés du doigt par Bougane Gueye, auraient profondément pousser le bouchon au point de s’entredéchirer pour un oui ou pour un non ?
Le dialogue national explose Yewwi
Le dialogue national a dévoilé la face invisible de l’iceberg. Et la décision de l’un des précurseurs, si ce n’est même l’initiateur de Yewwi d’y prendre part a précipité le chaos. Déjà avant le lancement dudit dialogue, Khalifa Ababacar Sall a été hué le 12 mai 2023 lors d’un rassemblement à la Place de la Nation pour avoir accepté de prendre part à cette rencontre appelée par le Président Macky Sall. Ce qui est à l’origine du clash fatal entre le maire de Dakar Barthélémy Dias et Ousmane Sonko. Depuis, impossible de recoller les morceaux. On accuse les responsables de Taxawu de traitres. Et les secousses se sont fait ressentir jusqu’au sein de l’hémicycle où les députés de cette coalition n’arrivent plus à parler le même langage. Des discours, les uns plus musclés que les autres.
« Lékanté » entre Taxawu et ex Pastef
La goutte d’eau qui a fait débordé le vase est sans nul doute, l’exclusion de la plateforme Taxawu Sénégal de la coalition Yewwi Askan Wi. Après la publication du document, le maire de la ville de Dakar a tiré à boulets rouges sur les auteurs du texte qu’il qualifie de torchon. Non sans scinder la coalition en trois parties dont les « uns, les autres et les etc« . Pour dire qu’il n’est pas impressionné par cette trouvaille faite des trois leaders, des gens qui sont venus autour de la table après les négociations et des « frustrés de la 26e heures ».
Le patron de Taxawu Sénégal Khalifa Ababacar Sall en a rajouté une couche hier, dimanche lors d’un meeting. «Yewwi a décidé de la pluralité des candidatures pour la présidentielle. Il n’a jamais été envisagé de choisir un candidat unique de Yewwi Askan Wi. Donc, puisqu’il n’a pas été discuté de candidature unique, qui avons-nous trahi ? Qu’on ne nous fasse pas parler. Nous, nous ne sommes pas des traitres», a-t-il notamment répliqué. Toute choses qui semble donner raison à Bougane Gueye pourvu que Yewwi se dévoile à la face du monde comme une coalition où le « plus fort » cherche toujours à piéter l’autre.