Ils savent, mais préfèrent se taire ou se bander les yeux pour ne rien voir. Sur la gravité de l’état de santé d’Ousmane Sonko, on n’était alertés qu’à travers la voix larmoyante du doyen de son collège d’avocats. Personne ne le croyait, cet avocat, surtout qu’un marabout avait distillé l’idée qu’Oscar Sierra nous jouait une comédie de mauvais goût. Ses détracteurs rigolaient de sa grève de faim qu’il avait interrompue avant de la reprendre.
Un de ses plus farouches détracteurs, tout en le traitant de personne de mauvaise foi, déclarait péremptoire que celui qu’il considère comme un épicurien, adepte du lucre et de la bonne vie, ne se laisserait sans doute pas mourir de manière aussi sordide.
Le summum de la méchanceté et du cynisme. Bref, pour ces gens, le gréviste de la faim le plus célèbre du pays jouait de la comédie. Avec certainement la complicité de médecins militaires de l’hôpital Principal et l’Administration pénitentiaire qui font supporter à l’Etat les frais d’hospitalisation d’un malade imaginaire. Hier, ceux qui ont parcouru la correspondance de l’Administration pénitentiaire adressée à la nouvelle Garde des Sceaux ainsi que le dossier médical du patient, pourraient bien se demander si ces gens qui ricanent sur la santé d’Oscar Sierra ont du cœur. Ou s’ils respectent la vie humaine tout court.
Comment peuvent ils connaître l’état préoccupant d’un détenu politique et adopter le silence sans réagir ? Une correspondance alarmante qui date du 24 octobre, preuve que ces gens se fichent que l’opposant crève en prison. Jamais sans doute dans l’histoire politique du Sénégal de ces quarante dernières années, nous n’avons assisté à tant de cynisme d’un pouvoir qui assiste avec jouissance à la détresse d’un opposant.
Pour des raisons humanitaires, des grévistes de la faim ont bénéficié, dans des pays où l’on se préoccupe du respect de la vie humaine et des droits de l’homme, d’un élargissement. Qu’est-ce que ça leur coûte de libérer Sonko dont les droits sont bafoués depuis 2021 ? Ce que d’ailleurs admettent tous les juristes de bonne foi. La sortie menaçante du Procureur n’y changera rien.
La diffusion de ces rapports est une alerte de la structure sanitaire et de l’Administration pénitentiaire. Une façon très diplomatique pour elles de dégager toute responsabilité face une situation dont le dénouement est entre les mains du seul qui décide dans ce pays.
KACCOOR BI – LE TEMOIN