Christian Giménez : « quand je suis revenu à mon meilleur niveau physique à l’OM, il était déjà trop tard»

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L’Olympique de Marseille défiera le FC Bâle en 8es de finale de Ligue Europa Conférence. Une affiche forcément particulière pour un certain Christian Giménez. Le buteur argentin a en effet évolué dans les deux clubs, avec des fortunes diverses. Star au Parc Jakob, où il enchaînait les buts (113 pions en 162 matches avec le FCB) et les prestations de qualité (il a fait trembler les filets de Manchester United, Liverpool ou encore la Juventus en Ligue des Champions), le natif de Buenos Aires n’avait pas su confirmer dans le sud de la France malgré une énorme attente (2 petites réalisations seulement en 33 apparitions). Entretien.

Foot Mercato : Christian Giménez, deux de vos anciens clubs, le FC Bâle et l’Olympique de Marseille, se rencontrent en 8e de finale de Ligue Europa Conférence. Suivez-vous toujours ces deux écuries ?

Christian Giménez : oui, je suis toujours les deux clubs. J’ai des sentiments partagés parce que, à Bâle, c’était très bien, à Marseille, pas autant, mais ça m’a donné beaucoup d’expérience pour la suite de ma carrière européenne.

FM : comment imaginez-vous ce duel ?

CG : ce sont deux équipes expérimentées sur la scène européenne, je vois une éliminatoire très serrée. Jorge Sampaoli est un entraîneur super connu, très important en Argentine, il a notamment dirigé la sélection, il pratique un football très attractif. Avec le football vertical de Bâle, ça va être une bonne éliminatoire. Cela risque d’être dur pour les joueurs, mais très attractif pour les supporters.

FM : peut-on dire que vous avez passé les meilleures années de votre carrière à Bâle ?

CG : j’ai passé quatre ans là-bas, j’y ai véritablement terminé ma formation comme joueur de football professionnel, avec toutes les limites qu’implique le football suisse. J’avais d’ailleurs toujours dit que si un jour j’en avais l’opportunité, je quitterai Bâle pour aller dans un top club européen, ce que j’ai fait en allant à Marseille. J’ai eu la chance de marquer énormément de buts là-bas, d’apprendre et de me former. Mon rapport avec les gens et les supporters là-bas était extraordinaire.

FM : au moment de quitter Bâle, en 2005, aviez-vous d’autres options que l’OM ? Pourquoi avoir opté pour le club phocéen ?

CG : à ce moment, il y avait eu d’autres options. Sochaux était aussi intéressé, tout comme le Hertha Berlin, où j’ai joué plus tard. Il y avait un club d’Arabie Saoudite aussi, Trabzonspor en Turquie. Mais, en fin de mercato, c’est l’OM qui s’est manifesté concrètement. Je n’ai pas hésité, je me souviens que Didier Drogba venait de quitter le club cet été-là et c’était un honneur de lui succéder, c’était un défi génial pour ma carrière. Le genre de défis que j’aime. Ce n’était pas trop de pression, même si les résultats n’ont pas été ceux escomptés alors que ça avait plutôt bien commencé. Cela n’a pas été la meilleure saison de ma carrière, c’est le football.

FM : avec le recul, qu’est-ce qui n’a pas fonctionné à Marseille ?

CG : quand je suis arrivé, je n’étais pas à la hauteur du club, physiquement parlant. Quand je suis revenu à mon meilleur niveau physique, il était déjà trop tard car le club avait recruté deux nouveaux attaquants au mercato d’hiver (Mickaël Pagis et Toifilou Maoulida, ndlr). Dans ce genre de clubs, tu dois avoir un rendement immédiat. Ça a été dur de retrouver du temps de jeu pendant la saison. J’ai dû quitter le club et être prêté au Hertha Berlin. J’ai laissé beaucoup d’amis à Marseille, j’ai malgré tout passé une très bonne saison là-bas.

FM : avez-vous commis des erreurs lors de votre saison marseillaise ?

CG : comme je vous l’ai dit, je n’étais pas à 100% physiquement et je n’en ai pas parlé avec le préparateur physique. Je n’étais pas arrivé à mon meilleur niveau, je n’étais pas au niveau de mes partenaires. Et au lieu de m’arrêter, de me reposer pour rebondir, j’ai forcé, j’ai continué à m’entraîner. Je n’étais bien ni physiquement ni en termes de confiance. Je n’étais jamais arrivé dans un club en cours de saison. J’ai pris la mauvaise décision de forcer. Sinon, je suis sûr que mon passage à Marseille aurait sans doute été différent.

FM : quel souvenir gardez-vous de cette saison ?

CG : il y avait une équipe énorme : Ribéry, Nasri, Lamouchi, Déhu, Barthez, Niang. De très grands joueurs, de niveau international, d’une grande qualité. C’était un vestiaire excellent. C’est aussi l’un des meilleurs publics pour lequel j’ai joué. Boca Juniors en 1, Marseille en 2, c’est le Boca d’Europe.

FM : justement, Pablo Longoria, le président de l’OM, comparait récemment l’OM à Boca Juniors en ces termes.

CG : je suis absolument d’accord avec le président ! Ce sont les deux meilleurs publics du monde. J’ai eu la chance de jouer dans ces deux clubs, qui représentent la passion et l’essence même du football.

FM : avez-vous été marqué par un souvenir en particulier à l’Orange Vélodrome ?

CG : je me souviens d’un match en particulier. Je n’étais pas le préféré du public, loin de là. Mais il y a un match au cours duquel je suis passé de mal-aimé à ovationné en une seconde lors d’une fin de match en Coupe de France (OM-Metz, 16e de finale). C’était mon deuxième but avec Marseille (entré à la 88e, il marque à la 90e). Tout a changé en un instant dans le stade. C’était incroyable.

FM : après cet exercice compliqué à Marseille, vous partez pour le Hertha Berlin. Comment s’était passée cette expérience en Allemagne ?

CG : c’était une très bonne expérience en Allemagne, excellente, fantastique. J’ai marqué 14 buts cette saison-là. Nous étions la deuxième meilleure attaque de Bundesliga, c’était vraiment une expérience excellente. Marseille m’a aidé, car j’avais l’expérience d’un football de haut niveau en Europe. Avec l’expérience en France et mon bagage acquis en Suisse notamment, j’ai pu faire de bonnes choses là-bas.

FM : aujourd’hui, vous êtes devenu agent. Cette reconversion vous satisfait-elle ?

CG : je suis devenu agent, j’aime ce que je fais. Mon agence s’appelle G&G 13 SPORT AG. J’ai des joueurs en Suisse, en Espagne, en Argentine, etc. La philosophie de mon agence est ouverte, je ne m’intéresse pas qu’aux cracks, mais à tous les joueurs qui ont besoin d’un coup de pouce pour progresser et faire décoller leur carrière.

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