Macky Sall avait soutenu qu’il n’allait pas se présenter en 2024, s’il est réélu en 2019. 4 ans plus tard, le Président entretient le flou. Va-t-il renier sa parole, en se déclarant candidat ? Quel dauphin pour le camp présidentiel en cas de non-candidature du chef de l’Etat ? Ce dernier n’en a pas choisi. C’est tout l’enjeu de sa déclaration d’aujourd’hui. Macky Sall va déterminer la place qu’il souhaite occuper dans l’histoire.
C’est sans nul doute la déclaration la plus attendue. Macky Sall, le Président sortant, va clarifier aujourd’hui ses intentions pour la Présidentielle de 2024. Mais la question, qui taraude les esprits, demeure le choix d’un dauphin issu de l’Apr -locomotive de Benno- pour briguer la présidence du pays, en 2024, au cas où le chef de l’Etat décide de ne pas être en course, risque de faire imploser le parti au pouvoir.
Adouber le Premier ministre Amadou Bâ comme dauphin pourrait ne pas être partagé par certaines franges apéristes. Tout comme désigner le président du Cese, Abdoulaye Daouda Diallo, n’emporterait pas l’adhésion de beaucoup de membres de la formation politique présidentielle. Ces deux responsables de l’Apr et dignitaires du régime du Président Macky Sall, tiendraient la corde pour arborer le costume de dauphin.
Les divisions vont s’exacerber, en tout cas, quelle que soit la personnalité que choisirait le Président Macky Sall, si ce dernier décide de ne pas se représenter. Même des candidatures parallèles ne sont pas à exclure, à l’image de ce qui a été vécu durant les dernières élections locales. Le Président Sall n’a pas songé à trouver un dauphin parmi ses nombreux partisans ou alliés. D’où les difficultés du camp présidentiel à bien se préparer et à bien positionner son futur candidat à la prochaine échéance présidentielle. Malgré tout, la principale interrogation demeure au sujet de la majorité présidentielle : qui pour défendre les couleurs de Bby en 2024, en cas de retrait de Macky Sall ?
Etre en course ou se dédire
Macky Sall, qui avait soutenu en public, la veille de l’élection de 2019, que s’il obtient le suffrage des Sénégalais pour un deuxième mandat, il n’allait pas se présenter en 2024 car il a «verrouillé» la Constitution, va-t-il renier sa parole ? Dans quelques heures, le principal intéressé va arrêter le suspense. De sa déclaration va dépendre sa place dans l’histoire du Sénégal et de l’Afrique. En effet, arrivé au pouvoir en 2012, Macky Sall a un bilan économique qui force le respect. Cette même année, le budget du pays était à un peu plus de 2200 milliards de francs Cfa. Pour 2024, on parle de 7000 milliards. Même les aveugles ont pu voir cette progression fulgurante en 12 ans. Macky Sall s’est attelé à faire de l’équité territoriale une réalité.
Sachant que la population sénégalaise se multiplie par 2 chaque demi-siècle, il a anticipé sur les problèmes de mobilité urbaine, en dotant la capitale, qui concentre plus de la moitié de la population sur moins d’un pour cent de la superficie du pays, de transport de masse à la pointe de la modernité. Le Brt va bientôt voir le jour et le Train express régional est dans une logique de desservir Mbour et Thiès.
En plus, il ambitionne de relancer la ligne ferroviaire Dakar-Bamako dans un futur proche. Les infrastructures autoroutières ont fini de convaincre les Sénégalais, sur sa volonté de positionner le pays sur les rails de l’émergence. Taux de croissance, filets sociaux, développement de l’agriculture, entre autres, voilà autant de sujets dont Macky Sall peut se targuer d’avoir réalisé ce qu’aucun Président du Sénégal n’a pu faire.
Va-t-il prendre le risque d’inscrire son nom comme le Président qui s’est dédit, au risque de jeter aux oubliettes tout ce qu’il a réalisé pour son pays ? C’est l’enjeu de cette Présidentielle. Même si la Constitution l’autorise à se présenter, Macky Sall sait bel et bien que le Sénégal accorde plus de valeur à la parole donnée qu’à toute loi. Abdoulaye Wade en est la preuve. S’il se déclare candidat, comment Macky Sall va expliquer aux Sénégalais qu’il accepte désormais ce qu’il a combattu il y a 12 ans ? En plus de cela, Macky Sall doit intégrer un fait important. Il s’agit de la percée de l’opposition.
En effet, le duel imposé par Ousmane Sonko, s’est avéré fructueux pour l’opposition. Lors des élections municipales, la perte de certaines grandes villes avait été expliquée par la division des leaders de Benno Bokk Yakaar. Quelques temps après, l’opposition a failli imposer une cohabitation à la mouvance présidentielle. Qui a obtenu de justesse la majorité parlementaire, et ce, malgré l’union sacrée décrétée par Macky Sall.
Il serait naïf de croire que cette poussée de l’opposition, nourrie par les événements de mars 2021, va s’estomper s’il se présente, tout en sachant que juin 2023 a été plus macabre. En plus, la condamnation de Ousmane Sonko, a tort ou à raison, est perçue comme un énième coup politique visant à écarter un adversaire.
Le Quotidien