Le gendarme retraité est rattrapé par un dossier remontant à 2018. Voici les révélations du journal Libération.
Selon des informations de Seneweb, l’adjudant-major de la gendarmerie en retraite Alioune Kandji est détenu depuis vendredi dernier à la prison centrale de Kaolack. Il a été arrêté par les éléments de la Sûreté urbaine (SU) de Dakar qui, le même jour, l’ont mis à la disposition de leurs collègues de Kaolack.
«Major Kandji» devrait être extrait de sa cellule cette semaine pour être inculpé. Il est poursuivi pour association de malfaiteurs, escroquerie, faux et usage de faux, diffusion de fausses nouvelles, outrage à magistrat, outrage à commandant de la force publique dans l’exercice de ses fonctions.
Dans son édition de ce lundi, Libération révèle les dessous de cette affaire qui remonte à 2018. D’après le récit du journal, le gendarme en retraite avait vendu à l’homme d’affaires Mansour Sy des terrains situés sur le lotissement du Chemin de fer à Kaolack.
Les deux parties s’accordent pour 28 millions de francs CFA. L’acquéreur verse un acompte de 2 millions puis le reliquat par chèque Ecobank. Il reçoit en retour une décharge manuscrite du vendeur.
Conventions de location
Le vente scellée, «Major Kandji» remet à Mansour Sy des conventions de location portant sa signature à la place des actes de cessions. Lorsque l’homme d’affaires signale cette anomalie, le gendarme retraité le rassure et lui promet même «qu’il obtiendrait son autorisation de construire», rapporte Libération.
Sy va déchanter. Sa demande d’autorisation de construire est rejetée par le service régional de l’Urbanisme de Kaolack, qui lui signale que le site relève du domaine public et qu’il n’a pas été déclassé. Il dépose une plainte qui concerne Kandji mais également Moustapha Guèye, agent au bloc fiscal de Kaolack, et un certain Mamadou Sarr. Ces derniers lui avaient vendu des parcelles sur le même site.
Une enquête est ouverte. Les parties sont entendues; les services compétents de l’État en matière foncière saisis. Le bureau des Domaines de Kaolack confirme que les parcelles en question se situent dans le domaine public et que les terrains cédés par Kandji doivent même être aménagés en «Boulevard du Cœur de ville». En écho, le service régional d’Urbanisme signale qu’aucune procédure d’attribution d’une autorisation de construire sur le site à un privé n’était envisageable.
Contrats de prestations, graves accusations
Informés des résultats de ces réquisitions, Moustapha Guèye et Mamadou Sarr remboursent à Mansour Sy les 14 millions de francs CFA qu’il leur avait remis pour les lots acquis sur le site. «Major Kandji», lui, refuse de retourner les 28 millions encaissés, renseigne Libération.
Face aux enquêteurs, le gendarme en retraite revendique la paternité des terrains qui seraient, selon ses dires, la contrepartie en nature de ses prestations en tant que responsable de la sécurité des Chemins de fer de Kaolack. Mais s’il a présenté le contrat pour les prestations invoquées, il n’a fourni aucun document légal prouvant que son employeur lui avait attribué les parcelles en guise de paiement.
De plus, souligne Libération, «Major Kandji» avait affirmé avoir remis une partie des 28 millions de francs CFA reçus de Mansour Sy aux responsables de la DSCOS et de l’Urbanisme d’alors. Des affirmations qu’il n’a pu prouver, selon le journal.
Bouclier humain, 15 millions F CFA, Pastef
Sur instruction du procureur de Kaolack à l’époque de faits, le commissariat central de la localité adresse une convocation à Alioune Kandji. Ce dernier jure qu’il ne déférera pas. C’était en novembre 2022. La SU de Kaolack saisit alors celle de Dakar pour localiser et arrêter le mis en cause.
«Lorsque les éléments de la SU de la capitale se sont rendus à son domicile, Alioune Kandji s’était retranché dans une chambre avec ses enfants et petits-enfants mineurs, relate Libération. Pire, il avait déclaré aux policiers qu’il tenait une arme et qu’il n’hésiterait pas à en user s’ils devaient l’arrêter. Devant cette situation, les policiers s’étaient repliés.»
L’affaire va se calmer. «Un intermédiaire de l’ancien régime a remis à la partie civile, pour le compte de Kandji, 15 millions de francs CFA sur les 28 millions», souffle Libération. Le gendarme retraité doit donc encore 13 millions au plaignant.
Le non-versement de ce reliquat est d’ailleurs à l’origine de l’arrestation de «Major Kandji». Mais les choses se sont corsées pour ce dernier parce que, révèle Libération, il «avait tenté de salir le commissaire de police de Kaolack, les éléments de la SU venus le cueillir et les magistrats chargés du dossier, allant même jusqu’à les taxer à l’époque d’être membres de Pastef».