Personne ne l’aurait cru, en tout cas jusqu’à hier. Lors de l’examen en commission technique du projet de loi d’amnistie, les députés de l’ex-Pastef ont adopté, une posture qui n’a jamais été la leur. Suscitant de vives interrogations dans l’opinion publique.
Macky Sall est en train d’abattre ses dernières cartes politiques avant de quitter le pouvoir le 2 avril prochain, comme il l’a dit et réaffirmé, il y a quelques jours. En effet, après avoir misé sur le Parti démocratique sénégalais (Pds) avec les députés duquel il a pu rendre effectif le report de l’élection présidentielle initialement prévue pour le 25 février dernier, il est revenu à la charge. Cette fois-ci, il a jeté son dévolu sur l’ex-Pastef d’Ousmane Sonko, son principal opposant. Que s’est-il réellement passé ? L’examen du projet de loi d’amnistie (février 2021-Février 2024), qu’il a lui-même initié, en vue de faciliter l’apaisement de l’espace public, a commencé à produire des effets politiques, même si le texte est fortement critiqué par une bonne partie de l’opposition, du pouvoir et les membres de la société civile.
Lors de la rencontre de la Commission des Lois, ce mardi matin, les quatre députés de Pastef, dont Birame Souleye Diop, se sont tous abstenus. Une attitude qui n’a surpris plus d’un observateur de la scène politique sénégalaise.
Seuls les députés du Parti de l’unité et du rassemblement (Pur) et celui de Taxawu Sénégal ont rejeté ledit projet.
Pour les deux députés du Parti démocratique sénégalais (Pds) présents dans ladite commission, l’on nous informe que l’un a voté pour, l’autre s’est également abstenu.
« À l’ex-Pastef, votre ambiguïté sur le projet de loi d’amnistie ne vous différencie pas des politiciens habituels. Nous verrons à la plénière », a réagi Birahim Seck du Forum civil sur l’article de Seneweb annonçant l’adoption du projet de loi d’amnistie.
Du côté de Taxawu Sénégal, l’on se moque déjà des ex-alliés de Yewwi Askan wi. « Ils criaient sur tous les toits disant qu’ils étaient meilleurs que tous les autres hommes politiques, aujourd’hui, l’histoire a démontré que c’était faux. Les gens du Pastef sont des politiciens qui ont des intérêts pas tout à fait forcément ceux de la Nation », a souri un élu et membre de la coalition « Khalifa Président ».
Un analyste politique, qui préfère attendre la plénière pour constater, s’est voulu être prudent :« Nous sommes en politique et en politique, il faut le dire, rien n’est impossible. Les intérêts ne sont pas toujours les mêmes, les positions aussi ».
En tout état de cause, aucun démenti formel n’est pas, jusqu’ici, fourni à propos des folles rumeurs autour d’un supposé dialogue entre Macky Sall et Ousmane Sonko.
A noter que malgré l’abstention de Pastef, le texte est passé grâce à la bénédiction de la majorité présidentielle en attendant la plénière prévue demain, mercredi.
Selon le texte, seront concernées par cette amnistie toutes les personnes accusées de crimes commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, arrêtées dans le cadre de manifestations ou pour des motivations politiques que leurs auteurs aient été jugés ou non. Pas de liste de noms. C’est une période qui est concernée par cette loi d’amnistie, mais Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye pourraient bien en être bénéficiaires.