Les députés ont commencé mercredi à examiner une amnistie des actes liés aux violences politiques des dernières années, texte critiqué alors qu’il est censé dissiper les tensions en pleine crise autour du report de la présidentielle.
Un vote est attendu dans la journée. Les réticences devant un projet de loi décrié comme mettant à l’abri les auteurs de faits graves, y compris des homicides, ainsi que les calculs politiques rendent l’adoption incertaine.
L’amnistie des faits liés aux troubles politiques des trois dernières années est un des éléments de réponse du président Macky Sall à la crise provoquée par l’ajournement surprise de la présidentielle.
Le président Sall a causé un choc en décrétant le 3 février le report de l’élection initialement prévue le 25 février.
Le pays est depuis dans l’attente d’une date.
Le projet de loi amnistierait « tous les faits susceptibles de revêtir la qualification d’infraction criminelle ou correctionnelle commis entre le 1er février 2021 et le 25 février 2024, tant au Sénégal qu’à l’étranger, se rapportant à des manifestations ou ayant des motivations politiques ».
Le Sénégal a connu entre 2021 et 2023 différents épisodes d’émeutes, affrontements, saccages et pillages déclenchés notamment par le bras de fer entre l’opposant Ousmane Sonko et le pouvoir. En février 2024, le Sénégal a été la proie de nouveaux troubles après l’annonce du report de l’élection.
Des dizaines de personnes ont été tuées, des centaines blessées, des centaines d’autres interpellées.
L’amnistie vise à « l’apaisement du climat politique et social », dit la présidence.
Des dizaines d’opposants pourraient recouvrer la liberté dès la publication de la loi au Journal officiel. De nombreux acteurs politiques et sociaux se dressent cependant contre le projet, s’indignant qu’aucun membre des forces de sécurité, ni aucun responsable gouvernemental n’auraient à rendre de comptes.