Apr, l’inévitable implosion !

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« Macky Sall nous a tous trahis, nous les responsables et militants du parti [Apr]. Il a fait libérer nos pires ennemis en pleine guerre [Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye] en sacrifiant son propre candidat [Amadou Ba] », glisse, en off the record, un directeur général sortant d’une grande société nationale. Il jure de « ne jamais lui pardonner » cet acte. « Pire, il nous a lâchés comme des moins-que-rien, quelques minutes après la passation du pouvoir avec son successeur pour prendre son vol, alors qu’en bon manager, il devait d’abord rassembler ses troupes, les rassurer avant de partir », a ajouté notre interlocuteur, désespéré.

Dimanche dernier, sur les ondes de la Rfm, Moustapha Diakhaté, réputé très proche de l’ex-Première dame Marième Faye Sall, a aussi pointé la « déloyauté » de son ex-mentor vis-à-vis des militants de l’Apr, de Benno et du peuple sénégalais. « Le Président Macky Sall a non seulement contribué à torpiller la candidature d’Amadou Ba, mais aussi à faire élire le candidat Bassirou Diomaye Faye, a-t-il encore martelé, mon intime conviction, c’est que Macky Sall n’a jamais renoncé à un troisième mandat ».

Des affirmations qui viennent corroborer les propos de l’ancien ministre de l’Urbanisme, Abdoulaye Saydou Sow, révélant que le patron de l’Apr voulait changer de candidat, à quelques jours de la reprise du processus électoral. « Un lundi, il [Macky Sall] m’a convoqué, m’a dit ce qu’il reprochait à Amadou et qu’il voudrait changer de candidat. Je lui ai donné mon avis, c’est-à-dire qu’il faut continuer avec Amadou parce que c’est la meilleure solution, même si je m’en remettrais à toute décision qu’il prendrait. D’abord, parce qu’il a été investi candidat, ce que rien ne pourrait remettre en cause. Il m’a dit : ‘’Je vais consulter les autres et je prendrai la décision mercredi en Secrétariat exécutif national’’ », a-t-il fait savoir sur la 7tv. « Ce jour-là, le Président m’a reçu avec Mahmout Saleh, Oumar Sarr, Benoît Sambou (…). Il y a des choses qui se sont passées entre eux (Macky et Amadou Ba) que nous-mêmes, nous ignorons. C’est à eux de l’éclairer », dira le maire de Kaffrine.

Ce n’est donc pas un hasard si, au début de la campagne, la majeure partie des ministres, directeurs généraux et responsables politiques de la défunte majorité présidentielle ont préféré ne pas soutenir le candidat Amadou Ba. C’est après la réunion du secrétariat exécutif national que Macky Sall a donné le ton pour entamer la campagne. « C’était déjà trop tard, nous siffle un cadre du parti, proche de Macky Sall. Les membres de la coalition « Diomaye Président » avaient déjà pris une longueur d’avance sur nous ». A l’en croire, beaucoup de responsables n’ont pas mouillé le maillot, parce qu’étant dans une logique d’une guerre perdue avant l’heure.

Même si, aujourd’hui, les deux hommes n’ont pas affirmé clairement leurs positions, les nombreux actes posés présagent une dualité au sommet de la galaxie marron-beige. Et la fracture se sent de plus en plus chez les militants pro-Macky et pro-Amadou. L’accueil réservé, lundi dernier, à l’ancien Premier ministre à l’Aibd après plusieurs semaines d’absence en dit long. L’actuel chef de l’opposition (arrivé deuxième à la dernière présidentielle avec plus de 35%), a donc lancé un signal fort à son mentor, Macky Sall. Il devrait, selon la presse, dévoiler ses orientations politiques, très prochainement.

« Je pense qu’il (Amadou Ba) va tenir une conférence de presse dans la semaine pour se prononcer sur son avenir politique et sur la manière dont il compte faire face au nouveau régime pour les cinq prochaines années », a déclaré Pape Amadou Sarr, ancien ministre délégué à la Der (Délégation générale à l’entrepreneuriat rapide des femmes et des jeunes). Pour lui, son ex candidat « doit assumer pleinement son rôle et sa mission et rassembler au-delà de l’Apr ». Ce « militant de la 25e heure » va-t-il quitter l’Apr ? Le ton est donné !

Et c’est pour parer à toutes ces éventualités que le chef de l’Etat sortant a vite coupé l’herbe sous les pieds du « fonctionnaire milliardaire », en indiquant clairement qu’il resterait à la tête de cette formation qu’il a portée sur les fonts baptismaux, en 2008, avant de rappeler aux membres de l’Apr l’importance de rester unis et tournés vers l’avenir, malgré « les vicissitudes de la démocratie ». Macky Sall, qui a déjà enfilé ses habits d’Envoyé spécial des 4P (Pacte de Paris pour les peuples et la planète), a semblé adopter une nouvelle forme de gestion de son parti à distance comme le fait pour le Parti démocratique sénégalais (Pds), Karim Meïssa Wade, depuis déjà quelques années. Y arrivera-t-il ? En tout cas, tout comme le Parti socialiste (Ps), en 2000, et le Parti démocratique sénégalais (Pds), en 2012, l’Apr est aux bords de l’implosion.

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