L’affaire des parrains « emportés » par Adama Adus Fall et ses camarades démissionnaires de « Diao 2024 », la coalition du candidat Mamadou Mame Boye Diao pourrait bien faire mal. Les parrains pourraient s’estimer escroqués et porter ainsi l’affaire devant les tribunaux. Il s’agit, selon le juriste-consultant El Amath Thiam, de données à caractère personnel, bien protégées par la loi. A la veille des dernières Législatives, le professeur Amsatou Sow Sidibé avait accusé Pape Djibril Fall, tête de liste de la coalition « Les Serviteurs », de vol de parrainages.C’est une bombe qu’Adama Adus Fall a larguée le mardi dernier, dans l’espace politique. Face à la presse, sans sourciller ni trembler, cet ex-collaborateur et soutien du candidat Mamadou Diao dit Mame Boye, a soutenu : « C’est le lieu de déclarer ici, devant la presse, que si demain vous entendez que Mame Boye (Diao) détient des parrainages, c’est de la rêverie. Parce que sa clé est là. C’est là où se trouve ses parrainages. Il n’en a pas. Il ne peut pas passer sur le parrainage. Il ne peut pas ». Et d’ajouter, visiblement sous le mode du chantage : « Donc, il doit revenir à la maison du père ».
Adama Adus Fall, désormais ex-Délégué régional de Dakar de « Diao 2024 », militant de l’Alliance pour la République jusqu’à la déclaration de candidature de Mamadou Mame Boye Diao, avait rejoint l’ex-DG de la Caisse des Consignations et des Dépôts. Il a rejoint le camp présidentiel avec, comme il le déclare, El Hadji Seydi, secrétaire général de la coalition «Diao 2024», Aliou Fall, délégué régional de Kaolack, Babacar Diallo, responsable à Grand-Dakar, Mamadou Bâ, délégué régional de Kaffrine, Cheikh Guèye, délégué régional de Thiès, Marème Sall, déléguée départementale de Koungheul, Boubacar Thiaré, responsable départemental des jeunes de Keur Massar et délégué communal de Yeumbeul Nord. Ces responsables déclarent tous avoir rejoint Amadou Bâ. Le camp du maire de Kolda a tout naturellement botté en touche.A commencer par le mandataire du mouvement « Sénégal Nouveau ». Il a laissé entendre dans la presse, qu’Adama Adus Fall raconte des histoires pour soutirer de l’argent au candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar. « Quel candidat sérieux remettrait la clé USB de ses parrainages à un individu qui n’est même pas membre de son directoire. Ce gars amuse juste la galerie. Je détiens la Clé USB de nos parrainages par devers moi. Et le moment venu, on saura qui est qui. Il veut juste soutirer de l’argent à Amadou Bâ », accuse Massène Guèye.
« Un tissu de mensonges », ajoute Omar Guèye, le porte-parole de la coalition Diao2024. Formel, Omar Guèye précise que cette histoire de clé n’est qu’un complot de l’État contre le candidat à la candidature Mame Boye Diao, avant d’assurer que rien ne pourra empêcher l’ancien directeur général de la CDC de participer à la Présidentielle 2024. « Ces traîtres ne disposent d’aucune fuite de parrainages, parce que nous, le travail qu’on fait, est un travail sécurisé, avec une équipe restreinte », conclut-il, péremptoire.
Si le candidat de « Diao 2024 », encore moins un de ses proches, n’a évoqué l’éventualité de saisir la justice, il ressort de l’éclairage du juriste consultant El Amath Thiam, spécialiste du contentieux des affaires, qu’Adama Adus Fall aurait dû avoir, dans cette affaire, le triomphe modeste. Les parrains floués « peuvent porter plainte auprès du procureur de la République », alerte El Amath Thiam. « Dans le cadre du parrainage, il y a une obligation entre le parrain et le mandataire chargé de recueillir les informations sur les données personnelles », précise-t-il.
« Nous savons tous qu’il y a une loi de 2000, qui a consacré la protection des données à caractère personnel. Cette loi-là a protégé le droit des parrains qui donnent ces informations à un parti politique, groupement de partis ou autres. Le parrain a le droit de savoir les raisons pour lesquelles on recueille ses données à caractère personnel, il a aussi le droit d’accéder aux informations données, il a aussi un droit de rectification en cas d’erreur, par exemple. Le droit le plus essentiel est celui à la suppression », renseigne El Amath Thiam« Ainsi, le citoyen peut renoncer au parrainage, après avoir donné les informations à caractère personnel. En cas de refus, il peut se plaindre auprès de la présidente de la Commission des données à caractère personnel, qui a la latitude, à son tour, de lui servir une mise en demeure ou alors passer à la vitesse supérieure, en saisissant le juge des référés, encore appelé juge de l’urgence », indique-t-il.
D’après le journal « Point Actu », le juge peut alors servir une ordonnance exigeant la suppression des données en question. D’ailleurs, la loi pénale protège le citoyen. « La loi sur la cybercriminalité (2016-29 du 8 novembre 2016) portant sur la protection du droit privé des personnes, donne à toute personne, la possibilité de réclamer les données qui lui sont propres. Le parrain a donc la possibilité de porter plainte auprès du procureur de la République », développe notre interlocuteur. La querelle des parrainages n’est pas une première dans l’espace politique sénégalais.
A la veille des dernières Législatives, le professeur Amsatou Sow Sidibé de Car/Lenen avait accusé Pape Djibril Fall, leader de la liste « Les Serviteurs », d’avoir volé ses parrains pour combler un gap de 2 000 parrains. « Je lui ai donné des parrains dans le cadre d’une coalition, car c’est inimaginable que je donne des parrains pour rien », avait indiqué le professeur Amsatou Sow Sidibé.
Des accusations que le journaliste avait rejetées. « Quand j’ai fait mon appel pour le parrainage, j’étais sur le terrain, elle m’a envoyé un message. N’étant pas à Dakar, je l’ai mise en rapport avec quelqu’un de mon dispositif. Elle a envoyé un émissaire rencontrer ce dernier », note le journaliste. Un règlement judiciaire avait été envisagé, mais finalement, tout s’est arrangé