Le communiqué du ministère des Finances et du Budget ne présageait rien de bon. Ça sentait déjà le coup fourré. « Conformément aux dispositions légales et réglementaires, toutes les revalorisations d’indemnités sont fiscalisées exceptée l’indemnité représentative de logement », disait le document daté du 15 mai, au moment même où les bulletins des enseignants devaient être disponibles.
Et à l’arrivé, cela s’est confirmé. Les montants versés sur les salaires des enseignants sont de loin inférieurs à ce qui a été indiqué. Il suffit de comparer les déclarations du ministre des Finances Abdoulaye Daouda Diallo au tableau numéro 11 (joint en fichier) relatif à la synthèse des augmentations des salaires des enseignants.
Pourtant, comme le rappelle Cheikh Mbow, directeur exécutif de la Cosydep, à travers un point de presse, ce jeudi, les enseignants ont été clairs dans leur demande et l’Etat a apporté une réponse sans équivoque. « Durant toutes les plénières, notamment la dernière qui a duré près de 15 tours d’horloge, les syndicats n’ont cessé de demander au gouvernement de préciser le net à percevoir après toutes les opérations fiscales. Cette question avait reçu une réponse claire de la part du gouvernement qui confirmait que les montants indiqués dans le tableau présenté étaient les nets d’impôts », dixit Cheikh Mbow.
Selon le ministre Diallo, à travers un document lu, mais non partagé (On nous fait comprendre que ce sont des données personnelles des enseignants), l’augmentation par catégorie d’enseignants se présente ainsi qu’il suit :
Pour les inspecteurs simples, l’écart des salaires nets entre les mois d’avril et mai est de 103 690 F Cfa, pour l’inspecteur en fonction, l’écart entre avril et mai est de 179 000, pour les PES (professeur d’enseignement secondaire), l’écart est de 96 474 en augmentation, pour les PES en fonction, l’écart est de 112 943 F Cfa.
98 000 de moins sur le salaire
Pour les PEM (professeur d’enseignement moyen) simple, l’écart est de 107 690 F Cfa, pour le PEM en fonction, l’écart est de 109 423 F Cfa, pour le PCEMG (professeur de collège d’enseignement moyen général) simple, c’est 108 111 F Cfa, pour le PCEMG en fonction, l’écart est de 102 474 F Cfa.
S’agissant d’un instituteur simple, l’écart est de 82 031 F Cfa, pour un instituteur en fonction, c’est 125 888 F Cfa. L’instituteur-adjoint simple gagne 46 366 F Cfa de plus et les instituteurs-adjoints en fonction, c’est 72 666 F Cfa. « Ce sont les augmentations des salaires constatées après la compilation des salaires par la Direction générale du Budget », conclut Abdoulaye Daouda Diallo.
Or, ces chiffres de la Direction du budget sont en porte à faux avec ce qui a été arrêté de commun accord, sous le regard des témoins. Dans le tableau 11 intitulé ‘’synthèse des augmentations nettes des salaires des enseignants’’, il est prévu des minimas et des maximas par catégorie en fonction des grades. L’inspecteur doit avoir au moins 204 000, au plus 265 000 F Cfa à la fin du mois de mai. Ce qui est loin des 103 690 à 179 000 indiqué par le ministre. Dans le tableau, chaque PES doit recevoir une augmentation comprise entre 143 000 et 214 000. Pour les PME, c’est entre 126 639 et 178 000, pour le PCEMG, l’écart se situe entre 124 000 et 164 000 F Cfa. Quant à l’instituteur, il doit avoir au moins 76 942 au plus 128 000 F Cfa, l’instituteur adjoint doit avoir entre 68 510 et 105 000 F Cfa.
Le problème, c’est que ce tableau n’a pas été annexé au document portant accords entre Etat et enseignants. Et c’est pourquoi l’Etat veut visiblement profiter de cette brèche pour ne pas respecter ses engagements. Mercredi, le gouvernement a partagé avec la presse le document portant accord, oubliant délibérément l’autre comportant le tableau récapitulatif.
C’est ce qui fait que quelqu’un comme Saourou Sène se retrouve avec 98 000 de moins par rapport à ce qu’il devait recevoir. Un Pes dans le Fouta qui devait avoir 160 000 se retrouve avec 100 000 F. Un autre enseignant qui attendait 178 000 F a finalement encaissé 100 000, son collègue qui devait avoir 130 000 n’a que 90 000 F Cfa. Et c’est justement ce qui a déclenché la colère des enseignants.