Subvention à la Presse : Le CDEPS dénonce une tentative « malveillante » de récupération par le ministère de la Communication
Le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de Presse du Sénégal (CDEPS) a publié un communiqué le 4 mai 2025, saluant l’appui de l’Agence de Développement et d’Encadrement des Petites et Moyennes Entreprises (ADEPME) à douze entreprises de presse, dans le cadre du Programme d’appui à l’accélération industrielle, à la compétitivité et à l’emploi (PAAICE), financé par la Banque Africaine de Développement (BAD) depuis décembre 2021. Cette subvention, issue du portefeuille « Fonds à frais partagés » de l’ADEPME, couvre 75 % du montant total, chaque entreprise devant mobiliser 25 % avant déblocage. Aucun fonds n’a encore été versé à ce jour.
Le processus, lancé en octobre 2024 avec des cabinets d’experts (Ibrahima Touré et Alioune Touré), vise à restructurer les entreprises de presse via la protection contre les créanciers, la relance des activités, la mobilisation de financements et la digitalisation. Le CDEPS voit dans cette subvention un « véritable souffle de relance » pour un secteur en crise depuis un an, et exprime sa « profonde gratitude » à l’ADEPME pour avoir reconnu les médias comme partie intégrante du tissu économique national.
Dénonciation d’une récupération malveillante
Le CDEPS dénonce néanmoins fermement une « tentative de récupération malveillante » par le ministère de la Communication, qui n’a « à aucun moment » été impliqué dans cette initiative. Il accuse le ministère, dirigé par Alioune Sall, de vouloir « manipuler l’opinion » et « discréditer les responsables d’entreprises de presse ». Le CDEPS critique également l’inaction du ministère, notamment son refus de distribuer le Fonds d’Appui et de Développement de la Presse (FADP) en 2024, reversé au Trésor public, bien que récupérable via une loi de finances rectificative. Il déplore une réforme « précipitée et unilatérale » du décret sur le FADP en 2025, sans concertation, alors que le CORED est en sommeil et que la Commission de la Carte nationale de Presse est inactive depuis plus d’un an.
Le CDEPS a déposé un recours en référé le 2 mai 2025 auprès de la Cour suprême pour suspendre les assignations de « cessation immédiate de parution ou de diffusion » ordonnées par le ministère, et prévoit d’attaquer l’arrêté ministériel sur le fond. Cette démarche fait écho à la mobilisation de la CAP, qui dénonce également les mesures répressives du ministère.
Cette subvention intervient dans un contexte de crise profonde pour la presse sénégalaise, marquée par des « assauts répétés » depuis mai 2024, comme l’a dénoncé la CAP.