Centralisation des dépenses d’investissement à la primature : le « oui…mais » des experts

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Lors du Conseil des ministres du mercredi 8 janvier 2025, le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé la mise en place d’un dispositif renforcé pour le pilotage, le suivi et l’évaluation des programmes et projets issus des 26 objectifs stratégiques et des réformes du plan quinquennal 2025-2029. Cette nouvelle donne a généré une polémique mettant en avant, selon la position des divers acteurs, les avantages ou inconvénients d’une option qui pourrait contribuer à restreindre les prérogatives du ministre des Finances. Pour certains économistes interrogés par Sud Quotidien, à l’instar de Mor Gassama et Souleymane Keita, enseignants chercheurs à l’Ucad, cette centralisation peut se révéler judicieuse dans le cadre de l’optimisation des dépenses d’investissement mais à condition de respecter certaines conditions.

La décision du Premier ministre (PM) de valider en aval toutes les dépenses d’investissement, dans un souci de rationalisation, de priorisation et d’efficience dans l’utilisation des ressources publiques, présente des avantages et des inconvénients selon les économistes. Ainsi, pour l’économiste et enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), Mor Gassama, le Premier ministre a la charge de coordonner l’action du gouvernement. De ce point de vue, la centralisation des projets d’investissement au niveau de la Primature lui permet de contrôler de près les différents projets et programmes du gouvernement, de les faire valider par ses services et d’assurer un suivi rapproché. Par cette approche, il vise une meilleure coordination pour plus d’efficacité. Ce qui constitue une bonne chose pour un gouvernement très attendu sur ses réalisations. Toutefois, il convient d’éviter les lourdeurs ou lenteurs administratives, qui pourraient faire perdre un temps précieux. À l’en croire, « la vigilance et la rigueur dans le traitement des dossiers doivent nécessairement être au rendez-vous, sinon il y aura des conséquences non désirées », a-t-il prévenu.

Centraliser pour mieux optimiser

Souleymane Keita, enseignant-chercheur à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD), estime pour sa part que la centralisation des dépenses d’investissement à la Primature s’inscrit dans la logique de gouvernance des nouvelles autorités. Ces dernières entendent gérer les deniers publics avec transparence. Cette centralisation permet une meilleure optimisation des recettes de l’État et permet à celui-ci de définir des actions concrètes et des stratégies pour maximiser les ressources financières engagées.

Toutefois, il convient de souligner que toute œuvre humaine est perfectible. Parmi les avantages, il liste entre autres : une gestion optimale des ressources et une meilleure coordination, une répartition plus équitable des investissements, ainsi qu’une amélioration de la transparence. Précis dans ses propos, il note que dans plusieurs directions, il existe des programmes poursuivant les mêmes objectifs. De ce point de vue, la centralisation est pertinente en termes d’optimisation des ressources.

Quant aux difficultés, il mentionne les capacités institutionnelles et humaines limitées, notamment le manque de cadres capables de suivre correctement le traitement des informations afférentes. De plus, la centralisation des décisions pourrait impacter négativement sur les actions en termes de temporalité. Cependant, globalement, « c’est une bonne décision, compte tenu de la nécessité qui s’impose. Pour ce faire, cela devra être bien encadré et bien coordonné pour permettre d’agir en temps réel par rapport à l’objectif recherché. »

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