Proposition d’un modèle pour faire face au déficit d’enseignants au Sénégal : le modèle Diang diangalé
Lors du conseil des Ministres du Mercredi 11 décembre 2024, le Président de la République SEM Bassirou Diomaye Faye, a soulevé la problématique du manque d’enseignants dans notre système éducatif en ces termes :
« …Abordant la problématique de la maitrise stratégique du capital humain dans le système éducatif, le Président de la République a constaté que plusieurs écoles publiques, collèges et lycées du Sénégal connaissent un déficit criard d’enseignants. Cette situation, qui s’aggrave d’année en année, est fortement liée à l’évolution exceptionnelle de la démographie scolaire et à une mauvaise gestion prévisionnelle des flux d’élèves, des emplois et des compétences dans le secteur éducatif. Il a, par conséquent, demandé au Ministre de l’Education nationale, au Ministre de la Formation professionnelle et technique et au Ministre des Finances et du Budget de finaliser dans les meilleurs délais, sous la supervision du Premier Ministre, un programme spécial de recrutement d’enseignants sur trois ans (2025, 2026, 2027), selon les spécialités et matières prioritaires ciblées. Il a, en outre, invité le Premier Ministre à accélérer la mise en œuvre du programme d’urgence de résorption des abris provisoires avec la mise à contribution des Forces armées, notamment du génie militaire, dans l’exécution diligente des travaux… »
Nous saluons les mesures d’urgence prises, à savoir le recrutement d’enseignants sur trois ans et la résorption des abris provisoires. Parallèlement à celles-ci, des réformes structurelles en profondeur pourraient être envisagées vu la persistance du problème depuis plusieurs années. En 2022, nous avions proposé le modèle Diang diangalé, basé sur une solidarité intergénérationnelle pour la transmission des connaissances et des compétences. Ce modèle permet de :
régler définitivement les grèves récurrentes ;
régler définitivement le déficit d’enseignants ;
faire de économies très conséquentes sur les budgets de l’enseignement ;
d’assurer de biens meilleurs résultats scolaires, etc.
Cf. page 3/3 pour la schématisation du modèle.
Extrait du Livre « La France à fric » : le modèle Diang diangalé
Le Sénégal, à l’instar des pays africains, se distingue par une population particulièrement jeune. Le tableau ci-dessous met en perspective cette particularité en comparant le Sénégal à la France, dont le système éducatif a fortement inspiré le nôtre.
Pays Population totale Population 5-20 ans Pourcentage de la population totale Population 25-60 ans Pourcentage de la population totale
Sénégal 18,1 6,8 37,5% 6,2 34,0%
France 68,4 12,5 18,2% 30,4 44,4%
Valeur en millions
Année de référence : 2023
Source : ANSD, INSEE
Compte tenu de ces données, il devient impératif de repenser un modèle éducatif mieux adapté ; notre structure démographique nous l’impose.
Quelques principes directeurs du modèle Diang Diangalé :
à partir d’un certain niveau scolaire d’équilibre déterminé périodiquement en fonction des besoins (input du modèle), les étudiants peuvent choisir un module (une matière) que nous pouvons appeler option « Enseignement » ou diangalé. Par exemple, un étudiant en 2e année en mathématiques peut encadrer des élèves de 5e pour les exercices, le cours étant assuré par un professeur titulaire. De même, il pourra assister le professeur titulaire sur certaines tâches comme la préparation des cours et des exercices, la correction de certains devoirs, etc. En contrepartie, l’État accorde une majoration (à déterminer périodiquement par modèle) de la bourse des étudiants ayant opté pour ce module « Enseignement » ou diangalé ;
l’adhésion est sélective, seuls les étudiants ayant obtenu d’excellentes notes seront éligibles à l’option « Enseignement » ou diangalé selon des critères qui seront clairement définis ;
L’étudiant sera évalué dans ce module. Les modalités d’évaluation seront scrupuleusement étudiées et impliqueront probablement l’appréciation du professeur titulaire, des élèves, des responsables de l’établissement, etc. ;
dans l’esprit du modèle, on veillera à ce que l’étudiant ne soit pas perturbé dans ses études supérieures. Pour cela, il faut un équilibre entre ses études (diang) et ses interventions (diangalé). Ainsi, l’étudiant intervient à temps partiel et de façon bien calculée ;
l’étudiant peut progresser à la fois dans ses études et dans ses interventions. Par exemple, un étudiant qui a opté dès la première année pour commencer les interventions parallèlement à ses études, peut progresser rapidement en devenant professeur titulaire à temps partiel alors qu’il est encore étudiant en 4e année. Cet étudiant aura plusieurs choix de carrière à la fin de sa 5e année. De plus, son choix sera basé sur une expérience.
Quelques avantages du modèle Diang diangalé :
responsabilisation et motivation des étudiants, lutte drastique contre le chômage. En plus de son impact potentiel sur le système éducatif, le modèle Diang diangalé est une véritable politique de jeunesse ;
facilitation de la mise à jour des programmes grâce à l’assistance des étudiants ;
réduction du gap intergénérationnel grâce à l’implication des étudiants dans la mise à jour des programmes compte tenu de la fraîcheur qu’ils pourraient apporter ;
formation des étudiants au management, à la communication et à toute compétence requise dans l’enseignement et utile dans la vie sociale et professionnelle ;
préparation au métier d’enseignant, qui, avec celui de la santé, font partie des plus nobles mais moins valorisés malheureusement ;
revalorisation du métier d’enseignant : chaque enseignant à un certain niveau d’expérience aura la possibilité d’avoir un étudiant assistant comme les hauts cadres (un enseignant expérimenté/un assistant) ; c’est valorisant ;
économies considérables au niveau du budget destiné l’enseignement. Ces économies pourront être réaffectées de façon bien calculée ;
allègement de la charge de travail des professeurs expérimentés avec une meilleure rémunération. Toutefois, le nombre de recrutement de nouveaux professeurs titulaires diminuera progressivement. L’esprit du modèle étant le bien-être de tous, nous proposons d’affecter une partie des économies réalisées au financement de la recherche ou de l’entreprenariat en privilégiant les professeurs pour combler leurs heures libérées. En effet, les professeurs ont une bonne connaissance du pays sur tous les plans (sociologique, psychologique, économique, etc.) ;
d’après une estimation brute, les économies réalisables grâce à ce modèle pourraient se chiffrer à plus de 100 milliards de franc CFA par an tout en assurant de meilleurs résultats scolaires.
Pour une mise en œuvre optimale et efficiente de ce modèle, il est essentiel de repenser les plans architecturaux de nos futures infrastructures éducatives, comme l’illustre le schéma ci-après :
D’autres variantes de ce schéma peuvent être adaptées à des modèles spécifiques tels que le sport/études, études/entreprise, entre autres. Enfin, d’autres aspects du système éducatif ont été abordés, à savoir la langue, le contenu, le caractère informel de notre économie qui en est un facteur de déséquilibre financier, etc.
Nous invitons vivement à des contributions constructives pour enrichir et approfondir ces propositions via le site : www.masse.sn bouton « J’envoie mon idée ».
Babacar NDIAYE
Président du Mouvement MASSE