Le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye a signé le décret fixant au lundi 2 décembre la date d’ouverture de la première session ordinaire de l’assemblée nationale nouvellement élue. A l’occasion, l’ancien président de la représentation nationale, Amadou Mame Diop va redevenir un « simple » député. Une situation inédite qui fait déjà délier les langues.
Sans nul doute, ce scénario ne laissera indifférent plus d’un à l’ouverture de la 15e législature. La deuxième personnalité de l’Etat – de 2022 à 2024 – qui laissera sa place à une autre, peut-être, un cadet, après seulement deux ans de législature.
Certes, ce ne sera pas pour la première fois que l’hémicycle vit ce genre de situation. Mais à coup sûr, les yeux seront rivés ce jour là, sur ce manitou avare de paroles. En atteste sa force de caractère tout au long de sa présidence au sein de la 14e législature.
L’ancien président de l’assemblée nationale sera obligé de partager le même banc, en sus des nouveaux, avec certains de ses collègues qu’ils dirigeaient et dont il n’hésitait pas une seule fois à rappeler à l’ordre. Parfois en faisant recours à la toute puissance du GIGN. Qui ne se souvient pas de la date du 05 février 2022, lorsque pour débuter le vote direct de la proposition de loi constitutionnelle n° 04 / 2024 qui visait à déroger aux dispositions de l’article 31 de la Constitution de la République du Sénégal, les députés de l’Opposition bloquèrent la séance ? Guy Marius Sagna et Cie qui avaient assiégé le perchoir furent balayés d’un revers de la main par la gendarmerie sur injonction d’Amadou Mame Diop.
Dire que l’ex patron de l’hémicycle va perdre tous les avantages liés à la présidence de la l’Assemblée nationale. Avantages qui auraient justifié la colère d’une de ses collègues de la mouvance d’alors. Courroucée par le choix de Macky Sall porté sur Amadou Mame Diop pour diriger la 14e législature, Aminata Touré avait mené une bataille sans merci au point d’y laisser des plumes. N’est-ce pas le président de l’Assemblée qui supplée le Chef de l’Etat en cas de vacance présidentiel, comme le stipule l’article 39 de la Constitution du Sénégal ? De ce fait, il est l’interlocuteur direct de ce dernier en cas de crise comme ce fut le cas lors du blocage de l’Assemblée nationale lié au règlement intérieur.
Outre ce contact direct avec Bassirou Diomaye Faye, il va perdre les fonds propres pour le fonctionnement de l’hémicycle et son propre cabinet, la protection de sa propre famille, l’escorte dont il bénéficiait contrairement aux autres parlementaires et l’accès réglementé à son domicile par la toute puissance publique.
A ces avantage honorifiques, Amadou Mame Diop va également voir son salaire baisser drastiquement pour être descendu du perchoir. A moins qu’il dirige un Groupe parlementaire, « Takku Wallu Sénégal« , par exemple, même s’il manque un député pour y arriver, il va devoir faire avec le statut de député simple.
Amadou Mame Diop pourrait aussi décider de ne pas siéger au sein de la 15e législature pour des raisons personnelles. Le moins que nous puissions penser, c’est qu’il risque d’être la cible de la majorité plus que qualifiée de Pastef au pouvoir en raison des antécédents lors de la précédente législature.
Tout compte fait, les députés de la mouvance pourraient choisir de dépasser ces embrouillaminis pour une assemblée de qualité et de niveau comme le préconise déjà la tête de gondole, Ousmane Sonko lors du séminaire de formation à Saly Portugal.
Ce sera tout à l’honneur du peuple sénégalais pour lequel les 165 députés se retrouvent au parlement !