Habitat au Sénégal : L’État, le secteur privé et la population ensemble pour surmonter la crise du logement

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À l’occasion de la Journée mondiale de l’habitat, un panel a réuni à Dakar des acteurs clés du secteur immobilier, des représentants des Nations Unies, ainsi que des experts locaux. Cette rencontre avait pour thème le développement urbain durable face à la problématique d’accès au logement ; quelles stratégies pour une industrialisation de la production de logement au Sénégal.

L’enseignant chercheur à l’Université Iba Der Thiam de Thiès et honorable député, Bassirou Goudiaby, intervenant lors de la session, a souligné l’importance de cette journée pour engager la jeunesse dans la réflexion sur le développement urbain. Selon lui, les économies africaines, en grande partie constituées de jeunes, doivent être impliquées dans ce processus. Bassirou Goudiaby a rappelé que l’accès aux logements demeure une problématique centrale au Sénégal. Il a exprimé sa conviction que la Journée mondiale de l’habitat servira de catalyseur pour faire avancer les discussions et mettre en place des stratégies adaptées aux réalités locales. Il a également insisté sur l’importance de l’implication des acteurs internationaux, soulignant la résolution 4202-A des Nations Unies, qui permet aux gouvernements de créer un cadre de dialogue pour réfléchir aux enjeux de l’urbanisme.

Bocar Sy, président de l’Association des banques et établissements financiers au Sénégal, représentant du secteur bancaire, a mis l’accent sur les défis liés au financement du logement, notamment pour les acquéreurs issus du secteur informel. Il a expliqué que, bien que de nombreux Sénégalais puissent payer leur logement, ils se trouvent exclus du système bancaire en raison de l’absence de revenus réguliers. Bocar Sy a également souligné l’importance de développer un parc locatif adapté aux revenus des Sénégalais, en particulier pour les jeunes et les travailleurs du secteur informel. Pour lui, l’un des grands défis réside dans la production de matériaux locaux à des prix compétitifs tout en garantissant la qualité. Il a également plaidé pour une meilleure éducation financière afin d’encourager l’épargne et l’autofinancement dans la construction de logements.

Le représentant des Nations Unies, Afrique de l’Ouest, Mathias Spal Iviero, prenant la parole à son tour, a élargi la discussion en abordant les réformes législatives et institutionnelles nécessaires pour intégrer les populations à revenus informels dans le système de crédit. Selon lui, l’État doit jouer un rôle de régulateur et non de constructeur, en facilitant l’accès au logement pour les plus démunis à travers des subventions. Il a souligné que plusieurs exemples en Afrique, tels que l’Afrique du Sud ou l’Angola, montrent que l’endettement de l’État pour la construction de logements n’est pas durable. La production locale de matériaux et l’implication d’entreprises privées spécialisées sont des solutions à envisager pour surmonter cette crise.

Face à l’urbanisation croissante, notamment à Dakar, les intervenants ont souligné l’importance d’adopter un développement urbain plus compact et écologique. Ils ont appelé à une réduction des émissions de carbone, à une meilleure gestion des infrastructures, et à l’utilisation de matériaux locaux pour des constructions durables. Cependant, ils ont également reconnu que la production locale de matériaux, bien que souhaitable, est actuellement plus coûteuse que l’utilisation de matériaux importés comme le ciment. Le défi est donc d’encourager une production locale à des coûts compétitifs tout en respectant les impératifs de durabilité. L’État, tout en jouant son rôle de facilitateur, doit travailler main dans la main avec les promoteurs immobiliers et les banques pour mettre en place des solutions viables et durables.

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