La semaine dernière, l’Assemblée nationale a validé la réactualisation de son règlement intérieur, permettant au Premier ministre Ousmane Sonko de présenter sa déclaration de politique générale. Cet exercice, qui aura lieu dans un contexte où l’opposition domine largement l’Assemblée, suscite de nombreuses interrogations. Le Dièse ne peut s’empêcher de me demander si cette initiative ne cache pas une bataille politique plus vaste et potentiellement déstabilisatrice pour notre démocratie.
Ousmane Sonko, nommé le 3 avril, arrive à ce tournant après trois mois à la Primature. Ce sera la deuxième fois qu’un Premier ministre se présentera devant une Assemblée dominée par l’opposition, la première étant Moustapha Niasse en 2000. Sonko devra non seulement présenter les grands axes de sa politique mais aussi proposer une alternative au Plan Sénégal Émergent (PSE), un héritage de l’ancien régime.
Cependant, la situation politique est loin d’être simple. La majorité Benno Bokk Yakaar, avec ses 83 sièges, est en proie à des tensions internes. Le départ de l’ancien président Macky Sall pour Marrakech a laissé un vide au sein de l’APR, compliquant la mobilisation. Les alliances politiques sont également en pleine mutation, avec des partis tels que le Parti socialiste et l’Afp cherchant à redéfinir leurs stratégies et leurs rôles dans cette nouvelle configuration.
Une motion de censure plane déjà sur cette déclaration de politique générale. Si elle est déposée et adoptée, le président pourrait dissoudre l’Assemblée nationale, plongeant le pays dans une crise politique. Depuis 1962, les motions de censure ont rarement abouti au Sénégal, sauf dans des circonstances exceptionnelles. Cependant, cette possibilité n’est pas à exclure, surtout dans le climat actuel de tensions et d’incertitudes.
Selon l’article 86 de la Constitution, une motion de censure doit être signée par au moins un dixième des députés et adoptée à la majorité absolue. L’article 87, quant à lui, permet au Président de la République de dissoudre l’Assemblée après consultation avec le Premier ministre et le Président de l’Assemblée. Ce scénario, bien que légal, serait lourd de conséquences pour notre pays.
Nous sommes à un moment charnière de notre histoire politique. Ousmane Sonko, en tant que Premier ministre, se trouve face à un défi monumental. Sa déclaration de politique générale ne sera pas seulement un discours de programme; ce sera un test de la solidité de notre système démocratique. En tant que citoyenne, j’espère que cette épreuve se déroulera dans le respect des institutions et des valeurs démocratiques qui nous unissent. Les jours à venir seront décisifs pour le Sénégal, et nous devons tous être attentifs et prêts à défendre notre démocratie, quelle que soit l’issue de cette épreuve parlementaire.