[Présidentiables 7/19] Thierno Alassane Sall, les valeurs républicaines en bandoulière !

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Candidat à l’élection présidentielle du 24 mars prochain, Thierno Alassane Sall est considéré par les observateurs de la vie politique comme un pur défenseur de la République et de ses valeurs. Ce principe, qui lui est si cher, l’a poussé à devenir, aujourd’hui, aux yeux des libéraux, le « bourreau » de Karim Wade dont il avait contesté la candidature pour raison de double nationalité.

Membre fondateur de l’Alliance pour la république (Apr), dont il fut le coordonnateur de la Convergence des cadres, Thierno Alassane Sall s’est pourtant révélé au grand public en mai 2017, quand il est sorti du gouvernement, de manière fracassante, à cause de « divergences irréconciliables » avec le président de la République, Macky Sall, autour de de l’affaire Petro-Tim et des contrats entre l’Etat du Sénégal et Total qu’il dénonçait. Cette séquence est même retracée dans son livre “Le protocole de l’Élysée. Confidences d’un ancien ministre sénégalais du pétrole”, publié en septembre 2020, aux éditions Fauves. Un ouvrage très critique de la gestion des ressources naturelles du pays depuis 2000. C’est d’ailleurs sur ces désaccords avec le chef de l’État que le technocrate quittera le Gouvernement et le parti présidentiel avant de mettre sur pied sa propre formation politique : « la République des Valeurs », avec laquelle TAS compte d’ailleurs conquérir le cœur des élections sénégalais au soir du scrutin présidentiel du 24 mars prochain. La particularité de son orientation politique peut résider dans son engagement sans faille pour la défense de la République et de ses valeurs.

Mais en réalité, le nom de son parti en dit long sur son inspiration qui n’est certainement pas étrangère à cette ambiance de piété dans laquelle il a baigné, enfant. En effet, fils d’un imam, moulé dans les valeurs islamiques dès son jeune âge, il en garde encore les empreintes, indélébiles. Son défunt père Amadou Tidiane Sall a eu à diriger les prières à la grande mosquée de Grand-Thiès.

Thierno (qui signifie aussi marabout, en langue Pulaar) a fait ses études primaires à l’école des HLM Route de Dakar, à Thiès. Il a fréquenté le lycée Malick Sy de la cité du rail, où il obtient son baccalauréat. Il est ensuite allé poursuivre ses études à l’étranger, plus précisément en Tunisie, où il s’inscrit à l’École nationale d’ingénieurs de Sfax.

Avec son diplôme d’ingénieur en télécommunications et en aviation civile, obtenu dans cet établissement tunisien, il est recruté une fois de retour au pays, à l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna), basée à Dakar. Une carrière de 22 ans qui l’a conduit jusqu’aux Comores pour, aime-t-il rappeler, lui faire payer ses prises de positions qui n’agréaient pas toujours la hiérarchie.

Il a occupé les fonctions d’auditeur de l’aviation civile pour le compte de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) en Afrique, en Europe et en Asie.

Thierno Sall, comme l’appellent affectueusement ses intimes, a aussi été chef du Département sécurité et qualité à la direction générale du Comité des ministres de l’agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (Asecna) et Directeur de la navigation aérienne de l’Agence nationale de l’aviation civile du Sénégal (Anacs).

À l’Asecna, il a passé le plus gros de sa carrière professionnelle, en occupant le poste de chef de l’Inspection technique. Ce, avant d’être nommé membre de l’équipe des 19 experts mondiaux choisis pour la mise en place de l’annexe 19 de l’Oaci (organisation de l’aviation civile internationale) sur la sécurité aérienne, Safety Management Panel (SMP).

« J’ai le net sentiment que TAS faisait de la politique par conviction », selon Abdoul Mbaye

Avec l’avènement de Macky Sall en 2012, il se voit confier la direction de l’Autorité de régulation des télécommunications et des postes (Artp), où il fait un passage éclair, d’avril 2012 à octobre 2012. Mais dès sa nomination, le Thiéssois a demandé la diminution de son salaire. Il a trouvé « anormal » qu’un directeur général d’une société nationale puisse, dans un pays comme le Sénégal; percevoir un salaire mensuel de 15 millions F Cfa.

Thierno Alassane Sall est ensuite nommé, successivement, ministre des Infrastructures et des Transports aériens, avant d’avoir en charge le portefeuille de l’Énergie de 2015 à 20217.

Réputé travailleur, rigoureux et doté d’un franc-parler certain, son passage dans ce ministère a coïncidé avec d’importantes découvertes d’hydrocarbures offshore, mais également avec le redressement de la Senelec, la société publique d’électricité. Cette période a été aussi marquée par des investissements substantiels dans la production d’énergie électrique et solaire et l’électrification rurale.

En tant que responsable des cadres de l’Alliance pour la République (APR), une de ses missions était, en même temps, de faire rayonner Thiès, mais également d’asseoir le parti présidentiel dans sa ville natale où l’opposant Idrissa Seck régnait en maître absolu.

Il ne s’est pas fait prier pour multiplier les réalisations. Selon un de ses proches qui s’est confié à l’Agence de presse sénégalaise (Aps), « à Thiès, toutes les nouvelles routes sont l’œuvre de Thierno Alassane Sall : cité Malick Sy, Sofraco, Parcelles Assainies, Grand-Thiès, l’Esplanade de la grande mosquée de Grand-Thiès, route de Diakhao, Fandène et Moussanté ».

Pour sa part, Abdoul Mbaye, ancien Premier ministre, a dit à son propos dans son ouvrage “Servir” : “Monsieur Thierno Alassane Sall est un technocrate membre influent du parti présidentiel. J’ai eu le net sentiment qu’il faisait de la politique par conviction. Je me souviens un jour lui avoir dit : quand je te vois, je regrette de ne m’être engagé en politique, car j’ai conscience qu’on peut faire de la politique dans notre pays sans vendre son âme”.

Parallèlement à ses activités politiques, l’ancien ministre milite pour le bien-être des couches défavorisées.

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