[Le Carnet d’Adama] Amadou Ba, la candidature évanescente

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On en viendrait presque à l’oublier ! Amadou Bâ est, pourtant, la victime collatérale et subsidiaire de l’opération abracadabrante visant à reporter l’élection présidentielle et à prolonger le mandat présidentiel. Depuis le Conseil constitutionnel a remis de l’ordre dans ce bazar, et si l’issue de cette crise politique demeure encore floue – la date du scrutin reste à déterminer- au moins on peut se dire que la démocratie sénégalaise ainsi que ses institutions, malmenées et outragées, restent  tant bien que mal debout.

Peut-on en dire autant de M. Ba ? Sa candidature a pris du plomb dans l’aile. Le Premier ministre, candidat de la coalition Benno Bokk Yakaar, sort considérablement affaibli de cette affaire. Entre les accusations de corruption lancées par les députés du Parti démocratique sénégalais (PDS) – reprises en coeur par des membres de l’Alliance Pour la République, son parti – et les inquiétudes dans son propre camp concernant ses réelles chances de victoire, Amadou Ba a été la victime d’une véritable campagne de sabordage. Une personnalité de l’APR, citée par Valeurs Actuelles, hebdomadaire français, l’a comparé à Édouard Balladur, ex Premier ministre français, devenu fameux à cause de sa déroute lors de la présidentielle 1995, alors qu’il partait avec les avantages des pronostics. 
 
Les partisans de l’ex ministre de l’Économie ne sont pas dupes, d’ailleurs. “Tout a été fait pour lui faire de l’ombre et entraver sa campagne”, indiquait un des ses soutiens, le journaliste Mamoudou Ibra Kane, qui dénonce “un complot ourdi contre” lui.  L’intéressé lui-même, dans son style placide, concède avoir des “adversaires” à l’APR. Et c’est tout ! 
 
Alors que sa démission a été évoquée, durant les premières heures qui ont suivi l’annonce du report, Amadou Ba est resté à son poste. L’homme, qui a le cuir tanné,  n’est visiblement pas du genre à aller au clash avec le président de la République, qui lui a servi cette candidature sur un plateau. 
 
Après avoir subi un camouflet, avalé bien des couleuvres,  il se tient coi, appliquant à la lettre le théorème de Jean Pierre Chevènement : ‘Un ministre, ça ferme sa gueule ou ça démissionne”..
 
Le candidat est tout aussi amorphe. Alors qu’il a lancé une sorte de campagne déguisée en tournée économique, dès sa désignation, ses activités politiques sont aujourd’hui gelées. Là aussi, on sent la volonté de ne pas embarrasser l’agenda du Président de la République, qui a lancé l’idée d’un dialogue pour fixer la date du scrutin. 
 
 
Voilà le gros problème de Amadou Ba : exister, affirmer sa propre individualité, dicter son tempo, face à un président sortant omniprésent. Un Président à qui il doit toute sa légitimité de candidat, lui qui n’a jamais été élu. 
 
“L’élection présidentielle est la rencontre d’un homme et d’un peuple”, a dit le général De Gaulle. Un homme et non, l’homme d’un parti. Pour conquérir le peuple, Amadou Ba devra au moins essayer de  sortir de la tutelle du Président, Macky Sall. Montrer qu’il n’est pas qu’un pâle collaborateur  à qui l’on a tout donné. Montrer en somme qu’il est un bon candidat. Mais en a-t-il simplement l’étoffe ? 
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