Pour qui travaille le Pds ?

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Le Parti démocratique sénégalais (Pds) a vu son candidat Karim Wade être recalé par le Conseil constitutionnel de la présidentielle du 25 février 2024. Depuis lors, Wade fils et ses partisans ruent dans les brancards. Le concerné promet de saisir la Cour de justice de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) alors que les députés du parti exigent l’ouverture d’une enquête pour corruption visant deux magistrats du Conseil. Le parti a aussi sorti une note pour crier à l’injustice.
 
Mais au-delà de toutes ces agitations, il y a lieu de s’interroger sur la sincérité du Pds. Karim Wade était-il réellement candidat ? Tout au long de la période préélectorale, tous les candidats des grands partis ont fait le tour du Sénégal. Certains l’ont fait tambour battant sous prétexte de récolter des parrainages ou d’effectuer des tournées. D’autres ont choisi des démarches plus discrètes.
 
Pendant ce temps, l’opinion, à commencer par les militants du Pds, n’a ni vu ni entendu Karim Wade, sauf à travers des communiqués à la provenance incertaine. Ce n’est que récemment qu’il apparaît dans une vidéo pour dénoncer son exil et promettre un retour. Mais très rapidement, la vidéo suscite débat, puisque certains affirment qu’elle a été réalisée à l’aide de l’intelligence artificielle. Ce qui pose des questions sur l’engagement de Wade et sa volonté de conquérir l’électorat.
 
Karim Wade est un candidat qui ignore le contact avec la population. Son parti a annoncé son retour des dizaines de fois, mais il n’a jamais été au rendez-vous. En plus, en déposant sa candidature en ayant la nationalité française, l’ancien ministre savait les risques qu’il prenait. C’est d’ailleurs le lieu de s’interroger sur celui qui veut diriger un pays en étant citoyen d’un autre.
 
Tout ceci laisse croire que le Pds est plus dans une comédie qu’autre chose. Le parti de Wade a renoncé à se battre sur le terrain politique. A moins que l’appareil ne soit pris en otage par Karim. Mais dans ce cas, pour quoi faire si ce n’est de conquérir l’électorat ?
 
Un boulevard à Macky en 2019
 
Aujourd’hui, il y a lieu de se demander pour qui travaille réellement le Pds. Voilà deux élections présidentielles successives où les candidatures de Karim Wade sont invalidées. La première a eu lieu en 2019. A l’époque, le Pds savait nettement que l’ancien ‘’ministre du ciel et de la terre’’ n’avait aucune chance de voir sa candidature prospérer.
 
Mais le plus curieux est l’attitude du Pds une fois la candidature de Wade fils rejetée. Pour la première fois depuis sa création, le parti de Wade est absent lors d’une présidentielle. Alors que Khalifa Sall (sa candidature aussi a été invalidée pour condamnation) et Taxawu Sénégal ont préféré apporter leur soutien à Idrissa Seck, un candidat de l’opposition, le Pds choisi de ne s’allier avec personne. Une démarche qui a sans doute ouvert le boulevard à Macky Sall. Pour avoir refusé de jouer un rôle actif lors du scrutin de 2019, Abdoulaye Wade et sa formation ont facilité à Macky Sall sa réélection.
 
En 2022, le Pds a aidé Benno de Macky Sall à se débarrasser de Mimi Touré de l’Assemblée nationale. Certains invoquent le contentieux entre Karim Wade et Mimi Touré pour justifier cette démarche. Mais l’argument ne saurait prospérer. Un parti d’opposition digne de ce nom n’affaiblit pas l’opposition pour des règlements de comptes avec un leader qui de surcroît est passé dans l’opposition. Le Pds n’a pas agi contre Mimi, mais contre toutes l’opposition. Il a donc renforcé le pouvoir.
 
Candidat invisible
 
Et d’ailleurs, depuis le protocole de Doha, le Pds n’a presque jamais gêné Macky Sall dans sa gouvernance. Certes Mame Diarra Fam a toujours fait son show à l’Assemblée nationale, mais rien que ça.  On est loin de la période des manifestations de rues et des chaudes empoignades au sein de l’hémicycle en 2013. Dans le meilleur des cas, le parti de Wade se limite maintenant à des communiqués.
 
La candidature de Karim invalidée, la position du Pds nous édifiera davantage sur sa logique. Aux dernières législatives, il s’était allié avec Yewwi. La coalition connaît une candidature plurielle. Karim et le Pds ont donc le choix entre Pastef, Taxawu ou un autre leader. Le silence serait synonyme d’un soutien inactif pour Amadou Ba, le candidat de la majorité.
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