Les défections se multiplient dans le parti d’Idrissa Seck. Après les départs de Moustapha Kadialy Badji, coordonnateur départemental de Rewmi et de Gnima Goudiaby, vice-présidente du Conseil départemental de Bignona, Badara Gadiaga, membre du Secrétariat National et de la Cellule de communication du Parti Rewmi, Idrissa Seck enregistre une nouvelle saignée. Mouhamadou Lamine Mbodji a démissionné de Réwmi ainsi que de tous les postes de responsabilité qu’il occupe.
Dans une lettre adressée à l’ex président du CESE, Idrissa Seck, l’ancien secrétaire National à la Pépinière des cadres libéraux et ancien membre Secrétariat National Rewmi explique les raisons de sa démission.
Voici in extenso sa lettre de démission
Objet : Démission
Monsieur le Président,
De l’enseignement grec suivant :
Ad Augusta per Angusta (vers de grandes choses par des voies étroites », mais aussi des préceptes du grand Cheikh Abdou Khadre Mbacke qui pense que sur les sentiers de l’accomplissement, un homme doit toujours choisir les chemins les plus ardus, je tire l’enseignement que le chemin que je me suis tracé n’a été et ne sera jamais aisé. Et mes compagnons en diront autant
Car sur le chemin du changement qu’on a voulu pour ce pays, nous avons toujours eu en bandoulière nos valeurs.
Le voyage avec le Reew-Mi n’a jamais été facile. On se rappelle des batailles médiatiques contre la désinformation dont vous étiez sujet, ou encore des luttes acharnées sur le terrain pour instaurer la démocratie.
Mais dans l’apaisant silence de nos méditations, on se rappelait plus de notre résistance à la corruption.
D’ailleurs, Alpha Diallo me rappelle souvent cette discussion tenue dans le salon d’un directeur de la Poste de l’époque : « Il était question pour le directeur de nous donner des responsabilités et de l’argent afin qu’on rejoigne les rangs beiges et marrons ».
Beaucoup n’avez pas réussi à l’époque à résister à l’appel de l’argent et d’un CDI assuré quand planait au-dessus de leurs têtes chômage et incertitude d’un avenir douteux, mais ce ne fut point notre cas.
Nous avons dit non.
Je me rappelle encore de cette proposition d’un ministre qui en 2022 fraichement installer m’a dit : dit moi ce que tu veux Mouhamed en termes de responsabilités et je te le donne, mais tu viens avec moi.
Dire non à toutes ces propositions ainsi qu’à d’autres était notre façon de porter en vertus la parabole citée plus haut. Oui nous nous sommes fait violence en choisissant les sentiers les plus ardus.
Pendant treize ans, j’ai suivi ces sentiers, 13 ans à me battre pour défendre un idéal, à concourir pour faire rayonner ce pays à travers le projet que porte un homme. Certains en n’ont fait plus, d’autres moins mais toujours est-il qu’il ne faut pas se rappeler des soubresauts et autres désillusions vécus, mais juste se remémorer des moments de sacrifices, de dévotions…
Ce n’est pas dire qu’en soit, que c’est la fin, bien loin de là, mais juste préciser que pour nous, servir n’est pas une option mais une voie pour atteindre la seigneurie.
Petits traits d’histoire, petits traits de valeurs, de raisons mais aussi petits traits de vérités et de défis qui s’ouvrent à ma personne en vous faisant part de ma décision de quitter le parti Rewmi.
Une décision pareille n’est jamais chose aisée surtout quand l’on se montre mélancolique de toutes ces choses vécus, de toutes ces choses partagées avec des amis, mais à l’appel du destin, nul ne peut échapper.
C’est cet appel d’une jeunesse qui a soif de changements, d’une jeunesse qui se perd dans les tréfonds de l’océan et qui pourtant, ne demande rien d’autre qu’un mieux-être.
C’est l’appel de cette même jeunesse qui dans son pari pour la réussite se bute souvent au vent froid des océans qui comme Léviathan lui ôte ce qu’il avait de plus précieux : sa pauvre vie.
Dans les ventres de l’atlantique ou dans les braises du Sahara, rêves et désespoir gagnent les ténèbres où s’enfuissent ces âmes jeunes en quête de vie meilleur.
Alors, j’ai décidé de répondre à l’appel des miens, j’ai décidé de répondre à l’appel du petit Gorgorlu qui parcours les rues de Dakar pour s’assurer des bénéfices frôlant le seuil de pauvreté, j’ai décidé de répondre à l’appel du chômeur, de l’oublier du système qui erre sans avenir dans le pays de ses aïeux, de l’entrepreneurs qui a essayé milles et un métier, en sommes, j’ai décidé de répondre à l’appel des plus de 70% de la population.
Le sentier n’en sera que plus ardus mais le service n’en sera encore que plus seigneuriale. Car, de ce qui reste de ce parcours une chose demeure : « servir est la station la plus haute de la seigneurie ».
Alea jacta Est (le sort en est jeté).
Alors sur ces mots, je partage avec l’opinion ainsi qu’avec mes anciens collaborateurs de ma décision de quitter le parti rewmi.
Salutations distingués.